‘’Je lance mon 3ème album ‘’Mavula States’’ ce 20 septembre’’
Congolais par son
père et béninois par sa mère, Toko Kimbembé est l’une des icônes du mouvement
HIP-HOP en Afrique. Très tôt influencé par la musique occidentale des années
70, l’enfant né dans une famille où la musique est un totem, fut foudroyé en
plein milieu des années 80 par le HIP-HOP.
Plus connu sous le nom de Kaysee Edge Montejano, l’enfant terrible du
rap africain a connu les scènes, les battles, les grounds etc. Ecrire étant ce
qu’il aime le mieux, il pense que la musique est un moyen d’évasion dans une
société pervertie par l’homme poussière. La musique constitue donc pour lui un
canal qui donne vie à ses textes sans quoi il ne vit pas. En prélude au
lancement de son troisième opus, il nous a accordé une interview dont voici la
teneur.
Affiche Mavula States |
D’où est-ce que l’enfant
terrible du HIP-HOP africain tire ce nom d’artiste Kaysee Edge Montejano ?
Kaysee Edge Montejano |
Si vous voulez ou en réalité Kaysee Edge, n’est qu’une interversion
de mon prénom et de mon nom. Ce sera long à expliquer mais j’essayerai d’être
succinct. Je disais que Kimbembé était l’un
de mes noms, j’ai un nom composé de Toko et Kimbembé, Bénino-Congolais. Mon prénom
c’est Jacy et Kimbembé commence par K.
Alors lorsque j’enlève le Y de Jacy et que j’ajoute le K ça donne Jack, donc on
m’a longtemps appelé Jack. C’est la fusion de Kimbembé et de Jacy écrit en
toute lettre à l’envers qui donne Kaysee Edge, Montejano est venu bien après. Tout
ceci se passait lorsque j’avais 15 ans donc j’ai voulu le garder ainsi, car
cela tenait d’une pureté.
Raconte-nous tes
débuts dans ce genre musical pas toujours très aimé des parents à l’époque ?
Mais écoutez, la musique c’est une histoire de famille chez
moi. Je suis né dans une famille de musiciens ratés, même si aujourd’hui mon
père est avocat de profession et ma mère business woman. Si je suis là, ce n’est pas par le hazard,
car très jeune, j’ai été plongé dans la musique, mon père étant du genre
branché. La musique occidentale de Stevie Wonder et autres, la musique
anglo-saxonne des années 70 ont bercé ma tendre enfance. J’ai grandi avec ces
musiques là, mais très tôt, j’ai été influencé par le HIP-HOP au milieu des
années 80. C’est venu de fil en aiguille car ce n’était pas mon activité
principale. C’est un hobby au même titre que ceux avec qui j’ai commencé. J’ai
fait du basket, du taekwondo, mais j’ai excellé particulièrement dans la
poésie. Pour moi, la base c’est la poésie, l’amour des mots. Faire le portrait
de l’abstrait de ma conscience et essayer de les mettre sur papier afin que les
gens comprennent. Mais voilà que dire tous ces mots, le seul véhicule qui s’appropriait
à ce genre de message c’était le Rap parce qu’on pouvait dire beaucoup de chose
en même temps. Donc c’est tout naturellement que j’ai basculé vers le rap au
début des années 90. Si on remonte maintenant
cela fera bientôt 20 ans que j’ai commencé à râper. Mais je le faisais parallèlement à mes études.
Ben, on ne va pas se cacher les choses, un big up à moi même, car je
travaillais bien, j’étais toujours le premier de la classe. C’est ce qui a fait
d’ailleurs que j’ai eu ce soutien là de mes parents et cette liberté. Ils m’ont
laissé m’exprimer car c’était mon seul hobby que j’affectionnais le plus. Et donc
malgré les diplômes que j’ai accumulé, que ce soit en communication, en droit,
en anglais, en philosophie ou en informatique, aujourd’hui, je vie de la musique.
Je vends mes rimes sous forme de CD, c’est ma profession, je suis artiste, mais
artiste conscient. Je ne veux pas qu’on dise rappeur, parce que c’est trop bas.
Je suis un artiste perdu dans les méandres de cette société incompris des uns,
compris des autres, peu importe mais voilà on en revient à cette condition d’homme
poussière parmi les autres poussières qui continue à se poser des questions et
donc l’art reste le seul moyen par lequel je m’évade.
Alors on a vu un
Kaysee qui a monté en puissance, qui a su s’imposer sur le marché dans ce genre
musical, quel est donc ton secret ?
Mon secret. Pause. Secret vraiment je ne sais pas parce que
ma montée en puissance dont vous parlez m’étonne. En réalité comme je l’ai dit
tantôt, le rap je le fais depuis toujours, sauf qu’à un moment donné de mon
existence, étant venu au Bénin, j’ai eu à côtoyer des sphères beaucoup plus
médiatisées. Moi j’ignorais le côté médiatique de la chose, je le faisais par
pure passion, le street rap. Mais arrivé ici l’engouement change, le côté
médiatique professionnalise la chose et c’est comme ça que j’ai rencontré un
individu que je ne cesserai de citer, de remercier chaque fois. C’est une
espèce de prophète pour le mouvement rap au Bénin et il s’agit de Polo Orisha. Ce
grand homme a su me montrer que j’avais du talent. C’est lui que a fait une
série de vidéo : ‘’Séyiola’’, ‘’Je veux m’envoler’’ en passant ‘’Ma vie’’ pour ce qui m’a fait connaitre moi
et ensuite c’est aller plus loin avec CTN All Stars, Fallait pas test etc. Et donc il y a eu des personnes ressources
qui ont existé et qui ont permis à ce mouvement de ce faire connaitre en tant
que tel. Mais la ramification de cet grand arbre là qui est venu à moi s’appelle
Polo Orisha. Je remercie ce grand arbre à travers Polo d’avoir pu permettre l’essor
de ce mouvement et nous fruits de ce grand arbre, nous devons assumer notre
tâche. Dieu merci aujourd’hui on est nombreux, il y a de plus en plus de
rappeurs, ça prend de plus en plus d’ampleur, j’espère que dans cette ampleur
ça prendra aussi de plus en plus de conscience.
Parlant de Kaysee et
de son talent on est impressionné à travers ses textes, comment travailles-tu
pour impacter autant de foules ?
Rire. Mais écoutez, comment je travaille, ce n’est pas un
secret. Le rap si vous voulez, il n’y a pas de secret pour le rap et la poésie,
c’est d’écrire, d’écrire, écrire encore et encore, il n’y a pas de secret. Moi j’écris
tout le temps, j’aurais pu rassembler tout ça dans des romans qui feraient de
moi un romancier, mais ce n’est pas ma vocation, parce que dès que je commence
un roman quelques temps après j’ai une flemme parce que ça n’a pas la teneur,
le côté presque épique du rap que j’aime bien, qu’on peut cisailler en vers, en
13 vers et en faire quelque chose de rythmé. Ça manque de rythme un livre, donc
il faut faire de la chanson, de la musique, ça donne de la vie aux textes. C’est
pour ça que je fais de la musique, ma poésie prend vie à travers ce que je dis
au micro. La principale technique de travail, c’est de s’inspirer et s’inspirer
c’est de regarder ce qui existe déjà et quand on regarde ce qui a existé on s’actualise.
C’est une école de couture, on va à la même école, mais à la fin de la
formation chacun crée son modèle.
Après plus de 3 ans
passé à l’extérieur tu es revenu au bercail, que ramènes-tu donc à ton public ?
Kaysee l'enfant terrible du HIP-HOP africain |
Je crois que dès que vous avez franchi le seuil de ma modeste
demeure, vous avez pu constater que je suis en plein travail. Sur mon bureau il
y a une nouveauté. Je tiens à annoncer mon nouvel album ‘’Mavula States’’ que j’ai
ramené. Je l’ai réalisé entre Abomey-Calavi, Godomey, Cotonou, terminer à Paris
et finaliser à Bruxelles. Et donc je vais le mettre sur le marché des disques
le 20 septembre prochain. C’est la raison artistique de ma présence au pays. Donc
il y a bel et bien un troisième album qui est
là. J’ai ramené aussi un clip ou deux parce qu’il faut le faire sinon
que je ne m’attache pas trop à ça.
Parle-nous de ta
collaboration avec les artistes des pays que tu as visités ?
En France où j’ai passé quelques mois, on a reformé le
groupe Easy trigger qui veut dire gâchette facile
qui existait depuis les années 90 où j’ai commencé le rap avec Obimax un cousin d’origine congolaise que je
salue, vaillant et brillant soldat du HIP-HOP africain. Avec ce groupe reformé
en 2010 on a fait pleins de mix tape. Des relations professionnelles qui
existaient déjà depuis Cotonou ont été réactualisées notamment avec Nouvelle
Donne et d’autres maisons de production indépendantes. Et comme le dit le
philosophe, «La vie c’est ce qui arrive quand on a prévu autre chose »,
donc la vie est arrivée en France et j’ai
dû aller en Belgique pour continuer l’autre côté de la vie. En Belgique aussi
des contacts se sont noués. J’ai eu accès à des scènes grâce à mes mentors que
j’avais déjà surplace, comme Freddy Massamba qui est une icône de la musique
africaine et de la diaspora dans le monde.
Il a su m’épauler et me donner les premières scènes donc c’est un réel
contact qui a porté ses fruits.
Un mot à l’endroit de
tes fans et du public pour conclure cet entretien ?
Pour mes fans et le public qui m’aime, je leur dis que je
les aime aussi bien. Mais le public est une fausse notion, donc c’est nous le
public, nous sommes l’Etat, il n’y a pas le public et les gens. Mes frères et sœurs
qui aime ma musique, je leur dis que je les aime vraiment, mais j’ai envie qu’ils
ouvrent plutôt leur conscience.
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