mercredi 11 décembre 2013

Le professeur Emi Koide, Marraine du festival Lagunimages 2013, au sujet du cinéma brésilien


« La diminution des impôts encourage les sponsors à investir dans le secteur du cinéma brésilien »

Foulant le sol béninois pour la première fois, la Brésilienne Emi Koide, marraine du festival Lagunimages 2013, nous  parle du cinéma de son pays. C’était à l’occasion d’un diner de bienvenu, donné dans le cadre de la 7ème édition du festival

Vous êtes la marraine de la septième édition du festival thématique de cinéma « Lagunimages », vos impressions?

Je suis Emi Koide, professeur à la faculté de communication et des arts de l’université de São Paulo. J’ai été très contente et ravie de rentrer en conversation avec la Directrice du festival qui est Lili. Entre temps, j’avais travaillé en Belgique avec  l’ancienne directrice du festival Lagunimages, je veux nommer Monique Phoba. Il faut avouer que c’est la première fois que je viens en Afrique et le Bénin est mon premier pays de collaboration.

Quel sera votre contribution professionnelle pour la réussite de ce festival ?

Déjà, j’ai une conférence débat qui portera sur le thème: « périphérie au centre dans la production cinématographique Brésilienne, une histoire de continuité et de ruptures ». Au cours de celle-ci, je présenterais des films brésiliens relatifs à la thématique de cette édition de Lagunimages intitulée : « cinéma et cultures urbaines ».

La production et la distribution de films au Brésil rencontrent-elles des difficultés ?

Il faut dire que le cinéma Brésilien rencontrent quelques difficultés, mais grâce à la diminution des impôts et taxes, les sponsors sont encouragés à investir dans le secteur. Des appels à candidature pour la pour la production de films favorisent quantitativement la fabrication de films.

Pour avoir suivi les films de Raoul Peck, vous vous intéressez à  l’histoire postcoloniale de la république démocratique du Congo (RDC). Pourquoi ?
Emi Koidé
La RDC est un pays africain où la lutte pour l’indépendance a beaucoup influencé le vécu des congolais. L’Idée pour moi est de reprendre la production des réalisateurs avec un langage atypique. Par exemple, le film de Patrick Lumumba m’a beaucoup inspiré. Je constate que les débats de l’histoire mondiale et panafricaine  sont très riches.

Que retenir de la genèse du cinéma brésilien ?

Le cinéma brésilien date de la fin du XIXe siècle, peu après l’invention des frères Lumière, la projection d’un film a lieu à Rio de Janeiro le 8 juillet 1896. Un an plus tard, une salle de cinéma permanente existait déjà à Rio. Les premiers films brésiliens sont créés dès 1897. Le film Vista da baia da Guanabara (Vue de la baie de Guanabara) est tourné en 1898 par l’italien Alfonso Segreto à son retour d’Europe à bord du bateau « Brésil » et présenté le 19 juin, jour considéré depuis comme le jour du Cinéma brésilien, quand bien même l’existence de ce film reste incertaine.

En 1908, il existe une vingtaine de salles de cinéma à Rio dont la plupart possède sa propre équipe de tournage. Les films dits « posés »  se développent ensuite au Brésil. Ils sont généralement réalisés par des petits propriétaires de salles de cinéma de Rio et São Paulo et reconstituent des crimes récents. À partir de 1909 apparaissent les films « chantés », qui sont doublés en direct par les acteurs depuis l’arrière de l’écran. Les adaptations d’œuvres littéraires se généralisent dès 1911. À partir de 1916, des « ciné-journaux » sont élaborés et sont diffusés de manière hebdomadaire. Ils présentent des images de football, de carnaval, de fêtes, d'inaugurations, de politique... La comédie Acabaram-se otários (1929) de Luiz de Barros est le premier film parlant brésilien. Au début des années 1930, le cinéma brésilien passe par une rapide phase de prospérité  alors que les films en provenance d'Hollywood ont des difficultés à entrer sur le marché brésilien Petit à petit la domination d'Hollywood se renforce. Les distributeurs de films hollywoodiens au Brésil investissent beaucoup dans la publicité et les équipements de son pour le cinéma. Les films brésiliens s'inspirent de plus en plus du cinéma  hollywoodien et les brésiliens vantent son esthétique, son rythme moderne. Durant les années 1950, sous l'influence du courant néo-réaliste italien, le cinéma brésilien tente de se remettre en question devant la menace hollywoodienne Le Cinéma Novo est découvert par une partie significative de la jeunesse brésilienne. Il s'agit d'un mélange de néo-réalisme italien et de Nouvelle Vague française. Une nouvelle génération de cinéastes réagit à cette situation politique de manière très radicale, avec un cinéma marginal, à l'esthétique volontairement dégradée, appelé « udigrudi », en référence au mouvement de contre-culture américain des années 1960, le mouvement underground. La crise économique du pays en 1982  fait que la population brésilienne n'a pas les moyens d'aller au cinéma et que la production des films chute, on constate néanmoins dès 1995 une certaine reprise du cinéma brésilien.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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