mercredi 27 novembre 2019

Projections et critiques d'œuvres cinématographiques

Arcade Assogba initie “Les COURtS du soir”

Le Centre Culturel Artisttik Africa a abrité le jeudi 21 novembre 2019, une conférence de presse. Animée par Arcade Assogba, Réalisateur béninois initiateur des Smartfilms, cette rencontre avec la presse et les Critiques de Cinéma béninois avait pour objectif de dévoiler une autre de ses trouvailles qui révolutionnera le monde du 7ème art au Bénin. Il s’agissait pour Arcade Assogba d’entretenir les Critiques de Cinéma sur son initiative ‘’Les COURtS du soir'' et d'en profiter pour projeter ses films courts métrages ‘’La Traversée'' et ‘’ZanKlan’’ en avant première afin que le débat s'instaure et que s’installe le concept ‘’Les COURtS du soir''. 

Si pendant longtemps le 7ème art béninois est resté sans vie, le temps qui passe voit naître un engouement autour du cinéma et des jeunes gens férus de la choses se donnent à fonds pour redorer son blason. Des écoles, il en existe au moins deux actuellement au Bénin qui forment des gens dans tous les compartiments de l'art cinématographique. Ces jeunes réalisateurs et cinéastes dans la vision de faire bouger les lignes, produisent des œuvres qui manquent de cadre de diffusion. Dans le même temps certains jeunes gens béninois qui adorent le 7ème art mais qui n'ont pas les moyens, manquent eux aussi de cadre pour se faire former ne se reste que sur le tas. 
Arcade Assogba

Il fallait alors innover et pour ça Arcade Assogba a trouvé la formule juste. Il vient d'initier un Ciné Club qui sera suivi de débats houleux. C'est ce qu’il appelle ‘’Les COURtS du soir'' qui se veut être ce creuset qui réunit en une heure trente minutes, des professionnels du monde cinématographique, journalistes, Critiques de cinéma, des réalisateurs, des cinéastes, bref des gens avertis autour des courts métrages de jeunes réalisateurs béninois. Des films qui seront projetés dans des conditions optimales au Centre Culturel Artisttik Africa au quartier Agla à Cotonou et autour desquels il sera instauré un débat vif en présence des réalisateurs concernés qui se chargeront de répondre aux questions des professionnels et cinéphiles. 
‘’Les COURtS du soir'' serviront pour atteindre plusieurs objectifs, dont notamment celui de ramener les béninois dans les salles de cinéma, celui qui permettra aux réalisateurs de voir leurs œuvres diffusées, mais surtout celui d'un débat professionnel poussé autour des œuvres qui ne feront que davantage aguerris les réalisateurs pour des œuvres de qualité ; il permettra également aux passionnés du cinéma qui n'ont pas les moyens de se faire former dans une écoles, d’acquérir les notions recommandées au 7ème art, etc. 

Et comme le dit si bien l'adage, «la charité bien ordonné commence par soi-même», les journalistes et Critiques de cinéma présents sur cette conférence de presse ont eu droit à la projection de deux courts métrages de l’initiateur des COURtS du soir. Il s’agit de ‘’La Traversée'' qui est un Smartfilm de Arcade Assogba tournée sur la lagune entre le quartier Midombo et le Marché Dantokpa. En effet, le Réalisateur Arcade Assogba montait pour la toute première fois dans une barque motorisée en direction de Midombo pour le Marché Dantokpa. Cette première traversée lui inspire une vidéo avec son smartphone pour immortaliser ces moments. 

Très rapidement, cette idée de constituer un souvenir familial se transformera en une idée originale de Smartfilms. ‘’La Traversée’’ sera donc conservée en l'état, mais subira une touche pour la musique de fond. Une idée banale au départ, mais qui s’est révélée par la suite originale, puisque ‘’La Traversée’’ a déjà été sélectionnée sur plusieurs festivals dont notamment le Festival des Cinémas Différents de Paris où le film a été très apprécié, projeté en avant première sur le Festival International de Cinéma Numérique de Cotonou en novembre 2018, le Festival Gorée Cinéma au Sénégal, etc. Quand à son film ‘’ZanKlan’’, il a été sélectionné sur le Festival International de Courts métrages Dakar Courts prévu du 09 au 14 décembre 2019.

Et comme le veut le concept, ‘’Les COURtS du soir’’, Arcade Assogba s’était prêté aux multiples questions des professionnels du 7ème art, des journalistes et Critiques de cinéma, auxquelles il a fourni des réponses adéquates.

Patrick Hervé YOBODE



MASA FESTIVAL 2020

Voici les artistes et groupes d'artistes retenus

(Le Bénin sera présent en danse, musique, arts du cirque et marionnette)

C'est officiel, la liste des artistes et groupes d'artistes retenus pour le compte du MASA Festival 2020 est connue. Ils sont 44 artistes et groupes d'artistes provenant de 15 pays africains et de la Diaspora à être sélectionnés pour prendre part à la 11ème édition du Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (MASA), dans son volet festival. 

Ainsi en a décidé le Comité Artistique National (CAN) réuni à Abidjan du 11 au 12 novembre 2019, pour étudier les 208 dossiers de candidatures à eux adressés. Après une étude minutieuse et avec savoir faire, les experts du Comité Artistique National ont rendu public le résultat de leurs travaux. Et suite à cela, une liste de 44 artistes et groupes d'artistes se dégage. Les 44 artistes et groupes d’artistes retenus sont répartis comme suit : 5 artistes en Slam, 2 en humour, 1 en conte, 21 groupes d’artistes en musique, 8 en danse, 6 en théâtre et 1 en arts du cirque et de la marionnette. 

Le Bénin tire son épingle du jeu en se faisant représenter dans cette liste officielle par la Compagnie Divines Marionnettes dans son spectacle ‘’Toro, au royaume des animaux’’ ; en danse c'est l’Association Leaders Solidaires de Madédjonon/Les Petit'Art. Dans la catégorie musique, c'est Laurent Hounsavi qui représentera le Bénin, sur cette 11ème édition du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan, prévue pour se tenir du 07 au 14 mars 2020 autour du thème «L’Afrique-Monde».

Patrick Hervé YOBODE

Entretien avec Arcade Assogba à propos de son film ‘’ZanKlan''

«Le fond de ce récit cinématographique est un Ying-yang subtil»


Le monde du 7ème Art béninois a de bons jours de lui. L'espoir renaît grâce aux jeunes passionnés du cinéma qui font bouger les lignes afin de redorer le blason du cinéma du Bénin. Dans leurs rangs, on retrouve un jeune dont la polyvalence étonne plus d'un. Son expérience immense malgré son jeune âge fait de lui, une personne très sollicitée. Il est partout à la fois et sa suractivité ne le pousse point à la défaillance. Il est très efficace parce que doté d'un sens organisationnel poussé et amoureux du travail bien fait. Il venait de signé un nouveau film ‘’ZanKlan’’ qui est compétition sur le Festival Rencontre des Belles Images Africaine à Parakou (REBI@P) au Bénin et sur le Festival Dakar Court, sera projeté dans plusieurs pays en cette fin d'année. C'est de ce court métrage de 9 minutes qu’il nous parle ici. Lisez plutôt. 


Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Arcade Assogba, réalisateur et producteur de films, passionné d’écriture et de nouveaux médias. J’ai monté à Cotonou, depuis l’année 2012, une société de production et de distribution de films, Kiti-Kili Films, qui pour le moment, n’a produit que deux de  mes propres courts métrages : ZanKlan et La Traversée... Certaines autres œuvres sont en phase de postproduction. Mais nous sommes assez sollicités ces-temps-ci par les collègues relativement plus jeunes que moi. Alors nous avons décidé de donner un coup de pouce à ceux qui nous font confiance tant pour le développement de leurs projets de film respectifs que pour la production et la distribution. Notre option, c’est le cinéma indépendant ; c’est aussi la révélation de jeunes talents. Nous travaillons encore à asseoir l’écosystème idoine pour contribuer à la culture des jeunes passionnés de récits et de cinéma comme nous, mais aussi concrétiser leur désir de faire réellement des films. C’est un vaste programme, je conviens. Extra large ! (rire) 

S'il vous était donné de parler de vous-même, que diriez-vous ?

Je suis par ailleurs Président d’une association culturelle dénommée Kitikili qui œuvre pour le développement du cinéma en zone urbaine et périurbaine du Bénin. Depuis 2010 je me suis investi dans l’animation des ciné-clubs. Un premier dénommé « Quintessence » avait lieu à l’Institut français du Bénin, à Cotonou, puis, un second, Regards d’Afrique, tenait ses séances au Centre culturel Artisttik Africa fondé par le grand frère Ousmane Alédji et dont j’ai été tour à tour responsable de la Web Tv éponyme, administrateur, puis directeur exécutif depuis le début de l’année 2018. Cette expérience d’animation de ciné-club se poursuit à travers « Les COURtS du Soirs », qui est une composante du Ciné-Club Les FILmS du Soleil. « Les COURtS du Soir » constitue un programme de ciné-débat autour des courts métrages essentiellement. La première saison se déroulera au centre culturel Artisttik Africa de novembre 2019 à juillet 2020. 

J’ai étudié le cinéma à l’Institut cinématographique de Ouidah – L’ICO - qui était le pôle pédagogique du fameux Festival International du film de Ouidah – Quintessence, dont nous sommes nombreux à regretter la fin de l’histoire. J’espère vivement qu’il va renaitre un jour de ces cendres tel un phénix.     

Comment se porte selon vous le monde de la réalisation au Bénin ?

Vous voulez dire l’industrie du cinéma, la réalisation n’étant qu’un de ses sous-maillons ? Comme vous le voyez ! Très peu de films en salles qui n’existent presque pas. Un grand film en moyenne tous les deux ans, généralement issu de production étrangère, mais aussi, bien entendu, les prouesses de nos ainés Sylvestre Amoussou, Jean Odoutan, Idrissou Mora Kpaï qui, ces dix dernières années, ont produit quelques grandes œuvres dont certaines tournées en scope d’ailleurs. Il faudra compléter Djimon Hounsou et son film documentaire sur le vodou à la liste.  
Arcade Assogba

Sinon, plusieurs écoles de formation appartenant aussi bien à l’Etat qu’aux privés, et un fort enthousiasme des jeunes. Ce qui laisse entrevoir quelque chose de bouillonnant dans les années à venir. Mais vous savez, le cinéma, l’audiovisuel, c’est partout maintenant dans nos vie. Au-delà des sphères artistiques. Bref, les réalisateurs ce n’est pas ce qui manque au Bénin. La question est : qu’est-ce qui se produit ? Où est-ce que ce qui se produit est montré ? Sur quelles télés, sur quels festivals ? Sont-ce ce que l’on voit aux Rebi@p à Parakou ? (rire) Quid de Malanville, Ouaké, Natitingou, Kétou, etc. ?  

Que faut-il faire selon vous pour que rayonne le cinéma béninois ? 

Je crois qu’il faut d’abord former le public béninois d’aujourd’hui et de demain. Il faut innerver en priorité le secteur de l’éducation de cinéma, d’histoire du cinéma, de héros nationaux, et de culture générale. C’est le local qui compte selon moi. Je suis fanonien dans la démarche : s’autocentrer au local facilite le rayonnement à l’universel. C’est comme ce précepte souvent martelé en développement personnel : C’est la confiance en soi qui constitue la clé du succès. Le soi c’est le local à l’échelle pays, ville ou quartier. Le rayonnement c’est la vague que crée votre succès depuis le quartier, la ville, le pays vers les périphéries ou, sinon, vers d’autres centres. Vous avez bien fait à ce propos de parler de rayonnement. Pour qu’il y ait des rayons, il faut bien qu’il y ait une source d’énergie, une condensation de lumière quelque part voyez-vous ? Il faut donc qu’il existe d’abord un véritable cinéma béninois. Sans public, pas de cinéma dans un contexte où les techniciens sortent par dizaine des écoles, dont certaines coutent les fesses du diable, pour aller gonfler le nombre des glandeurs au quartier. C’est quand même de l’Entertainment aussi, le cinéma. Il faut un véritable besoin du public. Et ça se fabrique, ce besoin. Par la culture idéalement. Par une volonté politique. C’est une question de paradigme, de programme de société. Voilà ce que je pense. 

Vous venez de signer un film intitulé ZanKlan. Que peut-on retenir de ce film ?

C’est un court métrage qui tente de psychologiser la résilience des enfants travailleurs. Le récit se déroule dans une forge artisanale située non loin de ma maison, à Cotonou, ma ville natale que j’apprends à aimer malgré tout. A ce sujet, Camille Amouro, l’écrivain, m’a fait la démonstration un soir autour d’une pensée qu’il théorise par « L’appel du placenta ». Le lieu de naissance est une terre qui vous happe de façon idyllique selon lui. En particulier dans nos contrées où tout un rituel entoure l’enfouillissement du placenta après la naissance du bébé.  Plus vous vous en éloignez, plus votre retour au bercail vous donne le sentiment d’une revisitation de la matrice, avec des effets optiques de ré-accaparement invisibles mais sensibles.  Bref, mon film parle de cauchemar et de rêve, d’éclairci dans la nuit, de fer et de foi, du feu et de l’eau, du chaud et du froid, de nos mères et de nos sœurs qui incarnent nos sources d’espérance, de la couleur et de l’absence de couleur, du passé et du futur, de la puissance des contes, des récits intemporels. Nous sommes, je le crois, ce que l’on nous a conté enfants. 

Le fond de ce récit cinématographique est un Ying-yang subtil. J’espère que le spectateur le percevra. En tout cas, c’est dans ce sens que je l’ai pensé et fabriqué avec des personnes admirables, mes amis, mes grands frères et les membres de ma famille. J’en profite pour rendre un hommage ému à notre regretté et irremplaçable maître Grégoire Marie Noudéhou qui en a signé le décor. Il avait pour assistant Makef, l’artiste peintre. C’était un pur bonheur de travailler directement avec autant d’esprits, sans compter tous ceux qui, autour du plateau, apportaient ressources et soutien moral. C’était également l’occasion d’une collaboration artistique pure et marquante avec Maestro Méchac Coffi Adjaho qui a fait la musique du film. C’est époustouflant !  C’est du grand art. C’est succulent.

D’où est-ce que l’idée vous est venue de mettre en mouvement ces faits sociaux ?

Justement, l’enfance difficile, malheureuse est caractéristique de notre société. Du phénomène des enfants placés Vidomègon à la nébuleuse affaire de trafic des enfants béninois en direction du Gabon qui a défrayé la chronique en 2001. J’ai d’ailleurs travaillé avec une grande réalisatrice allemande, Heidi Specogna, sur le sujet de 2009 en 2011. J’étais son assistant mais il ne m’était pas permis d’être présent dans le marché où je suis allé faire ce court métrage huit ans plus tard. Tellement filmer ces jeunes enfants travailleurs était entouré de protocole ; ce qui est tout à fait logique. Mais il se fait que ce lieu se trouve dans mon quartier ; que je fais un jogging matinal quotidien depuis toutes ces années en traversant ce marché ; qu’en dix ans, j’ai vu des apprentis devenir patrons ; que certaines nuits, souvent tard, ces jeunes apprentis se regroupaient sur l’esplanade du marché pour jouer de la musique folklorique pour ainsi dire. J’ai pensé longtemps : d’où tirent-ils cette force, cette puissance, ce bonheur de vivre ? J’ai pris des notes sur de nombreuses années et je me suis projeté dans leur psychologie. J’ai fait jouer aux jeunes leur propre rôle. 

Je ne suis pas dans la dénonciation au premier degré. Je suis choqué certes mais curieux et admiratif de ces petits frères pris dans la ferraille d’une société qui réprime plus qu’elle ne prime. C’est cela ZanKlan, Nuit Séparer, qui peut signifier l’éclairci. J’ai appris entre-temps que c’est un nom de noblesse dans l’ancien royaume de Porto-Novo. Pour moi, c’est assez juste pour ce bout d’histoire fictionnelle qui a tout l’air d’un documentaire.

Comment ce film sera diffusé, vous y avez pensé ?

Kiti-Kili films s’en occupe. Il est simultanément diffusé à Cotonou et à Parakou en décembre, dans deux festivals que j’ai vu naître et grandir : Le Festival international du cinéma numérique de Cotonou – FICNC, et les Rebi@p. Mais avant, il a été montré sur l’Ile de la Réunion dans un festival dénommé Court derrière. Il sera ensuite à Dakar puis au Burkina-Faso dans deux festivals réputés : Dakar Court et le Festic. Sa première béninoise a lieu le 28 novembre 2019, au centre culturel Artisttik Africa qui l’a engendré. Nous l’enverrons partout au monde, sur différents festivals avant d’aller vers les télévisions. Il y trop de vitrines pour les courts à travers le monde. Même si ce n’est pas pour faire du fric. On ne fait pas fortune avec des courts métrages. Hélas ! Pourvu que les télés du Bénin ne nous demandent pas de les payer avant qu’il soit diffusé quand nous irons vers elles le moment venu (rire).  

Vos projets à court, moyen et long terme ?    

J’ai deux films documentaires dans le pipe comme on dit. J’ai aussi un projet de série historique que Camille Amouro m’a suggérée et dont il a commencé l’écriture des premiers épisodes. C’est un travail que nous allons poursuivre ensemble. Nous allons, j’espère, le développer et le produire bientôt. Je suis par ailleurs sollicité comme premier assistant réalisateur par quelques grands auteurs sur des films béninois, vous allez avoir une surprise en 2020, mais aussi étrangers. Sur ce plan, un excellent réalisateur avec qui j’ai eu à travailler par le passé souhaite que je l’accompagne sur ses prochains longs métrages qui vont se tourner au Togo, en Côte d’Ivoire et au Nigéria. Tout ceci déterminera les prévisions à long terme.               

Réalisation Patrick Hervé YOBODE

lundi 18 novembre 2019

Critique de ‘’Un coin du ciel noir'' de Djingarey A. Maiga

Un hymne à la tolérance

Lauréat du prix de la critique cinématographique africaine, meilleur scénario, etc. dans le cadre de la 4ème  édition de Toukountchi Festival de Cinéma du Niger 2019, le 9ème long métrage du réalisateur nigérien Djingarey Abdoulaye Maiga intitulé ‘’Un coin du ciel noir''  traite du rejet dont sont l'objet les personnes atteintes d’albinisme et toutes les persécutions qu’elles subissent au sein de la société. 

‘’Un coin du ciel noir'' un film fiction long métrage de 90 minutes, sorti en 2018 et signé par le Réalisateur nigérien Djingarey Abdoulaye Maiga, traite d'un sujet hautement humaniste en dénonçant la barbarie et les discriminations dont sont victimes au sein de la société et ceci dans plusieurs pays d’Afrique, les personnes atteintes d’albinisme. Ce film s'ouvre sur la cours de la maison habitée par l’actrice Zeynabou Seydou qui interprète le personnage de Katy. Empêtrée dans la misère, avec un père retraité dont la pension peine à tomber, la famille était dans l’incapacité de payer la scolarité de Katy qui, bien que brillante au lycée malgré les préjugés dont-elle est victime, était contrainte d’abandonner les études. 

Fort heureusement, sa rencontre avec Beidari Yacouba, qui joue le rôle du personnage Tanko dans le film, changera son destin à plus d'un titre. Jeune Avocat qui vient de soutenir et qui fraîchement a prêté serment au Barreau du Tribunal et très accroché aux valeurs humaines, après un échange avec Katy en tombera amoureux. Il faut dire que dans plusieurs pays africains, ils sont encore un nombre incalculable de personnes à croire aux superstitions que propagent certains guérisseurs et qui font croire que les organes et ou membres des albinos, porteraient chances. Selon eux, certains rituels faits avec les organes et ou membres de personnes albinos, portent chances aux hommes politiques, aux pêcheurs, etc. Du coup, étant discriminées, rejetées et objets de toutes sortes de mauvaises intentions, les personnes albinos subissent des actes inacceptables. 

Le 9ème long métrage de Djingarey Abdoulaye Maiga, revient sur une question épineuse, mais oublier par les décideurs. Tanko, dans ‘’Un coin du ciel noir'', devra faire face aux critiques, les idées mal conçues et les préjugés de ses amis, de sa famille et de la société, s'il voudrait réaliser son rêve d'épouser Katy. Puisque si son père (Rachid Dramane) alias Balthazar accepte son choix sans discuter, ce n’est pas le cas de (Marie Naino) sa mère qui s’oppose, parce que craignant d'avoir des petits fils albinos. 

Très émouvant, ce film de Djingarey Abdoulaye Maiga, raconte ce vivent au quotidien les personnes atteintes d’albinisme. Surtout quand, devant les parents de Tanko, Katy énumère, la stigmatisation dont les albinos font l'objet, leurs peurs, leurs manières à eux de voir le monde et notamment leurs espoirs de se voir accepter dans la société, vous avez la chaire de poules. Contre les appréhensions de sa mère et les préjugés de ses amis, Tanko engagé dans la défense des personnes vulnérables et avec son amour pour Katy, restera fidèle à ses principes. 

Ce sujet, il faut le dire est tellement d’actualité que d'autres Réalisateurs l'ont abordé avant Djingarey Abdoulaye Maiga. Le film ‘’White Shadow'' du Réalisateur israélien Noaz Deshe, a dénoncé aussi le sort réservé aux personnes atteintes d’albinisme. 

En 2009, au Festival Panafricain de Cinéma et de Télévision de Ouagadougou (FESPACO), les Réalisateurs maliens Ladji Diakité et Adama Drabo, avaient mis en compétition ‘’Fantan Fanga'' le pouvoir du pauvre, qui revenait aussi sur les persécutions subies par les albinos dans certains pays africains. Il est à noter que selon l'ONG Under The Same Sun, 151 personnes atteintes d’albinisme auraient été attaquées en Tanzanie depuis 2006 avec plus de 74 tuées. Une source proche de l'ONU rapporte qu'un membre d’albinos se négocie autour de 600 dollars tandis qu'un corps entier peut coûter jusqu’à 75.000 dollars. 

Si le 9ème long métrage de Djingarey Abdoulaye Maiga répond à tous les critères recommandés au 7ème art, il est à reprocher des choses côté lumière, que peut-être nous pouvons attribuées aux moyens dérisoires qui ont servi à réaliser ce film. 

Somme toute, ‘’Un coin du ciel noir'', remporte sur la quatrième édition de Toukountchi festival de cinéma du Niger, le Prix de la Critique Paulin Soumanou Vieyra, de la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC), le Prix du meilleur scénario, le Prix de la meilleure interprétation masculine et le Prix de la meilleure musique. ‘’un coin du ciel noir'', démontre aussi que le vrai amour peut déplacer des montagne. 

Patrick Hervé YOBODE



dimanche 3 novembre 2019

Toukountchi le Festival de Cinéma du Niger

Les rideaux sont tombés sur la 4ème édition

(Voici le Palmarès 2019)

Démarrée le mercredi 30 Octobre, la quatrième édition du Toukountchi le Festival de Cinéma du Niger a connu son épilogue ce jour samedi 02 novembre 2019. Pendant quatre jours le 7ème art de l’Afrique francophone a fixé rendez-vous aux cinéastes de tous âges, qui dans plusieurs catégories ont soumis leurs films à l’appréciation des experts du cinéma et à la critique des journalistes critiques de cinéma. Les rideaux sont tombés sur cette édition 2019 en laissant dévoiler un palmarès qui a vu plusieurs cinéastes de plusieurs pays récompensés
Gildas Dossou recevant son prix de Meilleur Documentaire Films d'écoles

Terminus ici à Niamey, les réalisateurs, cinéastes et autres  journalistes critiques nigériens et leurs confrères venus de la sous-région peuvent se replier. Ils se donnent déjà rendez-vous pour l’année prochaine. Mais avant d'en arriver là, beaucoup de choses s’étaient passées entre le mercredi 30 Octobre et le samedi 02 novembre 2019. Tout d'abord une partie officielle faite de discours et d’hommage à la première nigérienne qui a osé braver les interdits pour devenir en 1966 actrice de cinéma, Zalika Souley. Au second jour, les choses beaucoup plus sérieuses avaient commencé avec les projections des films en compétition dans chaque catégorie. 

Avec les critères définis par chaque jury, les projections ont été lancées. Dans chaque catégorie les jurys ont commencé leur travail. Plus d'une dizaine de films dans chaque catégorie avec 4 films fictions longs métrages. Après une attention particulière accordée à chaque production et suivant les critères définis, chaque jury a attribué des notes, en toute conscience, en toute liberté et avec un regard professionnel pointu. Dans la soirée de ce jeudi, chaque jury s'était retrouvé en commission pour débattre et confronter les points de vue avant la délibération dans chaque catégorie. Après ces travaux en commission et le second jour de projection, le palmarès a été dégagé et plusieurs cinéastes de plusieurs pays ont vu leurs efforts récompensés. Le palmarès Toukountchi Festival de Cinéma du Niger édition 2019 se présente donc comme suit : 
Le Jury FACC remettant le Prix de la Critique africaine Paulin Soumanou Vieyra au Réalisateur Djingarey

Palmarès  Toukountchi 2019

Meilleur fiction moyen-long métrage
Titre: Si loin si près Réalisateur: Saturnin Ayenouet Pays:  Gabon 
Meilleur court métrage fiction
Titre: Afiti Réalisateur Wilfried Langoye Pays: Gabon

Meilleur Interprétation féminine
Blanche Bana Matho dans le film Si loin si près de Saturnin Ayenouet Gabon

Meilleur interprétation masculine
Amadou Tonko dans Un coin du ciel noir de Djingarey Maiga Niger

Meilleur Scénario
Un coin du ciel noir Djingarey Maiga Niger

Meilleur musique de film

Un coin du ciel noir Aly Atchibili Niger

Meilleur court métrage documentaire
''La vie d’une handicapée'' Rekia Idrissa Niger 

Meilleur moyen-long métrage documentaire ''Reggae ivoirien'' Téhua Désiré Côte d’Ivoire 

Meilleur documentaire films des écoles
''Elègbara, la butte sacrée'' Gildas Dossou Bénin 

Meilleur fiction films des écoles
''Le secret'' Amadou Diabagaté Mali

Mention spéciale films  des écoles
''Wentenga, un cas d’école'' Guet- Wendé Serge Gael. D. Burkina Faso

Prix du jeune talent du Fespaco
''Aube d’un crépuscule'' Zeda Ahmed Assane Burkina Faso

Prix du jeune talent du Fespaco
''Elègbara, la butte sacrée'' Gildas Dossou Bénin

Prix Paulin Soumanou Vieyra de la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC)
''Un coin du ciel noir'' Djingarey Maiga Niger
Gildas Dossou recevant son prix de Jeune Talent du Fespaco