mercredi 23 avril 2014

Revalorisation des chants, danses et rythmes de nos couvents

Un séminaire de formation initié par Hounnongan Atcho Dègnon se penche sur la question

L’hôtel le Refuge de Zogbadjè dans la commune d’Abomey-Calavi abrite depuis hier et ce pour trois jours un séminaire pas comme les autres. Réfléchir sur les rythmes, danses et chants de nos valeurs endogènes, culturelles et cultuelles de sourceset former les jeunes gens à bien les exécuter, afin qu’ils ne disparaissent, cesont les raisons qui justifient l’organisation et la tenue, d’un tel séminaire. Initiative de Hounnongan Atcho Dègnon ou Olga Vigouroux à l’état civil, ce séminaire réunit tous les grands couvents du culte Thron, Sakpata et plusieurs autres. Tout ceci se déroulait sous le regard vigilant de Hafiz Abdel Gomina, représentant du Dfac empêché, qui est venu lancer officiellement le séminaire de formation et plusieurs Hauts dignitaires du culte Vodoun dont Hounnongan Guendéhou de Vèdoko.
Le présidium lors du lancement du séminaire, avec Hounnongan Guendéhou au milieu

Depuis hier et ce jusqu’à demain vendredi 25 avril 2014, un séminaire de formation se déroule à l’hôtel le Refuge de Calavi.Initiative de Hounnongan Atcho Dègnon, ce séminaire vise la revalorisation des rythmes, danses et chant de nos valeurs culturelles et cultuelles qui se meurent. Grande prêtresse du culte Thron Kpéto Déka Alafia, cette brave dame artiste comédienne et musicienne est reconnue pour ses chansons qui honorent et glorifient les valeurs endogènes et la tradition. Etant complètement moulée dans ces rythmes, danses et chants de nos couvents, Hounnongan Atcho Dègnon a fait le constat amer qui constitue, que les rythmes, chants et danses des valeurs culturelles et culturelles sont de plus en plus exploités par les églises, toutes tendances confondues. Le même constat fait état de ce qu’aujourd’hui, la jeune génération, ne sais plus chanter ces merveilleuses chansons, ni danser sur ces rythmes et cadences. Soutenue par le ministère de la culture à travers la direction du fonds d’aide à la culture, l’Ets Onel Sarl et autres, elle entend au détour d’un séminaire de formation qui durera trois jours corriger le tir. Un grand rendez-vous du donner et du recevoir, qui selon Hounnongan Atcho Dègnon permettra de redorer le blason des rythmes, cadences et chansons de nos valeurs culturelles et cultuelles. « Il n’est plus un secret pour personne qu’un peuple qui vit sans sa culture est un peuple sans racines », dixit Hounnongan Atcho Dègnon. Elle va plus loin en disant : « nous avons le devoir de ne pas laisser périr les valeurs intrinsèques de notre culture et de notre culte ». C’est donc pour ces raisons que la Congrégation nationale des initiés du saint esprit Thron Alafia (Cnisetha) appuyé par le fonds d’aide a organisé ce séminaire. Ces assises constituent pour le Bénin un grand moment et un projet fondamental dans son processus de croissance, car sans la culture, la vraie et le cultuel, aucun pays ne peut amorcer un réel  développement. Sortir, les différents rythmes des couvents, les rendre plus attrayant, plus accessible et les revaloriser afin qu’ils ne disparaissent face à la furie des rythmes occidentaux. C’est pourquoi,  Hounnongan Atcho Dègnon invitera les participants à ne pas faire économie de vérité, ni de réserves dans les échanges, car il est impérieux de nos jours de connaitre les différents rythmes de nos couvents. Au total une quinzaine de rythmes sont au cœur des échanges, autour de ces rythmes, plusieurs autres viendront se greffer pour plus de visibilité désormais à nos valeurs culturelles et cultuelles de sources. Il s’agit entre autre de Gogbahoun, Assigahoun, Agbotchébou, Adanhoun, Adjoganhoun, Kpanhougléhoun, et plusieurs autres. Ces rythmes seront réétudiés et des béninoises et béninois formés pour les exécuter en danses, chants et en percussions.

Patrick Hervé YOBODE

Quelques Dignitaires apprécient l’initiative

Hounnongan Aïdoté Wadédji
Hounnongan Aïdoté Wadédji de Tokan :moi je suis très heureux de cette initiative, car ce qui est pour nous, qui ressort de nos valeurs culturelles et cultuelles nous ne devons pas perdre cela et c’est pour ça que nous nous battons jours et nuits. C’est une très bonne initiative à travers laquelle tout le pays aura la paix et la bénédiction. Souvent des gens jettent de l’opprobre sur les Vodoun, sur nos valeurs endogènes, on les targue de sataniques, or c’est tout le contraire. Ce sont ces  Vodoun qui de par leur bienfaisance garde ce pays. Nous ne devons en aucun cas abandonner ce qui est pour nous et le vodoun Thron est une divinité qui accepte tout le monde, il faut juste savoir respecter ses interdits. Donc les autorités de ce pays doivent accompagner une telle initiative pour le bonheur commun et une fois encore merci au Hounnongan Atcho Dègnon.

Hounnongan Dédo
Hounnongan Dédo d’Agla : écoutez cette initiative est vraiment salutaire. Savez-vous pourquoi ? Je vous le dis parce que si on ne sortait pas ces rythmes et cadences des couvents pour les revaloriser, les gens croiront que les danses qui sont exécutées aujourd’hui dans les églises, sont leurs propriétés. Ce qui est totalement faut, car c’est de nos danses, rythmes et chansons de nos couvents et des Vodoun que tout est tiré. Observez toutes les danses aujourd’hui et vous comprendrez quelque chose. Quant à la question du dialogue inter religieux, nous prêtres et adeptes du culte Vodoun, sommes toujours prêts et disposés, mais ce sont plutôt les autres congrégations qui refusent de se mettre ensemble avec nous. Mais si déjà nous sommes dans le même pays, nous nous demandons, si nous achetons dans le même marché, si nous parlons les mêmes langues, etc. et le comble c’est que tous ceux-ci  viennent à nous une fois la nuit tombée. On ne peut que féliciter notre sœur Hounnongan Atcho Dègnon, pour la géniale idée.

Gbènon le Dinosaure de Womey :moi j’ai la chair de poule, car je suis de l’église du christianisme céleste rénovée. Mais vous avez vu comment mon intervention a été ovationnée. Ceci prouve que nous sommes en train de nous tromper de chemin, nous faisons la même chose, mais nous nous trompons de chemin. Nous devons reconnaitre que cette initiative du Hounnongan Atcho Dègnon est la bienvenue pour corriger beaucoup de choses et nous lui disons merci.

Hounnon Agbohoundji Guendéhou
Hounnon Agbohoundji Guendéhou de Vèdoko :je suis le fils du vénérable Hounnongan Guendéhou. Pour moi, ce qui nous réunit ici ce jour est venu à point nommé. Une initiative de Hounnongan Atcho Dègnon qu’il convient de saluer et d’aider pour sa pérennisation, car les confessions religieuses tentent par tous les moyens de faire disparaitre nos valeurs culturelles et culturelles de sources. Mais dans le même temps c’est de ces valeurs là qu’ils se servent. Regardez aujourd’hui dans les églises, les chants, les rythmes et les danses, mais ce sont des rythmes, danses et chants de nos couvents qu’ils exploitent. C’est donc une initiative qu’il faut accompagner afin que ce qui est pour nous ne se meure. Les Vodoun et les mânes de nos ancêtres la combleront de bénédictions afin qu’elle ne manque d’idées.


Hounnongan Atcho Dègnon, initiatrice du séminaire
Hounnongan Atcho Dègnon de Womey initiatrice du séminaire :j’ai initié ce séminaire parce que j’ai constaté que les rythmes, danses et chants issus de nos couvents sont en train de disparaitre. Les jeunes aujourd’hui ne savent plus esquisser les pas sur ces cadences et rythmes là. Alors qu’en notre temps, nous autres avons appris à danser, chanter et faire de la percussion. L’autre chose est que les religions importées, ont pris d’assaut ces rythmes, danseset chants qu’elles façonnent à leur manière et se redressent par la suite contre les vodoun qui  sont propriétaires de ces rythmes, danses et chants. Le plus grand Vodoun dans ce monde, ce sont les masques Kalétas, à ce niveau aussi, ces masques sont en train de disparaitre. Ce que nous avons oublié, c’est qu’avant l’arrivée du colon blanc, nous avions nos principes, nos valeurs, notre manière de nous habiller, notre façon de voir les choses et nos aliments. Alors pourquoi aujourd’hui, nous allons abandonner tout ça pour commencer à porter des jeans et laisser les fesses nues. Je remercie la Dfac grâce à qui j’ai pu organiser ce séminaire.

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