dimanche 30 septembre 2012

Entretien avec YAK-LAY Design



‘’L’allure que j’ai, c’est l’allure classique, moi je vise ce qui est compliqué, je n’aime pas la facilité’’


YAK-LAY Design ou la griffe du professionnalisme à la mode
A l’état civil, Hyacinthe Edmé K. Lalèyè, l’homme qui par son nom de créateur capte l’attention, tient une boutique de mode à Cadjèhoun Cotonou. YAK-LAY Design est créateur, styliste, modéliste de renommée internationale. Pour autant l’homme ne s’affiche et aime le travail dans la complète discrétion. Ce passionné de la mode a hérité la création de ses parents et s’était lancé dans l’aventure depuis la classe de 3ème. Après ses hautes études en textile, stylisme et modélisme à Ankara en Turquie, l’homme n’a cessé de susciter de l’engouement dans l’opinion publique nationale et internationale.  Avec un dizaine de distinctions dans la création, YAK-LAY Design nous a reçus dans son Show Room pour un entretien dont voici la quintessence.

Depuis quand YAK-LAY Design est venu dans la mode ?

C’est une longue histoire. Il faut dire que j’ai hérité la mode de mes parents donc, depuis la classe de 3ème j’étais déjà dans la mode. Je jumelais les études et la mode. C’est arrivé en année de Licence en Télécommunication, que j’ai eu une bourse en textile, stylisme et modélisme qui m’a permis d’aller à Ankara en Turquie, où, j’ai fait un stage afin de perfectionner et de parfaire mes connaissances dans la mode. Après cela, j’ai ouvert un Show Room à Cadjèhoun où je travaille toutes sortes de tenues.

Quelle est la collaboration que tu tiens avec les autres stylistes que tu as rencontrés tout au long de ton parcours ?

J’avoue que j’ai rencontré beaucoup de créateurs et parlant de collaboration, c’est vrai que je n’aime pas trop les liens d’amitié. J’aime beaucoup plus travailler dans la discrétion. Mais j’avoue que je m’entends bien avec les créateurs béninois et étrangers, on s’appelle mais on n’est pas trop lié en fait.

Lors de la 1ère édition de la Nuit du Pagne, le public a vraiment apprécié tes créations, comment travailles-tu le tissu pour en sortir de si belles tenues ?

Je reconnais que j’ai une ligne propre à moi, j’ai un style propre à moi et je n’aime pas copier les autres. L’allure que j’ai, c’est l’allure classique. J’aime habiller les dames, pas trop les jeunes filles, parce que, ce que les jeunes filles portent, c’est ce qui est faisable par tous les créateurs, mais moi je vise ce qui est compliqué, je n’aime pas la facilité. Remarquez quand même que si mes tenues paraissent simples, c’est des tenues qui sont conçues à base de patron. Je ne travaille pas sans patronage, ceci justifie le fait que mes tenues ne peuvent être copiées, que par celui qui a fait une haute école de couture. Je m’inspire des cours de couture, des cours illustrés des patrons et juste ce qui plait à mon entourage, parce que dans la mode, il faut s’adapter forcément à ce qui t’entoure.

Tout  au long de ton parcours, tu as raflé des trophées, parle-nous brièvement des prix que YAK-LAY Design a décroché déjà dans sa carrière ?

J’ai eu des prix, ce trophée que vous voyez sur mon bureau, je l’ai eu cette année lors de FESMMA 2012 où sur 5 concurrents, j’étais le 1er créateur. A part cela, j’ai eu d’autres prix comme le prix d’honneur à la journée du textile en janvier 2011 avec la Perle Noire, lors d’un défilé diffusé sur le plan international, j’ai eu un autre prix à Ouagadougou et beaucoup d’autres distinctions. Actuellement, je suis entrain de travailler avec Vlisco, un partenariat nous lie et me permet de développer une autre ligne d’habits, qu’on appelle couramment les drapées. C’est tout naturellement que ma prochaine collection va beaucoup plus s’appesantir sur les drapées.

Comment vit la création au Bénin et quel est l’accueil que réserve le public aux créations des stylistes que vous êtes ?

Bon j’avoue quand même que le public apprécie mes travaux. J’ai remarqué que ce qui les sidère plus actuellement, c’est les drapées. Vous allez souvent entendre parlant de YAK-LAY Design, c’est le jeune qui fait les drapées là, au fait les drapées c’est quelque chose qui n’est pas trop courant. Vous voyez, les créateurs s’habituent souvent à la confection des habits. Les drapées, tu peux prendre un pagne et faire avec des épingle une tenue et on va croire à une confection. C’est en fait ça qui fait grandir plus mon nom au Bénin et partout ailleurs.

Justement par rapport à ce public, parle-nous de ces personnalités que YAK-LAY Design habille ?

Rire…. Parlant de personnalités, c’est une croix rouge, Rire. C’est une croix rouge parce que mes clients m’empêchent de dire aux gens que je les habille. Ils m’interdisent même de mettre leurs noms dans mon cahier de mesure et me contraignent à abréger. Je me rappelle une fois, j’ai appelé le nom d’une cliente à quelqu’un et lorsqu’elle a appris elle était fâchée. Entre ma clientèle et moi c’est la confidentialité. C’est ce qui justifie d’ailleurs la faible affluence ici à la boutique.

Alors ne penses-tu pas que cette confidentialité fait entorse à ta carrière et à ta renommée ?

Tout à fait, mais je pense que je n’ai pas le choix, ça porte entorse mais c’est des gens qui payent bien et il faut reconnaitre qu’ici au Bénin, il y a très peu de gens qui payent bien. Il y a très peu qui reconnaissent la valeur des créateurs, c’est d’ailleurs pour cette raison que je n’aime pas habiller les jeunes filles. C’est souvent les dames, les personnalités, voyez-vous. Il faut donc pas perdre la confiance de ceux là et dans la mode ce n’est pas un nombre élevé de clients qui importe, le mieux c’est d’abord la confiance du peu qu’on a.

Quels sont tes projets à court, moyen et long terme ?

Actuellement, j’ai la pression de part et d’autre. Les gens n’arrêtent pas de me forcer pour ma propre collection, donc je suis entrain de prévoir d’ici trois mois, c’est-à-dire à mis décembre, quelque chose afin de montrer au public ce que je fais et qui je suis dans cette jungle de la mode. Parlant de projets, c’est le défilé. Mais quand il s’agit de mes visions, je parlerai de ma maison de mode qui doit être constituées d’une centaine de machines industrielles, des fers à repasser industriels avec plus de 100 employés et où le travail se fera à la chaîne. Il y a également l’ouverture d’une haute école de couture ici au Bénin.

Un mot à l’endroit des béninois afin qu’ils adoptent les créations des stylistes locaux que vous êtes ?

Le public béninois, actuellement s’attache aux créations des créateurs que nous sommes, contrairement aux années antérieures. Je voudrais humblement leur demander d’accorder davantage du prix au pagne et aux créations des créateurs et stylistes de chez eux. Je remercie ceux là qui m’ont fait confiance et qui ont adopté mes créations.

  

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