mardi 27 janvier 2015

Interview de Faty la nouvelle étoile de la musique béninoise

‘’Je n’ai pas le droit à l’erreur, je ne doit pas faire du n’importe quoi, les béninois attendent de moi beaucoup plus. En réalité c’est un défi que je me dois de relever’’

(‘’Avec ‘’To Tché’’, j’invite tous les béninois, quelques soient les divergences, quelques soient nos appartenances ethniques et  religieux à sauvegarder coûte que coûte la paix’’).

Depuis le milieu de l’année écoulée, une jeune artiste pétrie de talent fait couler encre et salive dans le monde du showbiz béninois. S’étant forgée une réputation dans le live et dans l’exercice de ce qui fait sa passion et qui lui permet de s’exprimer, l’artiste converge vers elle, tous les regards et tous les espoirs, d’être cette porte étendard, cette nouvelle ambassadrice des musiques béninoises. Fatima Kouchékèho alias Faty, dont le titre ‘’To Tché’’ devenu culte ne laisse personne indifférent, est cette nouvelle coqueluche de la musique du pays. Après son passage remarqué sur Cotonou Couleurs Jazz et ses trophées et prix raflés en 2014, nous avons cherché à mieux là connaitre. C’est au détour de cette interview, lisez plutôt.
Faty, la nouvelle coqueluche de la musique béninoise 
Faty, nos lecteurs voudraient savoir un peu plus sur toi ?

Je suis Fatima Kouchékèho  à l’état civil, Faty est mon nom d’artiste. Je suis née en Côte d’Ivoire et j’ai quitté ce pays après avoir obtenu le Baccalauréat et depuis j’ai trouvé des réponses sur beaucoup de questions que je me posais sur ma terre natale le Bénin et c’est donc comme ça que tu m’as rencontrée Patrick.

Oui je te découvrais l’année dernière par le biais de ton clip ‘’To Tché’’, mais beaucoup plus sur Cotonou Couleurs Jazz, où tu avais fait danser toute une foule et même les autorités politiques de ce pays. Dit-nous Faty, le parcours qui a été tien jusqu’à cette étape ?

Ayant vu le jour en Côte d’Ivoire, évidemment  tout a commencé là-bas avec l’avènement du groupe Makoma qui a déclenché quelque chose de spéciale en moi. Donc c’est partie avec des interprétations lors des journées culturelles dans les collèges. En 2005, je suis arrivée ici et j’ai connu le groupe céleste Harmonie des Anges. C’est avec ce groupe que j’ai pris part au concours Coca-Cola stars promo et cela a permis à plusieurs acteurs culturels béninois de me découvrir et qui m’ont invité à participer en tant que choriste sur leur album. J’ai donc accompagné plusieurs artistes béninois en studio comme sur des scènes live. Je peux citer Jolidon Lafia, Sagbohan Danialou, Don Métok, Vi-Phint, etc. pour ne citer que ceux là. Depuis trois ans, j’évolue en tant que lead vocal au sein de l’orchestre de la Sobebra. En juin 2015, cela fera 1 an que j’évolue en carrière solo, ceci dès la sortie de mon single ‘’To Tché’’ que tu connais et beaucoup connaissent par la grâce de Dieu.

En nous racontant ton parcours, tu as omis de nous parler de tes nombreuses années passées dans les plus grandes chorales de l’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire ?

Vous savez à un certain moment de la vie on se rend compte de ce qui nous permet de nous épanouir. Et c’est vrai que j’ai fait beaucoup de chorales en Côte d’Ivoire, des expériences très enrichissantes. Là-bas, je chantais pour le plaisir, cela n’avait rien n’avoir avec ma destinée, avec le chemin que j’allais emprunter dans ma vie, mais au fil du temps, j’ai découvert, que la musique me permet de m’accomplir, de parler, de dire ce que vit l’autre, de dire ce que je pense, d’être contente, de dire mes révoltes, mes espoirs d’être moi tout simplement. C’est donc pour cela que j’ai rangé ma Maîtrise en Didactiques des langues, pour suivre ma passion, ce que je ressens et c’est la musique.
Faty, déchirant la scène de Cotonou Couleurs Jazz le 11 décembre 2014

Alors pourquoi ‘’To Tché’’ ?

Ce single a été fait parce que j’ai vécu une situation de guerre, parce que je suis née en Côte d’Ivoire et que tout le monde sait que ce pays a connu une situation de guerre. Donc à mon arrivée au Bénin, j’ai découvert tout de suite qu’il y a un climat paisible qui règne sur notre pays. C’est d’ailleurs un exemple dans la sous région et dans le monde, un exemple de démocratie aussi, même s’il y a des tares sociales qui ne sont pas à négliger, mais cette paix c’est notre richesse. A travers la chanson ‘’To Tché’’, j’invite tous les béninois à la sauvegarder coûte que coûte cette paix, quelques soient les tensions, quelques soient les divergences, quelques soient nos appartenances ethniques et nos croyances culturelles, cultuelles et religieux. Il faut sauvegarder la paix, parce qu’on sait quand la guerre commence, mais on ne sait jamais quand elle se termine. Je le dis parce que moi j’ai vécu la guerre et je ne la souhaite pas à mon pays. Donc il faut dire que pour moi ‘’To Tché’’ est une philosophie que j’essaie d’inculquer aux enfants, parce que quand ils disent To Tchémègnon et ils se le répètent, ils grandissent avec et par cette philosophie, cette prière, ils savent qu’on a tout au Bénin et que notre paix légendaire, il faut la préserver. Même si ici, c’est difficile, il faut que nous-nous serrions les coudes, que nous soyons conscients des richesses culturelles et de tout ce dont peut se doter le Bénin pour aller vers le développement. Donc ‘’To Tché’’ est une peinture de la beauté, de la paix légendaire du Bénin que j’ai essayé de chanter.

Quand Faty est en live, on sent ce talent inouï, ce potentiel à transmettre de la sensation au public. Qu’est-ce qui justifie cette capacité énorme ?

Je ne sais vraiment pas, je dirais tout simplement que tout est grâce, parce qu’avant de monter sur la scène, je ne peux pas imaginer la réaction du public. C’est Dieu qui nous détient, c’est lui qui détient tous ceux qui m’écoutent, c’est lui qui remplit ces personnes de sensations afin qu’elles puissent formées avec moi 1. Quand je chante et que je vois les gens sourirent, cela me rend heureuse. Donc c’est dans le sourire de ceux qui composent le public que je tire mon envie de faire plaisir. C’est donc le public qui fait de moi ce que je suis, c’est le public qui me donne la force de pouvoir toujours donner le meilleur de moi-même.
Faty, ici avec son trophée Icones Africa du meilleur artiste béninois de 2014

Que retiens-tu de ton passage sur Cotonou Couleurs Jazz, surtout après avoir mis la joie au cœur des foules d’ici et d’ailleurs ?

Pour être simple et vraie, je suis contente d’avoir fait danser tout ce beau monde sous ma prestation. Ça fait toujours plaisir à n’importe quel artiste de chanter et se rendre compte que les autres aiment ce qu’il fait. Je suis contente, mais cela ne veut pas dire que je suis satisfaite, parce que pour moi, il y a toujours quelque chose à apprendre. C’était ma première expérience avec mes propres chansons. J’avais l’habitude d’interpréter des chansons d’autres artistes de tout le monde entier. Donc Cotonou Couleurs Jazz, le 11 décembre 2014 ; c’était ma première expérience avec mes propres compositions et heureusement pour moi le public a bien accueilli. Je ne le prends pas pour un mérite, loin de là mais comme une grâce. Cela voudrait dire que je peux croire que j’ai le public béninois avec moi. Et avec le public béninois, je suis sure de pouvoir conquérir les autres publics.

Le public te découvrait il n’y a pas si longtemps, mais déjà toi seule tu remportes trois prix sur Bénin Top 10, qu’est-ce ça fait comme sensation,  parle-nous de ces récompenses dans ta carrière naissante ?

C’étaient les prix du meilleur artiste espoir 2014, prix de la meilleure vidéo et puis j’étais deuxième derrière Kèmy et devant Wilf Enighma, dans le classement des meilleurs artistes du Bénin. Mais une semaine avant tout ceci, l’ONG Action Directe, me décernait le Trophée Icones Africa du meilleur artiste du Bénin 2014. Cette année 2014 aura été pour moi une année pleine de grâces, qui m’a permis de ramener 3 trophées et un prix. Et puis c’est un ouf de soulagement parce que quelque part au Bénin, il y a quelqu’un qui fait certainement mieux que moi. Mais Dieu m’a donnée la grâce d’être celle à qui toutes ces récompenses ont été remises. C’est mes efforts qui ont été couronnés et non un mérite. Tout le Bénin vient de me dire par ces récompenses là, Faty on a vu ce que tu as fait, on t’encourage à mieux faire, les gens ont les yeux sur moi. Ces trophées en réalité, c’est vrai que c’est une joie mais ce sont bagages  mis sur ma tête. Ça veut dire que je n’ai pas le droit à l’erreur, je ne doit pas faire du n’importe quoi, les béninois attendent de moi beaucoup plus. En réalité c’est un défi que je me dois de relever avec le public béninois et les hommes des médias, que je salue au passage.
Faty, la perle rare de la musique béninoise

Après ton passage sur Cotonou Couleurs Jazz, certains journalistes internationaux ont prédit de toi la nouvelle star du Bénin, la relève de la grand sœur Angélique Kidjo. Qu’est-ce que tu en dis ?

Je ne vais pas me faire cette prétention là. La vieille mère parce que moi je ne l’appelle pas grand sœur, est notre maman, donc loin de moi cette prétention. Je préfère considérer ce que disent les journalistes comme une énorme potentialité qu’ils ont vu en moi, mais me comparer à Angélique Kidjo ou à n’importe qu’elle autre artiste, c’est non. Car chaque artiste a quelque chose de particulier que l’autre n’a pas. Je n’aurai jamais ce que Angélique Kidjo a, ou ce que Zéynab a, mais j’aurai quelque chose propre à moi. Et ce qu’elles ont peut me permettre de grandir, car c’est une complémentarité.

Ta carrière a définitivement pris corps, penses-tu un instant lâcher l’orchestre de la Sobebra, lorsque tu serais plus solliciter ?

De toutes les façons, ça va se dessiner, parce que je suis dans l’orchestre de la Sobebra pour maintenir la forme, juste parce qu’il n’y a pas de réelle école de musique au Bénin. Les écoles de musique des artistes béninois, ce sont les orchestres les cabarets et autres. Me défaire de l’orchestre de la Sobebra, déjà parce que j’ai pris des trophées, c’est faire fausse route toute de suite. Donc ça va se dessiner, laissons alors la nature faire les choses calmement.

Quel regard Faty porte sur la musique béninoise ?

Pour être sincère, cela fait neuf (09) ans que je suis au Bénin et je puis dire que la musique béninoise a beaucoup évolué, sauf qu’il y a beaucoup de choses à faire aussi. Le travail qui reste à faire serait que chaque artiste apporte à la musique quelque chose de sa culture, afin de mieux promouvoir le Bénin et de permettre au Bénin d’être identifié dans le monde comme c’est le cas du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali, etc. à partir de leur musique.
Faty au cours d'une prestation

A quand la parution de ton album qui portera le titre culte ‘’To Tché’’ ?

On ne peut rien faire sans Dieu, mais je compte lancer l’album en 2015. C’est un projet et on s’affaire pour que cela soit une réalité, on n’a pas encore choisi une date mais gardons 2015 et espérons.

Un appel à lancer aux acteurs culturels béninois ?

Tout ce que j’ai à dire, c’est merci. Merci pour m’avoir accueilli. Merci aux hommes de la presse écrite, celle audiovisuelle, pour avoir porté ma voix haute. Merci à toux ceux qui me soutiennent en esprit, financièrement. Que Dieu fasse que notre amitié soit  sincère et dure dans le temps et dans l’espace et vive la culture béninoise.


Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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