lundi 20 mai 2013

Entretien avec Joka



”Je n’ai pas été à Jacquot comme un fou et mon passage par cette maison m’a permis de reconsidérer mon monde“

Dans l’univers musical béninois, Joka est l’un des hommes de culture les mieux outillé et qui est en règle vis-à-vis des textes. Il est également outre sa casquette d’artiste, un ingénieur de son hors pair. Mais il y a quelques temps dame rumeur faisait état de ce qu’il avait été interné au Centre psychiatrique de Jacquot. Pour en savoir plus et entendre sa version des faits nous sommes allés à sa rencontre et voici la somme de ce qu’il nous a confié.
Joka

Bonjour Joka, c’est vrai que vous êtes connu au Bénin et hors de nos frontières, mais s’il vous était donné de vous présentez à nouveau que diriez-vous ?

Jonathan Josias Gbétie Marcos alias Joka. Je suis arrangeur, musicien, chanteur, compositeur, promoteur culturel, informaticien, maintenancier et autodidacte. C’est par l’autodidactisme que j’ai étudié la théologie, ce qui fait de moi un spirituel qui cherche à comprendre la Bible, pour bien vivre ma vie religieuse de chrétien catholique.

Votre carrière d’artiste compositeur chanteur a été marquée par une entrée fulgurante sur la scène musicale, dites-nous combien d’albums avez-vous à votre actif ?

Jusque là, j’ai trois opus dont : le premier volume, le deuxième et le troisième qui est en cours de promotion depuis un an.  Et c’est pour booster cette promotion que j’ai rencontré un manager d’artistes, en la personne de M. Rigobert Ahinadjè qui veut bien travailler avec moi. Donc c’est cela aujourd’hui l’actualité de Joka. Il est vrai que j’ai eu des difficultés entre temps, mais ce n’est pas encore le moment d’en parler.

Entre temps, votre opus qui comportait le titre Soyoyo Décalé a suscité un engouement populaire, mais par la suite, le rythme s’était estompé et Joka avait disparu de la scène musicale, qu’est ce qui explique ce fait ?

Bon Joka n’a pas disparu, c’est l’engouement qui a diminué. C’est-à-dire, le hit parade a chuté parce que c’est des morceaux de mon premier album qui avaient fait le hit parade pendant un bon moment et après leur teneur en matière de hit a connu une petite chute, et moi j’ai essayé de relever la chute par mon deuxième, ce qui n’a pas pris. Le troisième aussi est venu dans des conditions un peu compliquées. Ceci s’explique par le fait que, tout le temps, je suis autoproduit par moi-même, il est arrivé que j’étais essoufflé, c’est en réalité le vrai problème. Je n’avais ni de producteur, ni  de manager, ni de distributeur digne du nom, ça fait que tout ce que je fais est engloutie rapidement.  Sinon, je suis toujours là avec de nouveaux projets, d’une autre dimension qui donneront une autre image de moi. Désormais et par rapport à la nouvelle image que je voudrais me donner, je  veux entreprendre des concerts live, puisque les gens ne me connaissent pas en live, cela fera du nouveau et emmènera les gens à s’intéresser à moi.

Alors ces projets dont vous parlez, sont-ils seulement fait de concerts live ou il y a autres choses que vous y mettez ?

Non seulement les concerts live, mais il y a également la sortie de mon VCD, puisque le troisième volume était sortie uniquement en Audio. Je ferai en sorte que la vidéo soit prête et programmée  à sortie pendant que je suis entrain d’être revu en live devant le public béninois.

C‘est un bon plan pour redorer votre image, mais ne voyez-vous pas qu’il vous faut beaucoup compter avec les médias pour vous relancer réellement ?

Oui les radios, la presse écrite, les télévisions, les magazines et tout ça sont obligatoire, dans mon plan. C’est d’ailleurs le poumon du show biz, si les journaux, bref la presse ne s’y mettent pas, ça ne prend pas. Et déjà je tiens à remercier tout ce monde qui fait un bon boulot, qui fait beaucoup pour relever l’image des artistes, en l’occurrence vous qui êtes entrain de m’interviewé en ce moment, vous êtes déjà à la tâche, et c’est votre devoir de nous aider, de nous donner des opportunités pour nous faire connaitre. Je tiens vraiment à remercier les hommes des médias, qui font beaucoup vu les difficultés qui sont les leurs, parce que j’ai fait aussi la radio Golfe FM notamment et jusque là avec mon studio je continue de travailler avec les journalistes et animateurs qui viennent réaliser des émissions et poser des spots publicitaires chez moi.

En dehors de votre casquette d’artiste chanteur compositeur, avec votre casquette d’arrangeur et d’ingénieur de son, comment voyez-vous le paysage musical, est-ce que ce qui ce fait en matière de musique aujourd‘hui par les jeunes peut permettre à la musique béninoise de s’exporter ? 

Oui bon je vois un peu le paysage ou l’univers musical béninois comme une forêt trop touffue qui a besoin d’être travaillée, qu’on doit tamiser et rendre consommable, histoire de l’embellir. Parce que bon, il y a le désir, l’engouement de tout un monde qui veut se faire artiste, mais qui n’a pas les potentialités, les bases requises et qui veut s’essayer à la chose parce qu’aussi c’est un monde qui n’est pas fermé. Donc on ne peut que les encourager, mais aujourd’hui  il serait bon de mettre de la rigueur  dans ce sens, de mettre les gens au travail. Mais dans le même temps, il y a des gens qui travaillent très bien et qui sont à féliciter. Il faut donc faire appel à l’expertise des ainés pour que ce monde soit plus reluisant et plus convainquant parce que déjà il y a de bonnes choses  et il en a suffisamment, mais il faut juste savoir séparer les bons grains de l’ivraie.

Alors parlons de votre studio d’enregistrement, depuis sa création jusqu’à ce jour combien d’artistes Joka à compter dans son écurie ?

Je n’ai pas le nombre fixe en tête, mais il y a eu beaucoup d’artistes qui sont passés par mon studio. Je peux citer des artistes de renoms comme SK Punto, Bless Antonio, Bizengor, Don Métok, Rico’s Campos, il y a aussi des artistes de la musique traditionnelle. Mon studio est un studio qui a quand même fait beaucoup d’effets, parce que je m’adonnais beaucoup au travail bien fait. Ceci parce que je travaillais avec tout le monde, mais maintenant je travaille beaucoup plus avec des gens dévoués, qui ont un comportement positif et qui va avec mes convictions de chrétien.

Entre temps, la rumeur a circulé et faisait état de ce que Joka a été interné au Centre psychiatrique de Jacquot qu’est-ce qui s’était passé au juste ?

Ça c’est vrai et je n’ai pas envie de parler longuement  de ce mauvais scénario qui est venu tamponner un peu l’image. Bon en fait je voudrais que les gens comprennent que le centre psychiatrique de Jacquot est comme un tout autre hôpital où si quelqu’un a un problème d’ordre psychologique et mental, il va se faire soigner avec des docteurs et des personnes indiquées. Moi je n’y suis pas allé de ma volonté, j’ai été conduit par des parents qui entre temps ont jugé que je pouvais me faire aider. Sinon ce qui s’était passé n’était pas quelque chose de compliquer, il s’était fait que j’étais très chargé et je travaillais tellement, le corps humain n’étant pas le fer, il y a eu un petit déclic. Mais mon passage par cette maison ne m’a pas été défavorable, cela m’a permis de revenir à la lucidité, de reconsidérer mon monde et de faire la part des choses. Je n’ai pas été là-bas comme un fou et mon passage par la n’a rien de négatif dans ma vie.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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