‘’Le Bénin à beaucoup à y gagner en suivant l’exemple de la Chine sur le plan artistique et culturel’’
Premier journaliste culturel béninois à être lauréat sur ce qui était
jadis le Happy Springs festival et à visiter la Chine, grâce au fruit du
travail bien fait, il est aujourd’hui l’un des acteurs culturels majeurs sur
lesquels le Bénin peut compter pour asseoir sa notoriété culturel sur le plan
international. Gestionnaire du patrimoine et administrateur des actions
culturelles, Happy Sylvestre Goudou, président du Réseau des journalistes et
animateurs culturels (Réjac), nous parle de sa visite en Chine, des expériences tirées. Lisez plutôt.
Happy Sylvestre GOUDOU |
Vous étiez le premier journaliste à être tiré au sort pour visiter la
Chine suite à vos publications, réalisations de magasines sur la fête du
printemps chinois, racontez-nous cette expérience ?
Oui j’étais effectivement le
premier à être lauréat du Happy Springs festival, devenu Happy chinese new
year. C’était en mars, le 03 mars pour être plus précis que le tirage au sort a
été fait. Nous étions alors trois lauréats, Claude Urbain Plagbéto, pour la
presse écrite, Patrick Djossou, lauréat télévision et moi-même lauréat radio.
Donc après le tirage au sort, j’ai été le plus chanceux à bénéficier de la
bourse pour aller visiter la Chine. Je
rappelle que j’étais en formation de gestion du patrimoine culturel à l’Uac, je
préparais mon DEA. Mais à cela n’empêche, ils m’ont gardé cette bourse et c’est
en Août 2012, que j’ai eu l’occasion de
visiter la Chine. J’avoue que l’accueil était formidable. C’est la visite
touristique qui nous a réellement mis en contact avec la richesse culturel de
l’Empire du Milieu. Moi j’étais à Beijing à Pékin, cette ville qui regorge de
beaucoup de sites patrimoniaux. Il n’y avait pas d’ennui, ni de repos. En un
mois et demi, j’ai visité deux grandes provinces, dont Hei Longjiang, proche de
la Russie. En Chine, chaque région à sa spécificité et à Hei Longjiang, ce sont
de grosses usines, de fabrication de turbines à gaz, des barrages électriques,
etc. Leur plus grande chaîne de Télévision, qui a souvent gagné des prix à
l’international est basée dans cette région. C’était une expérience très très enrichissante
pour l’étudiant en gestion de patrimoine culturel que j’étais. Cette expérience
m’a confortée dans ma vision de redorer le blason de la promotion du patrimoine
culturel du Bénin.
Mais vous parlez de richesse culturelle, de sites patrimoniaux dont
regorge la Chine, le Bénin
votre pays, n’est-il pas aussi riche culturellement
parlant, n’a-t-il pas des sites patrimoniaux ?
Très sincèrement je vous dirai la
vérité. Nous avons au Bénin d’énormes potentialités, mais les moyens pour les
valoriser font défaut. Ce que nous avons vu en Chine, c’est juste que ce pays ait
su mettre les moyens pour valoriser ses potentialités, ses atouts patrimoniaux
et touristiques. Aujourd’hui le Stade
olympique de Beijing qui a abrité les JO 2008, avec sa forme de Nid d’oiseaux
est devenu un site touristique et plus de dix mille visiteurs achètent des
tickets par jour pour le visiter, renflouant ainsi les caisses de l’Etat
chinois. Chez nous, nous avons plusieurs
sites patrimoniaux, par exemple le site des palais royaux d’Abomey. Voilà un
site qui est inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial, c’est un
atout majeur, les touristes viennent. Mais est-ce que c’est ce que ce site là
pouvait nous rapporter qu’il rapporte aujourd’hui ? Non parce que l’Etat n’a pas un bon plan de
gestion. Il faut un plan de gestion orthodoxe pour rentabiliser ce site
là. Mais il n’y a pas, c’est musée et
c’est finit.
Attendez, selon vous l’Etat béninois ne met vraiment pas les moyens
pour valoriser le patrimoine culturel, qu’est-ce qui vous permet de
l’affirmer ?
Ecoutez, le site des palais
royaux d’Abomey est un vaste domaine de 47 hectares à valoriser et dont lorsque
le circuit touristique est bien établi, ce patrimoine peut rapporter beaucoup à
l’Etat béninois. Mais aujourd’hui, on se rue vers le coton en y investissant
des milliards de francs et après ce sont des insectes qui envahissent ces champs de
coton et qui détruisent tout, ainsi s’envolent des milliards. Dans ce pays le
chef de l’Etat avait investi 14 milliards dans le coton, ce qui dépassait très
largement le budget du ministère de la culture qui à l’époque était de 5
milliards, donc c’est qu’il y a encore beaucoup à faire au Bénin. Et tant que
les gens porteront espoir en ces choses matérielles qui ne durent point, ils
vont échouer dans le développement et le Bénin va échouer et c’est nous qui empâtissons.
Mais il y a des efforts qui se font quand même non ?
Non, s’il vous plait. Je vous dis
ceci, lorsqu’on sait que le Bénin n’a rien à vendre aux autres que si ce n’est
sa culture et justement qu’on laisse cette culture, ces sites patrimoniaux
inexploités, vous voulez me parler d’efforts. Tenez nous avons beaucoup de
potentialités culturelles qu’il faut valoriser, la route des pêches depuis des
années, n’a jamais été concrète. Il faut alors revenir à la base, parce que
l’africain que nous sommes, le béninois que nous sommes n’a rien à prouver à part
sa culture qui fait son identité. Donc il faut en plus de tout ça, faire aussi
de la sauvegarde du patrimoine immatériel. Nous sommes trop riches au Bénin,
donc si la Chine s’est développée à partir de sa culture, c’est ce que je suis allé constater de visu, je crois
que le Bénin à beaucoup à y gagner en suivant l’exemple de la Chine sur le plan
artistique et culturel. Le Bénin a intérêt à vraiment suivre l’exemple de la
Chine et ne plus faire de l’à peu près. L’autre chose qu’il ne faut pas perdre
de vue, est forcément l’apprentissage. Il faut aller à l’école, même si on a
les potentialités il faut se faire former, même quand c’est un don, pour savoir
se conformer aux normes internationales.
Dans le contexte du Bénin pensez-vous qu’il y ait des cadres capables
de gérer le patrimoine culturel du Bénin ?
Aujourd’hui au Bénin, il y a trop
de laisser aller. On ne mais pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Si
par exemple pour désigner des administrateurs au fonds d’aide à la culture, qui
décident de quel projet est éligible pour gagner le fonds et redynamiser le
secteur culturel, c’est des illettrés, des gens qui ne savent même pas analyser
un dossier, c’est ceux-là qu’on envoie au fonds d’aide, le Bénin ne gagnera
jamais. On va beau investir dans la
culture, mais se serait pour dire après : qu’est-ce que la culture
rapporte ? C’est pour toutes ses raisons, que dans ma thèse de master II
en gestion du patrimoine culturel, j’ai dit que lorsque nous évoluerons dans
cet amateurisme on n’ira nulle part. Parce qu’il y a trop de délits d’initié,
car les mêmes personnes qui siègent au fonds d’aide, ce sont les mêmes qui
produisent des dossiers, ce sont les mêmes qui attribuent les fonds et qui
passent par derrière pour les prendre. Alors celui qui est sensé suivre la gestion du
fonds perçu se retrouve être l’organisateur, d’un festival fomenté de toutes
pièces. On organise alors une cérémonie d’ouverture officielle médiatisée et
après le festival s’arrête là.
Selon vous cet état de chose contribue-t-il à la sauvegarde du
patrimoine culturel ?
Non, évidemment. C’est la
pratique de nos rythmes, la pratique du patrimoine qui constitue sa sauvegarde.
Ceci permet la transmission de génération en génération et assure la pérennité.
Donc si le contenu de la programmation est vide, il n’y a pas sauvegarde et le
but visé par le fonds d’aide a échoué. Je crois alors qu’il faut changer tout ça, car
aujourd’hui à l’Uac, il y a l’Enam qui forme des gestionnaires du patrimoine
culturel, des administrateurs d’actions culturelles, dont je fais partie. Je
crois qu’on peut déjà commencer à faire confiance en ceux là et ceux qui ne maîtrisent
rien et qui se sont accaparés des postes et nuisent à la république, je crois
qu’ils sont en entrain de connaitre leur déclin.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
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