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vous plonge en son acte 2 sur le Dahomey d’alors et Bénin d’aujourd’hui, au
cœur des périodes tumultueuses, que ce petit Etat de l’Afrique Occidentale
française, a connues. Des réformes aux élections de 1945-1947, elle vous amène
aux élections du premier président
Hubert K. Maga, le 26 juillet 1960.
Les réformes et les
élections de 1945-1947
Par trois décrets publiés en août et en septembre
1945, le gouvernement provisoire fixe à soixante-trois le nombre de députés
pour l’outre-mer sur un total de cinq cent vingt-deux. Le double collège est
généralisé, le premier regroupant les citoyens français et le second les sujets
de l’empire français. Le
scrutin est uninominal à deux tours, le Dahomey et
le Togo forment une seule
circonscription qui obtient deux sièges.
Dès le premier tour des élections le 21 octobre
1945, Sourou Migan Apithy, le
candidat des Comités électoraux, remporte le siège du second collège en
arrivant largement en tête devant sept candidats. Le siège au premier collège
sera aussi remporté par un candidat des Comités électoraux, le
révérend-père Francis Aupiais, élu
lors du second tour le 4 novembre. Mais cette victoire des Comités électoraux,
présentant un front uni face aux échéances électorales à venir, n’a été
possible qu’en évitant d’afficher une orientation politique claire.
Ainsi, Apithy s’inscrit dans le
groupe de la Section française de
l'Internationale ouvrière (SFIO) au Palais Bourbon, alors qu’Aupiais s’inscrit au Mouvement républicain populaire (MRP). Le décès de ce dernier, dans la nuit du 14 au 15
décembre, entraîne une élection partielle le 10 février 1946. Seul candidat, le
révérend-père Jacques Bertho est élu au premier collège et s’inscrit à son tour
au MRP. La Constituante abolit le travail obligatoire le 11
avril (Loi Houphouët-Boigny), étend le code pénal métropolitain aux colonies le
30 avril et accorde le 7 mai la citoyenneté française « à tous les
ressortissants des territoires d’outre-mer sans qu’il soit porté atteinte au
statut personnel » (Loi Lamine Guéye). Mais
le référendum du 5 mai, dont le vote a été limité au premier collège, est
rejeté.
Une nouvelle élection législative est organisée le 2
juin. Sourou Migan Apithy et
Jacques Bertho sont, dès le premier tour, élus député. Le 13 octobre 1946, la
Constitution de la Quatrième République est adoptée par référendum, encore limité au
premier collège.
Localement, les structures politiques s’organisent et
les premières oppositions commencent à voir le jour. Au niveau fédéral, l’année
1946 est marquée par le congrès fondateur du Rassemblement démocratique
africain (RDA) à Bamako (Soudan français, actuel Mali).Sourou Migan Apithy, Emile
Derlin Zinsou et Louis-Ignacio Pinto forment la délégation du Dahomey. Apithy est élu vice-président du nouveau parti et signe
le manifeste, alors que Pinto est élu président de la Commission de politique
générale. Mais, Zinsou refuse le poste de secrétaire général mettant en cause
l’affiliation du RDA au Parti communiste français (PCF), seul
parti métropolitain invité à Bamako. Si la position de Zinsou est soutenue par la
majorité des membres du Comité directeur des Comités électoraux, l’importance
prise par Apithy, qui est élu à la première législature de la Quatrième République le 10 novembre, limite les moyens de pressions à
son encontre. D’autant que les Comités électoraux ont perdu le monopole de
l’espace politique dahoméen avec le départ de certains de ses membres et la
création le 7 décembre du Bloc Populaire Africain (BPA) mené par Emile Poisson et Justin
Ahomadégbé.
Juste avant les élections au Conseil général, les
Comités électoraux se transforment en un parti politique qui prend le nom
d’Union progressiste dahoméenne (UPD). Très bien implantée, l’UPD obtient la
majorité des sièges au Conseil général du Dahomey le
15 novembre 1946.
Une série d’élections, tout au long de l’année 1947, permet la désignation par le Conseil général des représentants du Dahomey au Conseil de la République, au Grand conseil de l’AOF et à l’Assemblée de l’Union française. En janvier, Emile Poisson (BPA) pour le premier collège et Louis-Ignacio Pinto (UPD) pour le second collège sont élus conseillers de la République. Puis en septembre, c’est l’élection de Sourou Migan Apithy (UPD), de Justin Ahomadégbé (BPA), de Pierre Bartoli (UPD), d’Hubert Maga (UPD) et de Gaston Nègre (UPD) au Grand conseil de l’AOF. Enfin, en novembre, deux membres de l’UPD, Emile Derlin Zinsou et Paul Hazoumè, sont élus à l’Assemblée de l’Union française.
Une série d’élections, tout au long de l’année 1947, permet la désignation par le Conseil général des représentants du Dahomey au Conseil de la République, au Grand conseil de l’AOF et à l’Assemblée de l’Union française. En janvier, Emile Poisson (BPA) pour le premier collège et Louis-Ignacio Pinto (UPD) pour le second collège sont élus conseillers de la République. Puis en septembre, c’est l’élection de Sourou Migan Apithy (UPD), de Justin Ahomadégbé (BPA), de Pierre Bartoli (UPD), d’Hubert Maga (UPD) et de Gaston Nègre (UPD) au Grand conseil de l’AOF. Enfin, en novembre, deux membres de l’UPD, Emile Derlin Zinsou et Paul Hazoumè, sont élus à l’Assemblée de l’Union française.
1948-1952
La vie politique dahoméenne est rythmée par les
sessions du Conseil général et par les échéances électorales. Mais
l’éloignement des élus les plus influents dans les assemblées fédérales et
nationales, que ce soit à Dakar ou à Paris, entraîne sa léthargie le reste du temps.
Première épisode électoral durant cette période,
l’élection en novembre 1948 par le Conseil général de deux nouveaux conseillers
de la République, Albert Marescaux du Rassemblement du peuple français (RPF) pour le premier collège et Louis-Ignacio
Pinto (UPD) pour le second collège. Mais Albert Marescaux, fonctionnaire en
poste au Dahomey, est
invalidé le 25 janvier 1949. Une élection partielle permet l’élection d’Emile
Poisson (BPA) le 27 février.
En mai 1951, la circonscription du Dahomey obtient
un second siège à l’Assemblée nationale. Mais
l’instauration d’un scrutin par liste provoque une double rupture au sein de
l’UPD. Sa direction tente de mettre à l’écart Apithy jugé incontrôlable en le plaçant second sur la
liste. Mais il refuse, quitte l’UPD et lance une liste indépendante dite
"d’Union Française" dont il est à la tête. Puis, c’est au tour de la
majorité des membres de l’UPD originaire du Nord de faire sécession, leur
demande d’une place pour l’un des leurs ayant été refusée par le Comité
directeur. Le 17 juin 1951, Hubert Maga (liste du Groupement
ethnique du Nord Dahomey, GEND) et Sourou Migan Apithy (liste
d’Union Française) sont élus députés à la deuxième législature de la Quatrième République. Le premier s’inscrit aux Indépendants d’Outre-mer
(IOM) alors que le second s’inscrit aux indépendants et paysans d'action
sociale (IPAS), marquant
ainsi sa rupture avec les IOM dont il était l’un des fondateurs.
En
septembre, Apithy fonde son propre
parti, le Parti républicain du Dahomey (PRD), en vue des élections à
l’Assemblée territoriale amenée à remplacer le Conseil général. La très large
victoire du PRD et l’implantation réussie du GEND lors de ces élections le 30
mars 1952 mettent en péril l’existence de l’UPD. D’autant qu’un mois plus tard
lors des élections pour les représentants du Dahomey au Grand
conseil de l’AOF, aucun candidat de l’UPD ne parvient pas à se faire
élire. Cette élection voit la victoire de Justin Ahomadégbé (BPA), Sourou Migan Apithy (PRD),
Jacques Bertho (non-inscrit), Robert-Henri Chaux (non-inscrit) et Hubert Maga (GEND).
1953-1957
Moribond, l’UPD reçoit le coup de grâce le 10 octobre
1953 lors de la désignation des représentants du territoire pour l’Assemblée de
l’Union française. Une
alliance UPD/BPA a été conclue afin de barrer la route au PRD qui pour
l’occasion s’était allié avec le Mouvement Démocratique du Dahomey (MDD), un
nouveau parti créé par Hubert Maga pour succéder au GEND
qui était menacé d’éclatement. La défaite de la paire Zinsou/Ahomadégbé (UPD/BPA)
face au tandem Hazoumè Deroux (PRD/MDD) met un point final à l’UPD et entame
gravement le futur du BPA. Emile Derlin Zinsou parvient cependant à se faire
élire conseiller de la République en juin 1955 en se présentant sans étiquette
au premier collège et, en bénéficiant des voix des indépendants et du RPF. Le
candidat du PRD, Maximilien Quenum, est élu au second collège.
La fin de l’UPD, l’historique parti national, et les
difficultés du BPA, dont la base électorale se situe dans le sud-ouest du Dahomey,
semblent laissé apparaître la double domination du PRD pour le sud et du MDD
pour le nord. La victoire des leaders de ces deux partis, Sourou Migan Apithy pour
le PRD et Hubert Maga pour
le MDD, aux élections législatives du 2 janvier 1956 tend à le démontrer. D’autant
que l’Union démocratique dahoméenne (UDD), le nouveau parti destiné à succéder
à l’UPD et au BPA, se déchire six mois après sa création sur la question de
l’affiliation au RDA, donnant naissance à une tendance pro-RDA menée par Justin Ahomadégbé et une tendance
anti-RDA menée par Emile Derlin Zinsou et Alexandre
Adandé.
Le 31 mars 1957, les élections à l’Assemblée
territoriale donnent une large victoire au PRD qui obtient la majorité des
sièges. L’UDD arrive en deuxième position, suivi du MDD. Mais ce dernier
bénéficie du ralliement d’indépendants qui fait de ce parti l’incontestable
deuxième force politique du Dahomey. Cela se confirme le 15 mai avec les
élections des représentants du territoire au Grand conseil de l’AOF et l’échec
des candidats UDD. Jean Agier, Michel Ahouanmènou et Valentin Aplogan Djibodé
sont élus pour le PRD, alors que Mama Arouna et Pedro Boni Salifou
sont élus sur la liste Entente Nord-Dahomey, qui regroupe le MDD et la mouvance
Jeunesse et progrès.
Le 17 août, le MDD devient le Rassemblement
démocratique dahoméen (RDD). Le but de ce changement étant de créer une force
politique unique pour tout le nord du pays et, de faire taire les divergences
qui se sont exprimées lors des élections à l’Assemblée territoriale et au Grand
conseil. La peur d’un sud plus peuplé et plus riche est le ciment d’un espace
nord pourtant composé de territoires aux histoires et aux cultures très
diverses. La personne d’Hubert Maga apparaît comme
rassembleuse d’autant que, cas unique dans l’histoire dahoméenne, il est nommé
à un poste ministériel le 18 novembre et devient le véritable pendant de Sourou Migan Apithy qui
a été élu le 27 mai vice-président du Conseil de gouvernement du Dahomey (le
gouverneur est président de droit) en application de la Loi-cadre dite Gaston Defferre.
1958-1960
Le 28 septembre 1958, le Dahomey vote
oui au référendum instituant la Communauté française. La République du Dahomey est proclamée le 4 décembre et Sourou Migan Apithy devient
président du Conseil de gouvernement. Il bénéficie d’une très large majorité
avec le Parti progressiste dahoméen (PPD), fondé en mars 1958, et rassemblant
le PRD, le RDD et d’anciens membres de l’UDD qui se sont opposés à
l’affiliation au RDA. Mais le 17 janvier 1959, la création de la Fédération du Mali à
laquelle participent des parlementaires du PPD, provoque son éclatement. Maga
et Apithy s’opposent au projet de la Fédération et reconstituent leurs partis
respectifs, le RDD et le PRD. C’est donc en ordre dispersé que se déroulent les
élections à la première Assemblée nationale dahoméenne, les 2 et 23 avril 1959.
L’entre-deux tours est marqué par la démission de leurs postes ministériels
d’Alexandre Adandé, de Louis-Ignacio Pinto et d’Emile Derlin Zinsou qui
entendent montrer leur attachement à la Fédération. Mais aucun parti n’obtient
la majorité à l’issue des élections qui donnent vingt-huit sièges au PRD,
vingt-deux au RDD et vingt à l’UDD-RDA. Un gouvernement d’union nationale est
donc formé avec Sourou Migan Apithy à sa tête. Le RDD apparaît cependant comme
le véritable arbitre de la scène politique dahoméenne entre Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadégbé dont
l’alliance est impossible du fait d’anciennes rancœurs personnelles.
Le 21 mai 1959, Apithy démissionne. Avec le soutien des élus de
l’UDD-RDA, Hubert Maga le
remplace. Pressé par l’aile gauche de son parti, il propose même la fusion à
l’UDD. Ahomadégbé refuse et les ministres de l’UDD décident finalement de
quitter le gouvernement en décembre 1959. Sans majorité, Maga parvient tant bien
que mal à se maintenir. L’élection à la présidence de la République du Dahomey entraîne la formation le 9 mars 1960 du Parti
des nationalistes du Dahomey (PND) qui regroupe le PPD de Zinsou et le PRD
d’Apithy. Mais soucieux de barrer la route au PPD, l’UDD-RDA soutient la
candidature d’Hubert Maga qui
est élu premier président du Dahomey le
26 juillet 1960 et qui proclame l’indépendance du Dahomey le
1er août de cette même année en présence de Louis Jacquinot, qui représente la France.
Réalisation Patrick Hervé YOBODE (Source Wikipedia)
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