dimanche 27 avril 2014

5 questions à Hounnongan Atcho Dègnon après le séminaire de formationdes chants, danses et rythmes de nos couvents

‘’ Je suis entièrement comblée et j’avoue que nos objectifs sont atteints’’


Au lendemain du séminaire de formation sur les rythmes et cadences de nos valeurs culturelles et cultuelles de sources, tenu à l’Hôtel le Refuge de Calavi du 23 au 25 avril 2014, nous sommes allés à la rencontre de celle sui a eu la géniale idée.  Hounnongan Atcho Dègnon, ou à l’état civil Olga Vigouroux, nous fait ici le point des trois jours d’assises et nos confie son état d’âme après une telle initiative qui aura rassemblé un monde fou venu de tous les coins du pays et de tous les couvents et temples. Lisez plutôt.
Hounnongan Atcho Dègnon

Pourquoi avoir initié un séminaire de formation sur les rythmes et cadences de valeurs culturelles et cultuelles de sources ?

J’ai initié ce séminaire de formation juste parce que j’ai remarqué que nos rythmes, nos chants et nos danses sont en train de disparaitre. Les danses occidentales de nos jours prennent le pas sur nos danses et s’affirment avec prépondérance dans le quotidien de nos progénitures.  Alors si on n’y prend garde, c’est notre culture et nos manières de faire qui disparaitront. Il fallait alors faire quelque chose pour ramener les gens vers ce qui est pour nous, ce qui nous identifie. Je suis donc allée voir mes ainés dans le domaine endogène, pour pouvoir recenser les rythmes, parce qu’il n’y a pas les mêmes rythmes partout. Les rythmes diffèrent d’une divinité à une autre, chez Vodoun Sakpata, Thron, Mammy, Hèbiosso, etc. les rythmes ne sont pas les mêmes, ni les mêmes danses, ni les mêmes instruments. Donc sur mon invitation, ils se sont massivement déplacés les Hounnongan et adeptes et pendant trois jours, nous avons reçu des formations sur différents rythmes, cadences, chants et danses. Donc c’est tout juste pour valoriser ces rythmes culturels et cultuels de nos valeurs de sources.

Ces assises ont duré trois jours, alors êtes-vous satisfaite, l’objectif escompté est-il atteint ?

Oui, je suis entièrement comblée et j’avoue que nos objectifs sont atteints. Vous savez, nous avons fait appel à des personnes ressources dans le domaine. Des personnes qui depuis 15, 20, 30 voire 50 ans sont au quotidien en contact avec les réalités de nos couvents, qui vivent les différents chants, rythmes, danses et cadences et qui maîtrisent les contours de la chose. Ils étaient venus nous aider et ils n’ont pas fait économie de vérité, ils ont été très humbles. Il y avait des choses que nous-mêmes on ne savait pas qu’ils nous ont dévoilés. C’était très beau, avec nos ainés, les Hounnongan, adeptes et ces vieillards de nos couvents, l’ambiance était bon enfant, on a appris beaucoup de choses et on n’a dansé et chanté. Les danses que nous exécutons aujourd’hui dans nos couvents et que nous ne maîtrisions pas correctement, ont été corrigées par nos devanciers. Donc j’étais très émue, car je ne m’attendais pas à cette foule, il y avait des gens de partout et presque toutes les divinités qui se sont fait représenter par leurs devanciers.

Au finish, combien de danses, de rythmes et cadences ont été répertoriés au cours de ce séminaire ?

Il y a eu plusieurs, mais nous nous sommes appesantis sur 9 rythmes, danses et cadences. Parmi les 9, 4 ont fait l’objet d’un travail de fond. C’est donc sur les 4 que nous avons beaucoup plus travaillé. Nos ainés nous ont appris, à exécuter ces 4 rythmes et les danses et cadences qui vont avec. C’est parce que les trois jours ne nous ont pas suffi, sinon que c’est un peu complexe ettout ceci a fait que nous n’avons pu maîtriser que 4 rythmes, danses et cadences.

Alors ceux qui ont reçu cette formation et qui savent aujourd’hui exécuter ces différents rythmes, chants et danses, sont-ils à même d’enseigner à leur tour à d’autres personnes ?

Parfaitement bien et c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons opté pour que ce soient nos devanciers qui viennent nous apprendre les choses. Il nous revient nous autres d’aller apprendre donc ces rythmes, chants et danses aux autres adeptes et à nos enfants dans nos couvents et temples. Comme cela dans un an, on fera un point, ces danses, rythmes répertoriés et maîtrisés, nous allons capitaliser des expériences dans leur pratique, histoire de pouvoir les exécuter devant un public.

C’est un séminaire cyclique ou vous l’avez organisé cette année et c’est fini ?

Oui bien sûr, c’est un séminaire qui se tiendra chaque année, avec l’appui nous l’espérons des ministères de la culture et des cultes. Moi je ne vais pas baisser les bras, j’ai eu l’idée, les divinités l’ont épousée, le ministère de la culture m’a soutenue et voilà je le ferai tous les ans et même si je ne suis plus là, mes enfants le feront.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE 


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