samedi 5 avril 2014

Entretien avec Johnny Boga, un talent pur au service de la musique gospel

‘’Sur mon 1er opus ‘’Bénédiction’’je conscientise sur la vie, la vraie pour espérer partager le souper avec la Cour Céleste’’

La musique gospel du Bénin se prépare à enregistrer, un talent, un monument. A l’état civil Gabin Amoussou Gansè, il est plus connu sous le nom d’artisteJohnny Boga.Receveurau pont de péage et de pesage d’Ekpèl’enfant du pays est originaire de la cité historique des Houégbadjavi. Après s’être moulé dans sa culture et les rythmes musicaux de sa terre natale, dans une enfance passée entre curiosité et passion à apprendre, savoir et connaitre, la manipulation de tel ou tel instrument musical ; ses parents le ramenèrent dans la mégalopole du Bénin.Là, il donne corps à sa passion en apprenant plusieurs instruments au sein de plusieurs chorales des enfants et des jeunes. Il se forgera une réputation,qui suscite de l’engouement dans le rang des connaisseurs de la musique. Il connait la musique et ses contours, car l’ayant appris  à lire et à écrire. Après plusieurs années passées à diriger les chorales françaises de l’Eglise Catholique, le voilà qui se prépare à se mettre devant les feux des projecteurs. Son premier opus baptisé ‘’Bénédiction’’, qui est une véritable biscotte, se dégustera sans modération vue sa consistance.Un livre sonore auquel il imprime son savoir-faire en mettant l’identité culturelle du Bénin, au service de la musique gospel. Il nous en parle dans cet entretien avec beaucoup d’envie. Lisez plutôt.
 
Johnny Boga un talent sûr au service du gospel béninois
S’il vous était donné de raconter votre parcours dans la musique, que diriez-vous ?

Merci M. le journaliste. Vous savez, j’ai passé mon enfance au village auprès de ma grand-mère, qui nous avait habitués aux rythmes traditionnels de chez nous. Vous savez aussi que dans nos villages, souvent les grandes réjouissances se terminent toujours pas des cérémonies cultuelles et les chants et danses vodoun.  Donc c’est dans un environnement pareil que j’ai grandi. Mes frères et moi avions pris goût aux tam-tams et apprenaient à devenir des batteurs, surtout le Kpézin du rythme Zinli, d’Abomey.  Mais une fois venu à Cotonou, nous avions constaté, que c’est deux mondes différents.  Au village c’était beaucoup plus des genres traditionnels de la musique, mais en ville on a découvert la musique moderne. Très jeunes donc,  nous avons commencé par apprendre à jouer aux instruments musicaux modernes, dans la chorale des enfants. Après plusieurs années d’expériences dans la chorale des enfants et vue que l’on prenait de l’âge, j’ai intégré la chorale des jeunes, où j’ai appris à lire, à écrire la musique. C’est ainsi que la mouche m’a piquée. Vue  mon bagage et le back grounds que j’ai dans le domaine, tout ce que j’ai écrit comme musique, je me suis lancé pour mettre mes expériences au service de la musique de mon pays.

Quelles étaient ces chorales au sein desquelles vous vous êtes forgé cette réputation ?

J’ai commencé par la chorale des enfants de la Paroisse Marie Sainte Mère de Midédji à Vèdoko. Après j’ai connu plusieurs chorales des paroisses de Cotonou, avant d’intégré la chorale des enfants de la Paroisse Saint Benoît de Womey. Là j’ai dirigé les deux chorales françaises enfants et jeunes, pendant des années.  C’est sur cette Paroisse que je me suis vraiment forgé la notoriété que les gens reconnaissent en moi aujourd’hui. Après cela depuis 2006, j’ai dirigé la chorale Magnificat du Renouveau Charismatique Catholique (Rcc), avec un bon nombre de maîtres.

Sur votre album qu’est qu’on y retrouve, de combien de titres est-il fait, comment vous l’avez baptisé et quelle sorte de musique faites-vous ?

Sur ce premier album qui est d’ailleurs déjà fin prêt, on y retrouve un peu de tout. C’est un opus sur lequel, je mélange les genres musicaux pour le pur plaisir des sens. Ilcomportera 13 titres, aussi croustillant les uns que les autres. Ce premier opus je l’ai intitulé. C’est un album sur lequel j’ai fait une variété musicale. Tous les genres se donnent rendez-vous là pour louez et adorer Dieu. Donc comprenez que je fais de la musique gospel. J’ai fait cela parce que chacun à son goût et chacun doit pouvoir s’identifier dans ce que l’artiste fait. Si un tel rythme ne plait pas, l’autre pourra plait et vis-versa. Cette pour cette raison que j’ai fait autant de rythme et les chansons n’en parlons pas, car mon puits ne tarira pas de sitôt.

Alors avec autant de chansons en réserve, d’où est-ce Johnny Boga tire ses inspirations ?

Je m’inspire très souvent de la Bible. Tout ce que je fais, vient de là parce que c’est de la musique spirituelle que je fais. Mais je me sers aussi de la musique profane pour ramener des âmes dans la maison de Dieu, car il faut passer par ce que les gens aiment pour atteindre leur cœur. Il faut aussi partir de ce que l’homme ait pour après lui notifier qu’il y a un Dieu pour lui.

Pensez-vous que fusionner la musique gospel et celle profane est une meilleure manière d’inculquer Dieu aux hommes ?

D’abord ce n’est pas une raison, car ce n’est pas en parlant de Dieu à mon frère ou en chantant Dieu devant lui, qu’il l’acceptera, mais c’est aussi mon comportement. Je fais ce mélange parce que j’ai un studio et l’inspiration me vient sous diverses formes et quand elles viennent je les mets sur bande en même temps.

Alors sur cet album de 13 titres, quels sont les messages qu’on y retrouve, quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?

J’aborde souvent dans mes chansons, le thème de la reconversion et la divine puissance de Dieu. Je demande toujours aux hommes d’avoir de l’espoir, de remercier Dieu partout et en toutes circonstances. J’exhorte mes frères à la patience et au courage. Bref

Quels sont les rythmes traditionnels sur lesquels vous faites passer le message de Dieu au monde ?

J’ai pris assez de choses à la musique traditionnelle de mon pays. Par exemple, j’ai pris le rythme Adja qui est en vogue aujourd’hui. Voici un rythme qui jadis était destiné aux Vodoun et réservé pour les couvent. A entendre les clochettes qui résonnent façon, comment on exécute le Adja,  c’est un rythme qui inspire, qui fait mouvoir celui qui l’écoute.  Alors pourquoi ne pas se servir de ce rythme pour faire passer la parole de Dieu. En dehors de ce rythme j’ai fait aussi la salsa, le reggae qui dans son essence est un musique qui permet de revendiquer. Mais pour moi, mon reggae ne revendique pas, mais remercie Dieu pour ce qu’il a fait et continue de faire. J’ai fait également du Soyoyo, que Sipa a gracieusement offert au Bénin. J’ai fait pas mal de rythme.
La jacquette de l'album ''Bénédiction''

Vue la propension vers la musique aujourd’hui au Bénin, vue que malgré cela la musique béninoise peine à s’exporter, qu’est-ce qu’il faudrait selon vous faire pour une musique béninoise plus représentative et vendable au niveau local et international ?

Je vous remercie pour cette question car elle est très belle.  Vous savez, il y a beaucoup de choses à faire au niveau de la musique béninoise. Aujourd’hui au Bénin, le secteur n’est vraiment pas structuré. Si vous prenez un artiste, il est lui seul auteur compositeur, arrangeur et lorsqu’il finit le studio, il devient manager après la sortie de l’œuvre. Hors dans d’autres pays, un artiste debout, c’est une société. C’est toute une équipe bien structurée où chacun est maître dans son domaine et qui encadre l’artiste, pour une carrière réussie.  Ici chez nous, ce n’est pas ce qui se fait.  Dans ces conditions l’artiste s’essouffle et c’est une carrière peut être brillante qui est ainsi jetée en pâture. Il n’y a rien ici, ni de vrais promoteurs, ni de vrais programmateurs, ni concerts, rien de rien. Personne n’est là pour conseiller l’artiste, il sort de son lit, quelque chose lui vient à l’esprit, il se lève il rentre en studio, le résultat, nous le voyons tous. Or si le ministère de la culture depuis lors avait pensé à une école de musique, on n’en serait pas là. Et l’autre chose est que les artistes béninois ne sont pas ouverts aux critiques et ceux qui critiquent ne font guère de critiques constructives.

Un dernier à l’endroit des mélomanes et du public qui auront ce premier album dans leur discothèque à la maison ?

Je leur dirai de consommer, d’acheter du vrai et non du faux. Parce que c’est en achetant nos œuvres que nous allons nous imposer comme ceux de la Côte d’Ivoire, du Ghana et autres.



Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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