Le Cbdic s’est penché sur l’importance des langues dans le développement
Le Chant d’oiseaux de Cotonou a abrité hier mardi 21 mai 2013, une
conférence-débat sur le thème ”L’Importance des langues dans le développement“.
C’est une des activités inscrites au programme de la 12ème journée
mondiale pour la diversité culturelle que la Coalition béninoise pour la
diversité culturelle a commémoré à l’instar des autres coalitions du monde.
C’était avec d’éminentes personnalités du monde culturel.
La Coalition béninoise pour la
diversité culturelle (Cbdic) que dirige M. Vincent Ahéhéhinnou, pour marquer
d’une pierre blanche la 12ème édition de la journée mondiale pour la
diversité culturelle, a réuni autour d’une même table, des personnalités et pas
des moindres pour débattre avec les journalistes et autres acteurs de la vie
culturelle, du thème très évocateur choisi cette année. En effet, c’était
l’Unesco qui choisissait le thème et qui
l’attribuait, mais depuis quelques années, chaque coalition peut se choisir son
thème compte tenu des réalités du pays qui l’abrite. C’est donc les multiples
efforts que déploie le ministère en charge de la culture, de l’alphabétisation,
de l’artisanat et du tourisme, que le Cbdic a bien voulu mettre sur le tapis un
thème lié aux langues nationales béninoises. Pour débattre donc de ce thème
Vincent Ahéhéhinnou a fait appel à l’un des écrivain les plus percutant que le
Bénin ait eu, M. Florent Couao-Zotti, à M. Jacques Béhanzin président Afrique
de la diversité culturelle, au professeur Toussaint Chichi et à M. Honoré
Mègbémèdo de la commission culture de l’OIF. C’est ce parterre d’hommes avertis qui a
décortiqué et décrypté la problématique de l’importance des langues nationales
béninoises et africaines dans le développement du Bénin et de l’Afrique. Ainsi
pour M. Jacques Béhanzin, les dirigeants africains ignorent ce qu’est la
culture et sa place réelle dans le développement. Il dira
que : « pour qu’un pays émerge réellement, les cadres de ce pays
doivent concevoir son plan de développement autour de trois éléments essentiels
que sont, la culture, l’économie et la politique, seulement c’est tout le
contraire qui s’observe dans les pays africains notamment ceux colonisés par la
France ». Voilà des pays qui ont vécu et qui continuent de vivre dans le
mimétisme et le Bénin est dans une errance totale, parce que sa culture malgré
sa diversité et ses richesses incommensurables, n’est pas promue, l’économie
encore moins et la politique développée n’est nulle part adéquate. Pour ce
conférencier, le pays francisé prend le pas sur le pays vrai. La langue étant
le véhicule de la communication et donc du développement de la culture, M.
Jacques Béhanzin avoue que le Bénin ne fait pas pour autant de la démocratie,
car selon lui, si la démocratie est le vivre ensemble, ses trois préceptes à
savoir : la citoyenneté, la responsabilité et les droits humains sont faussés. Il poursuit en disant
que : « La cour constitutionnelle enlise la culture et le pays
car, c’est une institution tirée du système occidental qui est basé sur la
monoculture, donc qu’on ne peut pas l’imposer à un pays comme le Bénin qui est
pluriculturel ou supra culturel. Pour
conclure ses propos, Jacques Béhanzin dira que si nous ne réagissons pas
positivement en plaçant la culture à sa réelle place dans le développement,
revenir à ce qui se faisait chez nous et les inscrire dans la constitution, ce
pays restera toujours statique. Pour Florent Couao-Zotti qui à cette table a
parlé de ses expériences personnelles et parlé au nom des écrivains béninois et
africains, la difficulté ne réside pas dans le fait décrire dans sa langue
maternelle, mais elle est d’ordre consommable. Dans nos pays africains en
effet, si 90% de la population parle une langue nationale, c’est à peine 10%
qui savent lire et écrire dans cette langue là.
Ce qui fait revenir à la case départ et qui recentre le débat de
l’inscription de nos langues nationales au système éducatif ou de
l’alphabétisation qui doit beaucoup plus préoccuper. C’est ce qui fait la
différence entre les pays colonisés par la Grande Bretagne et les pays
colonisés par la France qui sont encore à la traine, car le système colonial
français n’a pas permis à ces pays de
faire la promotion de leurs langues. Le professeur Toussaint Chichi, abondant
dans le même sens, a donné les différentes définitions de langue, avant de dire
que les pays africains et surtout les pays francophones africains, n’ont plus
de repères et que les bases endogènes sont liquidées au profit du mimétisme. Au
finish, il est à retenir que les tentatives de développement dans les pays
africains échouent, tout simplement parce que ces pays n’ont pas su intégrer leurs
langues nationales à leur système éducatif et partant n’ont pas assuré la
promotion de la culture et de leurs langues. Somme toute, il ressort de cette
conférence-débat que le Bénin et la sous région qui l’abrite ne sortiront pas
de sitôt de l’ornière si rien n’est fait pour dégager a leur niveau une langue
comme c’est le cas en Afrique australe et orientale ou plusieurs pays parlent
la même langue un peu comme le Swahili.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire