‘’Tout calé, nous sommes prêts’’
La 7ème
édition du festival de films Lagunimages prend son envol le 5 décembre
prochain. A quelques jours de ce grand rendez-vous qui met le cinéma africain
au contact des populations, nous sommes rapprochés de la présidente de l’Association
Lagunimage. Et voici la teneur de cette interview avec Christiane Chabi-Kao.
A quelques jours de l’événement dites-nous les
difficultés auxquelles vous êtes confrontées ?
Alors en fait comme pour tout événementiel on est confronté à un problème
de ressource humaine. C’est vrai qu’il y a beaucoup de bénévoles qui sont
vraiment formidables. Mais au Bénin, la notion de bénévolat est très
difficile à appréhender, donc les gens quand on leur parle de bénévolat ils ne
comprennent pas très bien. Mais nous en avons une quinzaine qui est vraiment
motivée, mais il nous manque de ressource humaine. Egalement nous n’avons pas
un gros budget, donc nous utilisons les subventions que les partenaires fidèles
et quelques nouveaux nous octroient. Pour le reste, on fait marcher notre
imagination. Mais ce qui est le plus perturbant, c’est le non engagement du
secteur économique dans le domaine culturel et aussi la timidité de
l’engagement des autorités culturelles.
Toujours à quelques jours, qu’est-ce qui est fait
jusque là et qu’est-ce qui reste à faire ?
On est à moins de trois jours hein. Tout a été fait, c'est-à-dire en fait
nos fondamentaux sont les projections et les formations, c’est ça véritablement
le festival Lagunimages. On avait prévu trois formations et un certains nombres
d’ateliers. Les trois formations, sont terminées. Donc pour ça on n’a plus de
souci. En ce qui concerne les ateliers ils sont en cours, donc trois ateliers
sont entrain de terminés et prendront réellement fin ce jour. Pour les
projections on a déjà tous les films, car notre partenaire, l’Institut français
nous a trouvé la plus part des films. On a l’Ambassade du Brésil au Bénin et
l’association Casa Da Africa à Sao-Paulo avec Mme Ibi Koïdé qui est la marraine
du festival, ce sont eux qui sont chargés de la filmographie brésilienne. On a
des films fournit par l’ambassade du Brésil et ceux que ramène Mme Ibi Koïdé.
Donc au niveau de la filmographie, il n’y a pas de problème on a tous les
films, la programmation est terminée. Aujourd’hui, le comité est là
pour faire un point et vérifier que sur les points de projection, tout est
prêt, que tout le matériel que nécessite la projection est prêt, répertorié et
rangé. Il ne reste que l’organisation des rencontres, les invités
qui viennent tous le mercredi, ils ont déjà les billets d’avion. Les rencontres
sont calées, la conférence que donne Mme Koïdé est calée, le lieu est connu, la
leçon de cinéma c’est bon. Nous sommes prêts.
Justement après la formation de M. Karrer les
étudiants de l’Isma et les élèves au Ceg Océan ont a tourné chacun à leur
niveau un documentaire qui doivent être projetés, où en sont-il ?
Christiane Chabi-Kao |
Oui ils sont prêts, au Ceg l’Océan c’est fait le documentaire et la fiction
sont tournés, il reste que le Cirtef qui est notre partenaire procède au
montage sous la supervision de M. Karrer. A l’Isma aussi c’est fait.
Vous avez invité le Brésil pour explorer sa culture
et déplacer ses réalités dans le contexte béninois, pensez-vous que nos
autorités les connaissant prendront tous les enseignements qui seront tirés de
la culture brésilienne pour faire avancer notre culture ?
Honnêtement cela n’est pas notre but. Nous ne choisissons
pas des pays dans le but que les autorités béninoises en tire des
enseignements. Notre objectif premier, c’est de faire partager les images, les
réalités de ces pays là aux populations. C’est vrai qu’on connait le Brésil sur
le plan des télénovélas, mais on n’a pas encore de contact avec les films de
cinéma et les documentaires brésiliens. Les deux pays on une politique
culturelle commune et beaucoup de choses se font. Lagunimages n’a pas la
prétention de dire aux autorités ce qu’elles doivent faire par rapport à la
culture bénino-brésilienne. Tout ce que nous, nous voulons c’est de monter aux
populations qui n’y ont pas accès, qu’au Brésil il y a des gens qui ont qui des
choses à dire, des histoires à raconter et voilà leurs histoires, juste pour
leur dire qu’ils ne sont pas trop différents de ce peuple brésilien.
Vous-même vous êtes une grande réalisatrice qui
fait la fierté du Bénin sur plusieurs festivals à travers le monde, quel regard
portez-vous sur le cinéma béninois, la réalisation est-ce normalement ce qui devrait
être fait qui est fait là ?
Moi généralement, je n’ai pas la langue du bois par rapport à ça. Mais
grande réalisatrice, c’est un peu exagéré, disons que j’essaie de faire ce que
je fais correctement et il y a de la reconnaissance quelque part quand on fait
son travail correctement. Moi ce que je dis au niveau de la
réalisation et au niveau de tout ce qui est du domaine cinéma et audio visuel,
ça va prend du temps. C’est vrai que lorsqu’on compare au Burkina et à d’autres
pays qui sont en avance sur nous, on ne pourrait pas y arriver. Ici chez nous,
le réveil se fait, mais lent. Il y a une école qui depuis quelques années,
forme des générations de cinéastes qui se retrouvent sur le marché du travail.
Il faut être honnête, que parmi ces enfants, les techniciens, cadreurs,
monteurs trouvent rapidement du travail, ce n’est pas le cas chez les
réalisateurs. Pour pouvoir travailler et réaliser des films, il faut
bien qu’ils y aient des producteurs qui financent des films et qui vous engage.
Ça ne marche pas parce que le milieu n’est pas structuré. Justement
dans ce cadre, un ami qui vient de Paris sera là pour la leçon de cinéma sur le
financement participatif. Car en Europe aussi, les réalisateurs sont confrontés
aux mêmes problèmes. C’est pourquoi ils ont pensé au financement participatif,
qui consiste à faire appel à la population aux institutions en leur disant de
prendre des parts dans le film à tourner et après sa sortie et la vente ils ont
leur investissement et des bénéfices. Ça peut beaucoup aider à tourner des
films.
Vous êtes au Bénin depuis un moment, qu’est-ce
qu’on peut retenir de votre filmographie et depuis quand vous êtes dans la
réalisation professionnelle ?
Moi j’ai eu parcourt un peu atypique hein. J’ai décidé en fait de faire de
la réalisation à partir de 2004, mais comme ici c’est un métier qui ne nourrit
pas son homme, je le fait parallèlement à mes autres activités. Donc
c’est très difficile c’est pour ça qu’entre une œuvre et une autre il faut des
années. J’ai donc à mon actif un documentaire, un long métrage de télévision et
là je suis entrain de produire et de réaliser une série télévisée de 20 fois 26
minutes qui sera en deux saisons, mais c’est la première saison que je suis
entrain de tourner là maintenant. Donc avec l’association Lagunimage
on a décidé d’essayer à partir de 2014, ce model de financement participatif,
puisque l’association est composé de professionnels, des acteurs, des
réalisateurs, des techniciens. On fait un projet de film sur lequel ceux qui
participe ne sont pas directement payé, quand le projet est terminé, il est vendu
et chacun perçoit son investissement qui ici est physique et si ça marche on
pourra essayer avec les populations et les institutions.
Pour finir parler nous de votre film qui sera
projeté sur cette édition de Lagunimages ?
C’est le premier épisode de la série dont je viens de parler plus haut. La
série parle d’un instituteur veuf avec trois enfants, qui est
affecté de ville en village à travers le Bénin. Dès qu’il arrive dans son lieu
d’affectation, il a un enfant, Soulé qui est très sensible, qui souvent est
mêlé à des histoires qui ne le regarde pas. Soit c’est pour aider un camarade
de classe qui a des problèmes ou un habitant du village, il se retrouve
toujours dans l’imbroglio et à la fin trouve toujours des solutions pour aider
et tout se passe bien. Cette Word première contrairement à l’habitude qui veut
que les gens aillent faire la Word première dans les grands festivals, ce sont
les enfants de l’école de Godomey et aux populations d’Allada qui méritent
aussi bien cette Word première.
Propos recueillis par
Patrick Hervé YOBODE
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