« La diminution des impôts encourage les sponsors à investir dans le secteur du cinéma brésilien »
Foulant le sol béninois pour la première fois, la
Brésilienne Emi Koide, marraine du festival Lagunimages 2013, nous parle
du cinéma de son pays. C’était à l’occasion d’un diner de bienvenu, donné dans
le cadre de la 7ème édition du festival
Vous êtes la marraine de la septième
édition du festival thématique de cinéma « Lagunimages », vos
impressions?
Je suis Emi Koide, professeur à la faculté de
communication et des arts de l’université de São Paulo. J’ai été très contente
et ravie de rentrer en conversation avec la Directrice du festival qui est
Lili. Entre temps, j’avais travaillé en Belgique avec l’ancienne
directrice du festival Lagunimages, je veux nommer Monique Phoba. Il faut
avouer que c’est la première fois que je viens en Afrique et le Bénin est mon
premier pays de collaboration.
Quel sera votre contribution professionnelle pour la
réussite de ce festival ?
Déjà, j’ai une conférence débat qui
portera sur le thème: « périphérie au centre dans la production
cinématographique Brésilienne, une histoire de continuité et de
ruptures ». Au cours de celle-ci, je présenterais des films brésiliens
relatifs à la thématique de cette édition de Lagunimages intitulée :
« cinéma et cultures urbaines ».
La production et la distribution de films
au Brésil rencontrent-elles des difficultés ?
Il faut dire que le cinéma Brésilien
rencontrent quelques difficultés, mais grâce à la diminution des impôts et
taxes, les sponsors sont encouragés à investir dans le secteur. Des appels à
candidature pour la pour la production de films favorisent quantitativement la
fabrication de films.
Pour avoir suivi les films de Raoul Peck,
vous vous intéressez à l’histoire postcoloniale de la république
démocratique du Congo (RDC). Pourquoi ?
Emi Koidé |
La RDC est un pays africain où la lutte
pour l’indépendance a beaucoup influencé le vécu des congolais. L’Idée pour moi
est de reprendre la production des réalisateurs avec un langage atypique. Par
exemple, le film de Patrick Lumumba m’a beaucoup inspiré. Je constate que les
débats de l’histoire mondiale et panafricaine sont très riches.
Que retenir de la genèse du cinéma
brésilien ?
Le cinéma brésilien date de la fin du XIXe siècle, peu
après l’invention des frères Lumière, la projection d’un film a lieu à Rio de Janeiro le 8 juillet 1896. Un an plus tard,
une salle de cinéma permanente existait déjà à Rio. Les premiers films
brésiliens sont créés dès 1897. Le film Vista da baia da Guanabara (Vue de la
baie de Guanabara) est tourné en 1898 par l’italien Alfonso Segreto à
son retour d’Europe à bord du bateau « Brésil » et présenté le 19 juin, jour
considéré depuis comme le jour du Cinéma brésilien, quand bien même l’existence
de ce film reste incertaine.
En 1908, il existe une vingtaine de salles de cinéma
à Rio dont la plupart possède sa propre équipe de tournage. Les films dits
« posés » se développent ensuite au Brésil. Ils sont
généralement réalisés par des petits propriétaires de salles de cinéma de Rio
et São Paulo et reconstituent des crimes récents.
À partir de 1909 apparaissent les films « chantés », qui sont doublés en direct
par les acteurs depuis l’arrière de l’écran. Les adaptations d’œuvres
littéraires se généralisent dès 1911. À partir de 1916, des « ciné-journaux »
sont élaborés et sont diffusés de manière hebdomadaire. Ils présentent des
images de football, de carnaval, de fêtes, d'inaugurations, de politique... La
comédie Acabaram-se otários (1929) de Luiz de Barros est
le premier film parlant brésilien. Au début des années 1930, le cinéma
brésilien passe par une rapide phase de prospérité alors que les films en
provenance d'Hollywood ont des difficultés à entrer sur le
marché brésilien Petit à petit la domination d'Hollywood se renforce. Les
distributeurs de films hollywoodiens au Brésil investissent beaucoup dans la
publicité et les équipements de son pour le cinéma. Les films brésiliens
s'inspirent de plus en plus du cinéma hollywoodien et les brésiliens
vantent son esthétique, son rythme moderne. Durant les années 1950, sous
l'influence du courant néo-réaliste italien, le cinéma brésilien tente de se
remettre en question devant la menace hollywoodienne Le Cinéma Novo est
découvert par une partie significative de la jeunesse brésilienne. Il s'agit
d'un mélange de néo-réalisme italien et de Nouvelle Vague française. Une
nouvelle génération de cinéastes réagit à cette situation politique de manière
très radicale, avec un cinéma marginal, à l'esthétique volontairement dégradée,
appelé « udigrudi », en référence au mouvement de contre-culture américain des
années 1960, le mouvement underground. La crise économique du
pays en 1982 fait que la population brésilienne n'a pas les moyens
d'aller au cinéma et que la production des films chute, on constate néanmoins
dès 1995 une certaine reprise du cinéma brésilien.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
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