lundi 2 décembre 2013

Interview avec Christiane Chabi-Kao

‘’Tout calé, nous sommes prêts’’

La 7ème édition du festival de films Lagunimages prend son envol le 5 décembre prochain. A quelques jours de ce grand rendez-vous qui met le cinéma africain au contact des populations, nous sommes rapprochés de la présidente de l’Association Lagunimage. Et voici la teneur de cette interview avec Christiane Chabi-Kao.

A quelques jours de l’événement dites-nous les difficultés auxquelles vous êtes confrontées ?

Alors en fait comme pour tout événementiel on est confronté à un problème de ressource humaine. C’est vrai qu’il y a beaucoup de bénévoles qui sont vraiment formidables. Mais au Bénin, la notion de bénévolat est très difficile à appréhender, donc les gens quand on leur parle de bénévolat ils ne comprennent pas très bien. Mais nous en avons une quinzaine qui est vraiment motivée, mais il nous manque de ressource humaine. Egalement nous n’avons pas un gros budget, donc nous utilisons les subventions que les partenaires fidèles et quelques nouveaux nous octroient. Pour le reste, on fait marcher notre imagination. Mais ce qui est le plus perturbant, c’est le non engagement du secteur économique dans le domaine culturel et aussi la timidité de l’engagement des autorités culturelles.  

Toujours à quelques jours, qu’est-ce qui est fait jusque là et qu’est-ce qui reste à faire ?

On est à moins de trois jours hein. Tout a été fait, c'est-à-dire en fait nos fondamentaux sont les projections et les formations, c’est ça véritablement le festival Lagunimages. On avait prévu trois formations et un certains nombres d’ateliers. Les trois formations, sont terminées. Donc pour ça on n’a plus de souci. En ce qui concerne les ateliers ils sont en cours, donc trois ateliers sont entrain de terminés et prendront réellement fin ce jour. Pour les projections on a déjà tous les films, car notre partenaire, l’Institut français nous a trouvé la plus part des films. On a l’Ambassade du Brésil au Bénin et l’association Casa Da Africa à Sao-Paulo avec Mme Ibi Koïdé qui est la marraine du festival, ce sont eux qui sont chargés de la filmographie brésilienne. On a des films fournit par l’ambassade du Brésil et ceux que ramène Mme Ibi Koïdé. Donc au niveau de la filmographie, il n’y a pas de problème on a tous les films, la programmation est terminée.  Aujourd’hui, le comité est là pour faire un point et vérifier que sur les points de projection, tout est prêt, que tout le matériel que nécessite la projection est prêt, répertorié et rangé.   Il ne reste que l’organisation des rencontres, les invités qui viennent tous le mercredi, ils ont déjà les billets d’avion. Les rencontres sont calées, la conférence que donne Mme Koïdé est calée, le lieu est connu, la leçon de cinéma c’est bon.  Nous sommes prêts.

Justement après la formation de M. Karrer les étudiants de l’Isma et les élèves au Ceg Océan ont a tourné chacun à leur niveau un documentaire qui doivent être projetés, où en sont-il ?
Christiane Chabi-Kao


Oui ils sont prêts, au Ceg l’Océan c’est fait le documentaire et la fiction sont tournés, il reste que le Cirtef qui est notre partenaire procède au montage sous la supervision de M. Karrer. A l’Isma aussi c’est fait.

Vous avez invité le Brésil pour explorer sa culture et déplacer ses réalités dans le contexte béninois, pensez-vous que nos autorités les connaissant prendront tous les enseignements qui seront tirés de la culture brésilienne pour faire avancer notre culture ?

 Honnêtement cela n’est pas notre but.  Nous ne choisissons pas des pays dans le but que les autorités béninoises en tire des enseignements. Notre objectif premier, c’est de faire partager les images, les réalités de ces pays là aux populations. C’est vrai qu’on connait le Brésil sur le plan des télénovélas, mais on n’a pas encore de contact avec les films de cinéma et les documentaires brésiliens. Les deux pays on une politique culturelle commune et beaucoup de choses se font. Lagunimages n’a pas la prétention de dire aux autorités ce qu’elles doivent faire par rapport à la culture bénino-brésilienne. Tout ce que nous, nous voulons c’est de monter aux populations qui n’y ont pas accès, qu’au Brésil il y a des gens qui ont qui des choses à dire, des histoires à raconter et voilà leurs histoires, juste pour leur dire qu’ils ne sont pas trop différents de ce peuple brésilien.

Vous-même vous êtes une grande réalisatrice qui fait la fierté du Bénin sur plusieurs festivals à travers le monde, quel regard portez-vous sur le cinéma béninois, la réalisation est-ce normalement ce qui devrait être fait qui est fait là ?

Moi généralement, je n’ai pas la langue du bois par rapport à ça. Mais grande réalisatrice, c’est un peu exagéré, disons que j’essaie de faire ce que je fais correctement et il y a de la reconnaissance quelque part quand on fait son travail correctement. Moi  ce que je dis au niveau de la réalisation et au niveau de tout ce qui est du domaine cinéma et audio visuel, ça va prend du temps. C’est vrai que lorsqu’on compare au Burkina et à d’autres pays qui sont en avance sur nous, on ne pourrait pas y arriver. Ici chez nous, le réveil se fait, mais lent. Il y a une école qui depuis quelques années, forme des générations de cinéastes qui se retrouvent sur le marché du travail. Il faut être honnête, que parmi ces enfants, les techniciens, cadreurs, monteurs trouvent rapidement du travail, ce n’est pas le cas chez les réalisateurs.  Pour pouvoir travailler et réaliser des films, il faut bien qu’ils y aient des producteurs qui financent des films et qui vous engage. Ça ne marche pas parce que le milieu n’est pas structuré.  Justement dans ce cadre, un ami qui vient de Paris sera là pour la leçon de cinéma sur le financement participatif. Car en Europe aussi, les réalisateurs sont confrontés aux mêmes problèmes. C’est pourquoi ils ont pensé au financement participatif, qui consiste à faire appel à la population aux institutions en leur disant de prendre des parts dans le film à tourner et après sa sortie et la vente ils ont leur investissement et des bénéfices. Ça peut beaucoup aider à tourner des films.

Vous êtes au Bénin depuis un moment, qu’est-ce qu’on peut retenir de votre filmographie et depuis quand vous êtes dans la réalisation professionnelle ?

Moi j’ai eu parcourt un peu atypique hein. J’ai décidé en fait de faire de la réalisation à partir de 2004, mais comme ici c’est un métier qui ne nourrit pas son homme, je le fait parallèlement à mes autres activités.  Donc c’est très difficile c’est pour ça qu’entre une œuvre et une autre il faut des années. J’ai donc à mon actif un documentaire, un long métrage de télévision et là je suis entrain de produire et de réaliser une série télévisée de 20 fois 26 minutes qui sera en deux saisons, mais c’est la première saison que je suis entrain de tourner là maintenant.  Donc avec l’association Lagunimage on a décidé d’essayer à partir de 2014, ce model de financement participatif, puisque l’association est composé de professionnels, des acteurs, des réalisateurs, des techniciens. On fait un projet de film sur lequel ceux qui participe ne sont pas directement payé, quand le projet est terminé, il est vendu et chacun perçoit son investissement qui ici est physique et si ça marche on pourra essayer avec les populations et les institutions.

Pour finir parler nous de votre film qui sera projeté sur cette édition de Lagunimages ?

C’est le premier épisode de la série dont je viens de parler plus haut. La série parle d’un instituteur  veuf avec trois enfants, qui est affecté de ville en village à travers le Bénin. Dès qu’il arrive dans son lieu d’affectation, il a un enfant, Soulé qui est très sensible, qui souvent est mêlé à des histoires qui ne le regarde pas. Soit c’est pour aider un camarade de classe qui a des problèmes ou un habitant du village, il se retrouve toujours dans l’imbroglio et à la fin trouve toujours des solutions pour aider et tout se passe bien. Cette Word première contrairement à l’habitude qui veut que les gens aillent faire la Word première dans les grands festivals, ce sont les enfants de l’école de Godomey et aux populations d’Allada qui méritent aussi bien cette Word première.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE



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