jeudi 18 octobre 2012

Rencontres internationales des arts et de la culture (RIAC)

 Adzopé accueille la 1ère édition





 








La ville d'Adzopé s'apprête à abriter, du 25 novembre au 2 décembre prochain, la première grande édition des rencontres internationales des arts et de la culture (RIAC). Une initiative du groupe d'actions sosio-culturelles d'Adzopé (GASCA) en partenariat avec le bureau des arts et de la culture (BAC). "A travers ce festival de grande envergure, nous voulons faire du département d'Adzopé un pôle culturel dans la sous région Ouest-africaine et dans le monde", a annoncé le régisseur général des RIAC, le samedi 13 octobre dernier, lors d'un point de presse à l'Espace des Arts. Pour Honoré Abouah, ce festival culturel vise également à contribuer d'une part, à décrisper l'atmosphère après les douloureux événements liés à la récente situation post-électorale, et d'autre part, contribuer à la cohésion sociale et à la consolidation de l'intégration africaine, en vue d'amener les uns et les autres à comprendre que de nos jours, le monde est désormais un village planétaire qui, de plus en plus, fait reculer les barrières de tous genres. "C'est pourquoi, les participants viennent non seulement des quatre coins de la Côte d'Ivoire, mais aussi, ils viennent de plusieurs pays d'Europe dont la Belgique, et surtout de plusieurs pays d'Afrique comme le Burkina Faso, le Bénin, la Tunisie et le Cameroun, avec leurs troupes artistiques au grand complet", a précisé Honoré Aboua. Avant d'indiquer que les compagnies annoncées présenteront au public des spectacles pluridisciplinaires. A savoir, le théâtre, la danse, la musique, le conte, l'humour, les spectacles de marionnettes, etc. A côté de tout ceci, à en croire le régisseur général des RIAC, il y aura des défilés de mode, l'art culinaire et des expositions de produits d'art et d'artisanat qui feront une ouverture sur une foire commerciale, avec la participation de plusieurs opérateurs économiques du pays. Plusieurs sites, pour ainsi dire, ont été repérés dans la ville d'Adzopé pour abriter des spectacles éclatés, en vue de permettre aux festivaliers d'être plus proches des populations. Aussi, un comité d'organisation d'une trentaine de membres a été mis sur pied. Il est présidé par le régisseur général Honoré Abouah et comprend plusieurs commissions. Ce sont, l'accueil, l'administration, la communication, l'hébergement, la sécurité, la logistique et le transport, etc. Et comme têtes d'afiche, des artistes de renommée internationale sont annoncés par les organisateurs. Il s'agit, entre autres de Gohou Michel, Adama Dahico, Obin Manféi (Côte d'Ivoire), Daniel Marcelin et Phillipe Laurent (Belgique), Rochdi Belgasmi (Tunisie), Athanase Kabré (Burkina Faso) et l'inusable Ambroise Mbia (Cameroun) qui, dit-on, saisira l'occasion des Riac pour fêter ses 50 ans de carrière en tant que comédien.
Dans le déroulement de ce festival, selon ses organisateurs,la journée du 2 novembre prochain est dédiée au quartier Abobo-Baoulé, dans la commune d'Abobo (Abidjan). Où sera organisée une journée marathon dénommée "LE MARATHON'ARTS" ( le marathon des arts) qui sera animée en grande partie par les étudiants de l'INSAAC. "Cet événement culturel de grande envergure international ne devrait laisser personne indifférent. Aussi, souhaitons-nous que le public du département d'adzopé et celui d'Abidjan se l'approprie", a souhaité Honoré Abouah, régisseur général et président du comité d'organisation des prochaines rencontres internationales des arts et de la culture (RIAC).
| Source: Notre Voie

Entretien de Chris Babingui



"Au Congo, la danse contemporaine devient plus populaire" 

À 23 ans, il est danseur professionnel depuis cinq ans et a intégré la Compagnie Maho de Florent Mahoukou, à Brazzaville, en 2008. Il fait partie des interprètes de la pièce Wake Up, créée par Florent Mahoukou et le Sud-Africain Gregory Maqoma, dont le work in progress a été montré à Johannesbourg lors de la biennale Danse, l'Afrique danse !
 
Chris Babingui
Comment est née votre vocation ?


Petit, je dansais pour le plaisir, dès 5 ans, dans mon quartier. Il y avait des répétitions de ndombolo, et les musiciens appelaient des volontaires. J'étais tout le temps volontaire ! Les gens me donnaient de l'argent pour m'encourager. Mes parents n'aimaient pas ça mais j'avais la tête dure… On a déménagé, j'ai découvert la danse traditionnelle puis le hip-hop vers 14 ans. J'ai commencé à en faire pour le succès et pour les filles. Ça a marché ! Je n'avais jamais rêvé être danseur, je voulais être homme d'affaires.


Votre rencontre avec Florent Mahoukou ?



Il m'a repéré pour faire une formation. Aujourd'hui, si je bouge comme ça, c'est grâce à lui. C'est mon père de danse. La danse contemporaine demande une immense concentration. Au début, j'étais trop statique. Florent m'a dit : pour être à l'aise et naturel, danse-là comme du hip-hop ! Avec lui, je suis tombé dans la création. J'écris beaucoup et j'ai envie de créer comme lui. Tel père, tel fils. Je suis d'ailleurs en train de travailler sur un solo, Ibonabo ("comme ça, comme ça"), inspiré de mes souvenirs pendant la guerre civile de 1999. Avec ma famille, on a fui Brazzaville jusqu'au fin fond du pays. J'ai vu des gens se faire tuer, brûler, j'ai entendu les obus. Et aujourd'hui, c'est toujours les mêmes problèmes…


Quelle est la situation du danseur contemporain aujourd'hui au Congo ?



C'est difficile car il n'y a pas d'école et très peu de salles de répétition. On est obligés de se créer nos propres lieux. On répète tous les jours de 9 heures à 19 heures, parfois sans manger. Souvent, il n'y a aucun projet en vue mais on travaille quand même, juste pour nous. Il y a encore quelques années, personne ne connaissait le contemporain au Congo. Florent Mahoukou a créé un festival de danse dans les rues, ça a popularisé le style, les gens s'intéressent plus.


Il vaut mieux travailler à Pointe-Noire ou Brazzaville ?



De grands chorégraphes comme Florent ou Biedefono Delavallet viennent de Pointe-Noire. Les gens commencent là-bas et développent leur art à Brazza, une ville où l'on peut avoir la chance de rencontrer d'autres professionnels d'Afrique et d'ailleurs qui viennent donner des cours.


Vous vivez de la danse ?



Je gagne ma vie, oui. Enfin, ma vie, je la cherche encore : je ne suis pas arrivé là où j'ai envie d'être. Je veux devenir un Florent Mahoukou, un Faustin Linyekula, un Gregory Maqoma. Je veux être comme les grands et je le serai !

Source: Africultures

Art et Culture

13è Salon international de l’artisanat de Ouagadougou : plus de 120 artisans Maliens attendus

  Essor


13è

13è Salon international de l’artisanat de Ouagadougou: Le siege SIAO













Le 13è Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) aura lieu du 28 octobre au 4 novembre prochain. Il aura pour thème : « Artisanat africain et émergence économique » et le pays invité est le Japon. Plus de 3000 exposants sont attendus à cette édition.
Créé en 1984, puis institutionnalisé en 1990, le SIAO est le rendez-vous privilégié des acteurs de l’industrie et de l’artisanat tant au niveau africain qu’international. C’est une vitrine de valorisation du savoir-faire des artisans et des créateurs. Quand on sait que l’artisanat représente plus de 30 % du PIB de certains pays africains, on mesure la pertinence du thème de cette édition du salon qui entend explorer de nouvelles pistes afin d’optimiser l’apport de l’artisanat à la croissance économique des différents Etats.

Notre pays est un habitué de cet important rendez-vous de la créativité et de l’industrie. Et aussi un de ses acteurs marquants comme témoignent les 120 millions de Fcfa de chiffre d’affaires réalisé lors de l’édition 2010, les 8 prix remportés lors de l’édition de 2008, les 5 en 2010. Quand à notre compatriote, le célèbre designer Cheick Diallo, il est régulièrement cité en référence et a présidé un certain nombre de jury lors de différents SIAO.
Le SIAO offre aux artisans mais aussi aux entreprises du tourisme, une fenêtre de visibilité. C’est pourquoi le Gouvernement de transition a décidé de mettre les bouchées doubles pour une participation malienne de qualité, indique Ousmane Ag Rhissa, le ministre de l’Artisanat et du tourisme.

Le gouvernement prend ainsi en charge les frais de voyage et d’hébergement de plus de 120 artisans maliens – record de participation – qui exposeront à la fête de l’artisanat de Ouagadougou. Tous les domaine de l’artisanat sont concernés avec plus de 10 corps de métiers : la teinture traditionnelle et moderne, le bogolan et le batik, la maroquinerie, la cordonnerie, l’hygiène et les soins corporels, la sculpture bois, la bijouterie, la perlière, la décoration et la transformation des produits agro-alimentaires. L’ameublement et les deux menuiseries (bois et fer) pourraient également se joindre à la fête.
Le message fort que notre pays apportera au salon est que malgré la situation de crise, les pouvoirs publics ne marchanderont pas leur soutien aux artisans dans leur quête de nouveaux débouchés pour combler le manque à gagner engendré par la crise.
Ousmane Ag Rhissa évoque un second message, adressé celui-là à ses pairs africains qui se réuniront dans le cadre des différentes organisations sous-régionales dans la capitale du Faso, afin de les appeler à un surcroit de solidarité avec les artisans et opérateurs du tourisme de notre pays.
Car il sera également question de tourisme. Le notre, sous l’effet de l’insécurité au nord, est sinistré depuis près de deux ans. Le ministre Ousmane Ag Rhissa entend aller aux professionnels réunis à Ouagadougou, pour leur dire que nous avons encore d’énormes ressources touristiques à proposer aux visiteurs. Le sud, le centre et l’ouest du pays possèdent de beaux sites touristiques comme le pays manding dans le sud-est de Bamako. Un nouveau circuit touristique est possible en allant de Bamako à Sikasso en passant par Ouélessébougou, Ségou et Koutiala. Et dans la région de Kayes, la navigation est possible sur le fleuve Sénégal de Tambacounda au Sénégal jusqu’au Fort de Médine à 12 kilomètres de Kayes. La réserve naturelle de la Boucle du Baoulé voisine est une forêt classée, de toute beauté.


Le ministre note que l’artisanat est un secteur qui occupe environ 80 % de la population malienne, en ville comme dans les campagnes, mais demeure mal exploité. En termes de création d’emplois et de richesses, il touche pourtant les couches les plus pauvres. Ousmane Ag Rhissa est convaincu « qu’on ne peut pas développer notre pays si on ne met pas l’accent sur ce secteur, qui est à la base de l’industrie ». Il faut changer la place de l’artisanat dans l’ordre des priorités. Pour améliorer la perception que nous en avons, il préconise de mettre l’accent sur la communication et la sensibilisation.

  Source:Essor

Entretien d'Olivia Marsaud


"Avant, nous n'étions pas assez blancs… maintenant, nous ne sommes pas assez noirs"  


Olivia Marsaud
Elle débute son solo, Who is this?... Beneath my skin, dans une boîte, enroulée dans du papier bulle. Parce qu'elle ne veut justement pas être réduite à une case… Et peut-être aussi pour dire "attention fragile". Elle joue avec la matière, avec les codes de la danse classique, elle est à la fois terrienne et aérienne. "Ma peau… qu'y a-t-il derrière ?" s'interroge-t-elle. Dans ce pays ou la couleur de l'épiderme détermine les rapports humains d'une manière si violente et où l'on n'échappe pas à ces classifications, sa pièce a une résonance particulière. Utilisant la photographie et la vidéo, elle livre une œuvre protéiforme et maîtrisée.
 
Comment est né ce travail ?


Cela fait plusieurs années que j'y songe. La question de la couleur de peau et des différentes communautés, en Afrique du Sud, m'a toujours interpellée. Les gens sont classés en fonction de leur look, de leur religion, de leur genre ou de leur couleur. Ce pré-emballage me gêne. Vous êtes dans une boîte à vie et personne ne se pose de question. Moi-même je suis étiquetée colored, métisse. Mais je ne suis pas issue d'un couple mixte : ma famille est métisse depuis plusieurs générations. Mes arrière-grands-parents étaient déjà colored ! C'est particulier à l'Afrique du Sud et il y a beaucoup de discussions autour de cette soi-disant communauté. Avant, nous n'étions pas assez blancs… maintenant, nous ne sommes pas assez noirs. C'est une terrible pression de la société.


Pourquoi avoir choisi de travailler avec la vidéo ?


La première idée était de travailler avec des photographies, pour évoquer les souvenirs, les anciennes peaux que l'on voudrait abandonner. D'où l'idée de la jupe transparente remplie de photographie que je mets à un moment. J'ai ensuite décidé d'avoir une vidéaste sur scène avec moi, avec la vidéo qui tourne en temps réel sur une bâche, pour m'adresser au public de manière frontale tout en continuant à danser. Je voulais une caméra imposante, intrusive pour qu'une vraie relation s'installe.


Quelle est votre formation ?


J'ai fait du ballet classique jusqu'à l'université, où j'ai découvert d'autres styles de danse comme le jazz. J'ai grandi au Cap, pendant l'apartheid, au sein d'une communauté métisse qui était alors très isolée. À la télévision, le dimanche, on regardait Gisèle… C'est à l'université que je me suis ouverte à d'autres techniques, comme celle de Martha Graham. Je me souviens d'une de mes professeurs : une vieille sud-africaine blanche qui nous enseignait les danses traditionnelles ! J'ai passé un diplôme d'enseignante pour rassurer mes parents et un an plus tard, en 1992, j'ai rejoint une compagnie à Durban, la Napac Dance Company, fondée par l'État qui, après l'apartheid, est devenue The Play House Company. Je l'ai quitté six mois avant sa fermeture en 1997. Il n'y a plus de compagnie d'État, c'est très difficile.


Vous avez donc formé votre propre compagnie…


Oui, avec Boyzie Cekwana, en 1997, le Boyzie Cekwana's Floating Outfit Project. Cela fait plus de dix ans. Nous avons beaucoup tourné en Afrique, en Europe et aux États-Unis. En ce moment, on est chacun sur nos projets individuels car je voulais plus me tourner vers la chorégraphie.


Y a-t-il une scène contemporaine importante à Durban ?


Il n'y a pas beaucoup de choix de collaborations, la ville est beaucoup plus petite que Johannesbourg et le public est réduit pour la danse contemporaine, il est plus attiré par les spectacles commerciaux ou le ballet. Je monte peu de pièce à Durban sauf durant le Jomba ! Un festival 100 % destiné à la danse contemporaine. Mais j'aime cette ville, son atmosphère, elle m'inspire.

Source:Africultures

mercredi 10 octobre 2012

Portail culturel du Bénin



Le Conseil de gestion installé et doté en matériels

(Le lancement officiel de ses activités pour le 10 novembre prochain)


Le ministre Jean-Michel ABIMBOLA
Ayant à sa tête Jean-Michal Abimbola, ministre de la culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, l’équipe de gestion du Portail Culturel du Bénin est connu depuis le 05 octobre dernier. D’un coup global de 65 millions de francs CFA, le projet Portail Culturel est un programme assez étendu de propagation de l’information culturelle du Bénin via internet. Suite à la mauvaise gestion qui l’avait caractérisé, le Portail Culturel nouvelle formule, sera gérée par une structure privée qui présentera un cahier de charge. Ladite structure travaillera en commun accord avec les associations de journalistes culturels dont : l’association des journalistes culturels du Bénin (AJCB), l’association de journalistes pour la critique d’art, le Noyau Critique et le réseau des journalistes et animateurs culturels (REJAC). Ce sont ces professionnels des médias réunis au sein de ces associations, qui se chargeront d’animer le site. Outil technologique de référence, le Portail Culturel assurera la promotion de la culture béninoise dans  toute sa diversité, tout en donnant une visibilité aux professionnels du secteur culturel.  C’est une plate forme d’envergure qui fera connaitre à travers la toile la richissime culture  dont est doté le Bénin. Composé de 9 membres, le conseil de gestion s’appuiera sur les 6 autres professionnels des médias qui coiffent les 12 départements du pays.  C’est donc pour les accompagner et leur faciliter la tâche afin qu’ils exercent au mieux la mission à eux assignée, que le Programme société civile et culture (PSCC) a mis à leur disposition un lot d’importants matériels du bureau et de travail. Entre autres, 4 ordinateurs de bureau, 3 onduleurs, 8 ordinateurs portables, 1 scanner, 1 régulateur de tension, une imprimante, des appareils photo numérique.

mardi 9 octobre 2012

Entretien avec Ousmane Alédji au sujet de la Biennale Regard Bénin

«Nous n’allons pas nous laisser déposséder aussi facilement de notre projet»

Ousmane ALEDJI
La Biennale de l’art contemporain Regard Bénin, projet ambitieux devant converger les regards et les attentions à partir du 08 novembre prochain vers la vitrine Bénin bat de l’aile. Certains membres de son Conseil d’Administration ont démissionné et sont sur le point de lancer une Biennale concurrente pour les mêmes dates. La polémique est vive. Ousmane Alédji, Directeur de l’Association Regard Bénin, organisatrice de la Biennale à l’origine, clarifie et prévient sur un ton à la limite menaçante. Interview.
Vous êtes membre du comité d’organisation de la biennale de l’art contemporain devant se tenir à partir du 08 novembre prochain. Mais à la date d’aujourd’hui, des doutes persistent sur la tenue effective de cet événement. Il y a même une confusion sur sa dénomination. A l’édition zéro, c’était Biennale Regard Bénin mais cette fois on entend parler de Biennale Bénin tout court. Quelle est la dénomination réelle de cette biennale?
Cette biennale s’appelle officiellement Biennale Regard Bénin. C’est autour de cette biennale que s’est constituée l’Association Regard Bénin. C’est un label qui reflète l’esprit fondateur de cette activité, ‘’attirer les attentions et les regards vers la vitrine Bénin’’. Ce projet a été conçu pour jouer un rôle important dans le rayonnement de notre pays au niveau international. Ce nom n’a donc pas été choisi par hasard, mieux il a été officialisé par un arrêté ministériel à la suite d’une série de séances de travail que nous avons eue au ministère en charge de la culture. Il se trouve malheureusement certains compatriotes assez patriotes pour saboter nos acquis. Ce sont eux qui sèment la confusion dans les esprits. Nous espérons bien leur faire entendre raison.
 
La tension persiste donc. Pourquoi?
Le Conseil d’Administration a reproché à l’un de ses membres d’avoir usurpé des titres pour obtenir des privilèges et des faveurs auprès de nos partenaires et le leur a signifié dans une lettre de recadrage qui leur a été envoyée. Ce dernier a estimé que le Conseil l’a humilié et a démissionné. Il a emmené avec lui certains de ses amis. Ils sont allés par la suite constituer un ‘’consortium’’.
 
Ne sont-ils pas libres de démissionner et de se regrouper autour d’un projet?
Ecoutez… cette personne représentait le Ministre de la culture de l’époque au sein de notre Association. Les deux ont été emportés par un remaniement ministériel. Nous attendions que sa remplaçante vienne siéger à sa place et il vient nous dire : «Je démissionne et je pars avec le projet. Vous pouvez venir avec moi si vous voulez…» (Sourires) Libres de partir, certainement ! Se regrouper autour d’un ‘’autre’’ projet… oui ! Mais pas d’emporter avec eux notre projet à nous, de s’en réclamer propriétaire et de le mettre en œuvre à notre place. J’appelle cela un hold-up. Et, croyez-moi, nous n’allons pas nous laisser déposséder aussi facilement.
 
Dans un précédent entretien vous sollicitiez l’arbitrage du Ministre actuel et nous savons que le Ministre est intervenu...
Pour rien malheureusement. J’ai pu le constater à mon grand désarroi et avec tristesse. Il a réagi comme pris dans le piège d’intérêts antagonistes, béninois et étrangers. Or, il ne devrait pas être en difficulté puisque c’est un ministre de la République du Bénin. Je vous ferai si nécessaire un point détaillé de ce qui a été dit et des décisions qui ont été prises au moment opportun. Avec des preuves bien sûr. Disons que pour l’instant tout n’est pas perdu. Nous pouvons encore y arriver. Ensemble.
 
Avec les démissionnaires?
Avec les démissionnaires, les artistes béninois, le ministère, les partenaires et la presse. Il y a de la place.
 
Croyez-vous que le Ministre peut encore faire quelque chose?
Il est obligé. Sinon nous l’accuserions de complicité de vol de projet et de bradage des intérêts béninois. De toutes les façons, il ne pourra pas dire qu’il n’est pas au courant de ce dossier ou encore qu’il ne savait pas. Je lui ai adressé un courrier «confidentiel et personnel» de quatre pages pour lui faire un mémoire de tout ce qui se passe. C’est une adresse à l’autorité. Donc je le laisse pour l’instant s’en inspirer pour continuer son arbitrage. Toujours est-il qu’à la date d’aujourd’hui rien n’est fait comme prévu, rien ne se fait comme cela a été arrêté, validé par tous. L’Association Regard Bénin existe et est régulièrement déclarée et publiée au Journal Officiel. A l’heure où je vous parle, j’attends qu’on me montre l’acte de naissance officiel de ce ‘’Consortium’’ de démissionnaires. Alors, au nom de quoi et en tant que qui ils vont toucher des fonds publics, qu’ils soient internationaux ou nationaux?
 
Dans votre propos, vous semblez pointer un doigt accusateur sur un partenaire, un service de coopération étranger.
Non. Vous avez cru entendre cela. Tenons nous-en aux personnes ; du moins, pour l’instant. Les services de coopération étrangers au Bénin connaissent aussi des dysfonctionnements. Quelquefois il y a juste un bureau et deux ou trois personnes qui commettent aussi des maladresses. Ce sont des gens que nous connaissons bien. Font-ils fidèlement le compte rendu de la réalité des choses à leur hiérarchie ? Je n’en suis pas sûr. Je ne vois pas un ambassadeur cautionner un système qui vole et qui dépossède une association locale comme la nôtre de son projet. J’ai lu son entretien dans un journal de la place, il citait en exemple nommément la biennale Regard Bénin, au titre des projets qu’il souhaite accompagner. J’ai voulu lui adresser une lettre ouverte pour lui annoncer qu’il existe au Bénin une Association qui s’appelle Regard Bénin, qui organise déjà cette biennale et que nous n’avons reçu aucune réponse aux nombreux courriers que nous avons adressés à ses services. Lui dire que nous n’apprécions pas qu’il parle dans la presse de notre projet avant nous sans se rapprocher de nous.
 
Vous n’avez plus publié la lettre ouverte?
Non.
 
Pourquoi?
‘’Sous l’effet de la colère, suspendez l’acte’’ m’a-t-on conseillé. Envoie lui la lettre mais ne la publie pas. Au final, je n’ai fait ni l’un ni l’autre.
 
Vous avez reculé.
C’est votre façon de voir. Moi je crois que le temps est un tamis incorruptible.
 
Pouvons-nous dans ces conditions affirmer que la biennale aura lieu?
Absolument ! Qui va nous empêcher de la faire ? Nous avons déjà signifié aux démissionnaires qu’ils n’ont plus le droit d’utiliser l’un quelconque de nos attributs ; que s’ils continuent de faire les couloirs pour aller accaparer nos ressources et semer la confusion dans les esprits, ils vont en répondre devant la justice. La prochaine étape sera de leur reprendre l’argent public qu’ils ont indûment reçu. Il y a des lois dans ce pays, heureusement. Notre programmation est bouclée depuis sept mois. Certains des artistes étrangers sont venus faire de la prospection. Si nous n’avions pas été distraits par tout ceci, nous aurions démarré la communication de cette biennale. Nous aurions lancé le programme «Agla Quartier de l’Art (AQA)», un programme qui va mobiliser trois cent foyers du quartier Agla autour de l’art pendant quatre mois. J’ai vu le Maire de Porto-Novo, il attend nos propositions. Les artistes sont prêts etc.… nous avons assez tergiversé. Maintenant nous allons avancer. Et nous avancerons contre vents et marrées, avec où sans moyens.
 
Vous n’entendez donc pas démordre?
Démordre… laisser les démissionnaires s’en aller avec notre projet ? Certainement pas. Si nous laissons faire des choses comme cela, ils mettront bientôt notre pays aux enchères. L’objectif c’est que cette biennale se tienne dans un meilleur esprit. Nous faisons tout pour éviter de le sacrifier. Sur l’objectif nous ne céderons rien. La Biennale Regard Bénin aura lieu avec des vrais artistes et des partenaires qui respectent notre projet et nous accompagnent réellement. Je le redis une fois de plus, ce projet est le nôtre et nous n’accepterons pas des partenaires-propriétaires qui dictent tout, décident de tout, imposent tout. 
Source: LA Nouvelle Tribune

Confessions posthumes

Retour d'Arsène Cocou Yémadjè sur les planches béninoises
On s'en souvient encore : La consultation, pièce jouée, en finale du Fitheb 2012, le 7 avril dernier, avec comme metteur en scène, Arsène Cocou Yémadjè, avait fait sensation, vu, surtout, l'état de complète nudité, dans lequel s'étaient retrouvés des personnages profondément embarqués dans leur rôle de fous. Le samedi 6 octobre passé, Arsène Cocou Yémadjè a encadré justement encore, pour la première fois au Bénin, depuis ce dernier spectacle, la représentation d'une nouvelle pièce dans laquelle il sera lui-même acteur : Confessions posthumes. Écrite par le Tchadien Ouaga-Ballé Danaï, elle projette la problématique d'une tromperie conjugale de trois décennies, à laquelle est confronté un personnage désabusé mais, lui-même, porteur d'une certaine vengeance, au regard de ses faits d'armes, en matière d'infidélité matrimoniale. C'est le spectacle d'un dialogue entre le journal intime de sa feue épouse et lui pour démêler l'écheveau d'un labyrinthe psychologique, d'un processus opaque dans lequel ces deux mariés se sont mus, sur le fondement d'un rejet réciproque et non concerté des normes morales. Quel contexte plus vrai et plus réaliste que celui qu'a dépeint Consultations posthumes, samedi dernier, mais déjà jouée au Niger et au Cameroun ? Il va falloir revivre cette nouvelle mise en scène de Yémadjè, de quoi analyser la qualité, le degré du sens d'innovation de ce metteur en scène, tête brûlée du théâtre béninois.