”Je n’ai pas été à Jacquot comme un fou et mon passage par cette maison m’a permis de reconsidérer mon monde“
Dans l’univers musical béninois, Joka est l’un des hommes de culture
les mieux outillé et qui est en règle vis-à-vis des textes. Il est également
outre sa casquette d’artiste, un ingénieur de son hors pair. Mais il y a
quelques temps dame rumeur faisait état de ce qu’il avait été interné au Centre
psychiatrique de Jacquot. Pour en savoir plus et entendre sa version des faits
nous sommes allés à sa rencontre et voici la somme de ce qu’il nous a confié.
Joka |
Bonjour Joka, c’est vrai que vous êtes connu au Bénin et hors de nos
frontières, mais s’il vous était donné de vous présentez à nouveau que
diriez-vous ?
Jonathan Josias Gbétie Marcos
alias Joka. Je suis arrangeur, musicien, chanteur, compositeur, promoteur
culturel, informaticien, maintenancier et autodidacte. C’est par
l’autodidactisme que j’ai étudié la théologie, ce qui fait de moi un spirituel
qui cherche à comprendre la Bible, pour bien vivre ma vie religieuse de
chrétien catholique.
Votre carrière d’artiste compositeur chanteur a été marquée par une
entrée fulgurante sur la scène musicale, dites-nous combien d’albums avez-vous
à votre actif ?
Jusque là, j’ai trois opus
dont : le premier volume, le deuxième et le troisième qui est en cours de
promotion depuis un an. Et c’est pour
booster cette promotion que j’ai rencontré un manager d’artistes, en la
personne de M. Rigobert Ahinadjè qui veut bien travailler avec moi. Donc c’est
cela aujourd’hui l’actualité de Joka. Il est vrai que j’ai eu des difficultés
entre temps, mais ce n’est pas encore le moment d’en parler.
Entre temps, votre opus qui comportait le titre Soyoyo Décalé a suscité
un engouement populaire, mais par la suite, le rythme s’était estompé et Joka
avait disparu de la scène musicale, qu’est ce qui explique ce fait ?
Bon Joka n’a pas disparu, c’est
l’engouement qui a diminué. C’est-à-dire, le hit parade a chuté parce que c’est
des morceaux de mon premier album qui avaient fait le hit parade pendant un bon
moment et après leur teneur en matière de hit a connu une petite chute, et moi
j’ai essayé de relever la chute par mon deuxième, ce qui n’a pas pris. Le
troisième aussi est venu dans des conditions un peu compliquées. Ceci
s’explique par le fait que, tout le temps, je suis autoproduit par moi-même, il
est arrivé que j’étais essoufflé, c’est en réalité le vrai problème. Je n’avais
ni de producteur, ni de manager, ni de
distributeur digne du nom, ça fait que tout ce que je fais est engloutie
rapidement. Sinon, je suis toujours là
avec de nouveaux projets, d’une autre dimension qui donneront une autre image
de moi. Désormais et par rapport à la nouvelle image que je voudrais me donner,
je veux entreprendre des concerts live,
puisque les gens ne me connaissent pas en live, cela fera du nouveau et
emmènera les gens à s’intéresser à moi.
Alors ces projets dont vous parlez, sont-ils seulement fait de concerts
live ou il y a autres choses que vous y mettez ?
Non seulement les concerts live,
mais il y a également la sortie de mon VCD, puisque le troisième volume était
sortie uniquement en Audio. Je ferai en sorte que la vidéo soit prête et
programmée à sortie pendant que je suis
entrain d’être revu en live devant le public béninois.
C‘est un bon plan pour redorer votre image, mais ne voyez-vous pas
qu’il vous faut beaucoup compter avec les médias pour vous relancer
réellement ?
Oui les radios, la presse écrite,
les télévisions, les magazines et tout ça sont obligatoire, dans mon plan.
C’est d’ailleurs le poumon du show biz, si les journaux, bref la presse ne s’y
mettent pas, ça ne prend pas. Et déjà je tiens à remercier tout ce monde qui
fait un bon boulot, qui fait beaucoup pour relever l’image des artistes, en
l’occurrence vous qui êtes entrain de m’interviewé en ce moment, vous êtes déjà
à la tâche, et c’est votre devoir de nous aider, de nous donner des
opportunités pour nous faire connaitre. Je tiens vraiment à remercier les
hommes des médias, qui font beaucoup vu les difficultés qui sont les leurs,
parce que j’ai fait aussi la radio Golfe FM notamment et jusque là avec mon
studio je continue de travailler avec les journalistes et animateurs qui
viennent réaliser des émissions et poser des spots publicitaires chez moi.
En dehors de votre casquette d’artiste chanteur compositeur, avec votre
casquette d’arrangeur et d’ingénieur de son, comment voyez-vous le paysage
musical, est-ce que ce qui ce fait en matière de musique aujourd‘hui par les
jeunes peut permettre à la musique béninoise de s’exporter ?
Oui bon je vois un peu le paysage
ou l’univers musical béninois comme une forêt trop touffue qui a besoin d’être
travaillée, qu’on doit tamiser et rendre consommable, histoire de l’embellir.
Parce que bon, il y a le désir, l’engouement de tout un monde qui veut se faire
artiste, mais qui n’a pas les potentialités, les bases requises et qui veut
s’essayer à la chose parce qu’aussi c’est un monde qui n’est pas fermé. Donc on
ne peut que les encourager, mais aujourd’hui
il serait bon de mettre de la rigueur
dans ce sens, de mettre les gens au travail. Mais dans le même temps, il
y a des gens qui travaillent très bien et qui sont à féliciter. Il faut donc
faire appel à l’expertise des ainés pour que ce monde soit plus reluisant et
plus convainquant parce que déjà il y a de bonnes choses et il en a suffisamment, mais il faut juste
savoir séparer les bons grains de l’ivraie.
Alors parlons de votre studio d’enregistrement, depuis sa création
jusqu’à ce jour combien d’artistes Joka à compter dans son écurie ?
Je n’ai pas le nombre fixe en
tête, mais il y a eu beaucoup d’artistes qui sont passés par mon studio. Je
peux citer des artistes de renoms comme SK Punto, Bless Antonio, Bizengor, Don
Métok, Rico’s Campos, il y a aussi des artistes de la musique traditionnelle.
Mon studio est un studio qui a quand même fait beaucoup d’effets, parce que je
m’adonnais beaucoup au travail bien fait. Ceci parce que je travaillais avec
tout le monde, mais maintenant je travaille beaucoup plus avec des gens
dévoués, qui ont un comportement positif et qui va avec mes convictions de
chrétien.
Entre temps, la rumeur a circulé et faisait état de ce que Joka a été
interné au Centre psychiatrique de Jacquot qu’est-ce qui s’était passé au
juste ?
Ça c’est vrai et je n’ai pas
envie de parler longuement de ce mauvais
scénario qui est venu tamponner un peu l’image. Bon en fait je voudrais que les
gens comprennent que le centre psychiatrique de Jacquot est comme un tout autre
hôpital où si quelqu’un a un problème d’ordre psychologique et mental, il va se
faire soigner avec des docteurs et des personnes indiquées. Moi je n’y suis pas
allé de ma volonté, j’ai été conduit par des parents qui entre temps ont jugé
que je pouvais me faire aider. Sinon ce qui s’était passé n’était pas quelque
chose de compliquer, il s’était fait que j’étais très chargé et je travaillais
tellement, le corps humain n’étant pas le fer, il y a eu un petit déclic. Mais
mon passage par cette maison ne m’a pas été défavorable, cela m’a permis de
revenir à la lucidité, de reconsidérer mon monde et de faire la part des
choses. Je n’ai pas été là-bas comme un fou et mon passage par la n’a rien de
négatif dans ma vie.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire