Ils ont la musique en partage, et la transmission pour préoccupation. Ils ont en commun l’héritage d’une histoire : celle de l’esclavage. Ils vivent en République démocratique du Congo, en Uruguay ou en France et forment le collectif Triangulacion Kultural. Leur but ? Développer des projets culturels entre trois continents marqués par l’histoire de l’esclavage : l’Afrique, l’Europe et les Amériques. « La Triangulation culturelle remplace la triangulation du commerce négrier », développe Emmanuel Brun, président d’Andumba, la branche française du collectif, installée à Fontenay-sous-Bois (93).
Autour du candombe
Tout a commencé au Théâtre de verre (Paris). Des Congolais de passage ont initié des musiciens français au candombe, un instrument et une pratique culturelle autour de trois tambours. L’association Andumba naît de cette rencontre en 2005. L’année suivante, le Théâtre de verre accueille des artistes afro-uruguayens de l’École de candombe de Montevideo et le collectif s’officialise en 2010. « Nous utilisons la culture et l’art comme des instruments sociaux-politiques », explicite Sergio Ortuño, éducateur et directeur de la première école de candombe en Uruguay, de passage en France cet hiver. Au contact des jeunes, notamment dans les écoles, le collectif de musiciens et d’éducateurs initie à l’instrument tout autant qu’à son histoire : celle de l’esclavage et de la résistance des opprimés. En effet le candombe était utilisé par les esclaves africains transportés sur les côtes atlantiques d’Amérique latine. Alors que la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité ne date que de 2001 en France, et que l’enseignement de cette histoire « internationale » reste insuffisant, ce collectif s’active au-delà des frontières nationales. Leur idée est, en revalorisant les apports du candombe dans l’histoire de l’esclavage, de « réécrire l’histoire », la compléter, expliquent Emmanuel et Sergio.
Lutte contre les discriminations
Pour le collectif il s’agit également de sensibiliser aux questions d’inégalités et de discriminations persistantes dans les différentes sociétés, notamment à l’égard des populations noires en Uruguay et en France. En décembre 2013, le collectif envisage d’organiser des séjours sur les différents continents. « Nous aimerions partir avec des jeunes du quartier des Larris de Fontenay à Montevidéo pour les sensibiliser à cette histoire commune », conclut Emmanuel. En attendant, retrouvez-les à Fontenay-sous- Bois pour les commémorations des luttes de l’esclavage en mai prochain.
Rendez-vous :
En mai prochain, Triangulacion Kultural participe aux animations prévues par le collectif intitulé Un passé trop présent à Fontenay-sous-bois. Ce collectif d’artistes, de citoyens, et d’associations milite pour la mémoire des esclavages et des abolitions.
À suivre sur : http://unpassetr oppresent . blogspot.fr / et http://triangulacion kultural.blogspot.fr
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