mercredi 19 février 2014

HCNY 2014 Happy Sylvestre Goudou se prononce

‘’Le Bénin à beaucoup à y gagner en suivant l’exemple de la Chine sur le plan artistique et culturel’’


Premier journaliste culturel béninois à être lauréat sur ce qui était jadis le Happy Springs festival et à visiter la Chine, grâce au fruit du travail bien fait, il est aujourd’hui l’un des acteurs culturels majeurs sur lesquels le Bénin peut compter pour asseoir sa notoriété culturel sur le plan international. Gestionnaire du patrimoine et administrateur des actions culturelles, Happy Sylvestre Goudou, président du Réseau des journalistes et animateurs culturels (Réjac), nous parle de sa visite en  Chine, des expériences tirées. Lisez plutôt.
Happy Sylvestre GOUDOU

Vous étiez le premier journaliste à être tiré au sort pour visiter la Chine suite à vos publications, réalisations de magasines sur la fête du printemps chinois, racontez-nous cette expérience ?

Oui j’étais effectivement le premier à être lauréat du Happy Springs festival, devenu Happy chinese new year. C’était en mars, le 03 mars pour être plus précis que le tirage au sort a été fait. Nous étions alors trois lauréats, Claude Urbain Plagbéto, pour la presse écrite, Patrick Djossou, lauréat télévision et moi-même lauréat radio. Donc après le tirage au sort, j’ai été le plus chanceux à bénéficier de la bourse pour aller visiter la Chine.  Je rappelle que j’étais en formation de gestion du patrimoine culturel à l’Uac, je préparais mon DEA. Mais à cela n’empêche, ils m’ont gardé cette bourse et c’est en Août  2012, que j’ai eu l’occasion de visiter la Chine. J’avoue que l’accueil était formidable. C’est la visite touristique qui nous a réellement mis en contact avec la richesse culturel de l’Empire du Milieu. Moi j’étais à Beijing à Pékin, cette ville qui regorge de beaucoup de sites patrimoniaux. Il n’y avait pas d’ennui, ni de repos. En un mois et demi, j’ai visité deux grandes provinces, dont Hei Longjiang, proche de la Russie. En Chine, chaque région à sa spécificité et à Hei Longjiang, ce sont de grosses usines, de fabrication de turbines à gaz, des barrages électriques, etc. Leur plus grande chaîne de Télévision, qui a souvent gagné des prix à l’international est basée dans cette région.  C’était une expérience très très enrichissante pour l’étudiant en gestion de patrimoine culturel que j’étais. Cette expérience m’a confortée dans ma vision de redorer le blason de la promotion du patrimoine culturel du Bénin.

Mais vous parlez de richesse culturelle, de sites patrimoniaux dont regorge la Chine, le Bénin 
votre pays, n’est-il pas aussi riche culturellement parlant, n’a-t-il pas des sites patrimoniaux ?

Très sincèrement je vous dirai la vérité. Nous avons au Bénin d’énormes potentialités, mais les moyens pour les valoriser font défaut. Ce que nous avons vu en Chine, c’est juste que ce pays ait su mettre les moyens pour valoriser ses potentialités, ses atouts patrimoniaux et touristiques.  Aujourd’hui le Stade olympique de Beijing qui a abrité les JO 2008, avec sa forme de Nid d’oiseaux est devenu un site touristique et plus de dix mille visiteurs achètent des tickets par jour pour le visiter, renflouant ainsi les caisses de l’Etat chinois.  Chez nous, nous avons plusieurs sites patrimoniaux, par exemple le site des palais royaux d’Abomey. Voilà un site qui est inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial, c’est un atout majeur, les touristes viennent. Mais est-ce que c’est ce que ce site là pouvait nous rapporter qu’il rapporte aujourd’hui ?  Non parce que l’Etat n’a pas un bon plan de gestion. Il faut un plan de gestion orthodoxe pour rentabiliser ce site là.  Mais il n’y a pas, c’est musée et c’est finit.

Attendez, selon vous l’Etat béninois ne met vraiment pas les moyens pour valoriser le patrimoine culturel, qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?

Ecoutez, le site des palais royaux d’Abomey est un vaste domaine de 47 hectares à valoriser et dont lorsque le circuit touristique est bien établi, ce patrimoine peut rapporter beaucoup à l’Etat béninois. Mais aujourd’hui, on se rue vers le coton en y investissant des milliards de francs et après ce sont  des insectes qui envahissent ces champs de coton et qui détruisent tout, ainsi s’envolent des milliards. Dans ce pays le chef de l’Etat avait investi 14 milliards dans le coton, ce qui dépassait très largement le budget du ministère de la culture qui à l’époque était de 5 milliards, donc c’est qu’il y a encore beaucoup à faire au Bénin. Et tant que les gens porteront espoir en ces choses matérielles qui ne durent point, ils vont échouer dans le développement et le Bénin va échouer et c’est nous qui empâtissons.  

Mais il y a des efforts qui se font quand même non ?

Non, s’il vous plait. Je vous dis ceci, lorsqu’on sait que le Bénin n’a rien à vendre aux autres que si ce n’est sa culture et justement qu’on laisse cette culture, ces sites patrimoniaux inexploités, vous voulez me parler d’efforts. Tenez nous avons beaucoup de potentialités culturelles qu’il faut valoriser, la route des pêches depuis des années, n’a jamais été concrète. Il faut alors revenir à la base, parce que l’africain que nous sommes, le béninois que nous sommes n’a rien à prouver à part sa culture qui fait son identité. Donc il faut en plus de tout ça, faire aussi de la sauvegarde du patrimoine immatériel. Nous sommes trop riches au Bénin, donc si la Chine s’est développée à partir de sa culture, c’est ce  que je suis allé constater de visu, je crois que le Bénin à beaucoup à y gagner en suivant l’exemple de la Chine sur le plan artistique et culturel. Le Bénin a intérêt à vraiment suivre l’exemple de la Chine et ne plus faire de l’à peu près. L’autre chose qu’il ne faut pas perdre de vue, est forcément l’apprentissage. Il faut aller à l’école, même si on a les potentialités il faut se faire former, même quand c’est un don, pour savoir se conformer  aux normes internationales.

Dans le contexte du Bénin pensez-vous qu’il y ait des cadres capables de gérer le patrimoine culturel du Bénin ?

Aujourd’hui au Bénin, il y a trop de laisser aller. On ne mais pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Si par exemple pour désigner des administrateurs au fonds d’aide à la culture, qui décident de quel projet est éligible pour gagner le fonds et redynamiser le secteur culturel, c’est des illettrés, des gens qui ne savent même pas analyser un dossier, c’est ceux-là qu’on envoie au fonds d’aide, le Bénin ne gagnera jamais.  On va beau investir dans la culture, mais se serait pour dire après : qu’est-ce que la culture rapporte ? C’est pour toutes ses raisons, que dans ma thèse de master II en gestion du patrimoine culturel, j’ai dit que lorsque nous évoluerons dans cet amateurisme on n’ira nulle part. Parce qu’il y a trop de délits d’initié, car les mêmes personnes qui siègent au fonds d’aide, ce sont les mêmes qui produisent des dossiers, ce sont les mêmes qui attribuent les fonds et qui passent par derrière pour les prendre.  Alors celui qui est sensé suivre la gestion du fonds perçu se retrouve être l’organisateur, d’un festival fomenté de toutes pièces. On organise alors une cérémonie d’ouverture officielle médiatisée et après le festival s’arrête là.

Selon vous cet état de chose contribue-t-il à la sauvegarde du patrimoine culturel ?

Non, évidemment. C’est la pratique de nos rythmes, la pratique du patrimoine qui constitue sa sauvegarde. Ceci permet la transmission de génération en génération et assure la pérennité. Donc si le contenu de la programmation est vide, il n’y a pas sauvegarde et le but visé par le fonds d’aide a échoué.  Je crois alors qu’il faut changer tout ça, car aujourd’hui à l’Uac, il y a l’Enam qui forme des gestionnaires du patrimoine culturel, des administrateurs d’actions culturelles, dont je fais partie. Je crois qu’on peut déjà commencer à faire confiance en ceux là et ceux qui ne maîtrisent rien et qui se sont accaparés des postes et nuisent à la république, je crois qu’ils sont en entrain de connaitre leur déclin.


Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire