Pour une musique béninoise exportable
Un public modeste mais de qualité a fait le déplacement pour animer
l’acte 6 des Rencontres Mensuelles de la Culture consacré aux solutions pour
une meilleure représentativité de la musique béninoise sur le plan
international. C’était le samedi 14 mai 2016 au centre culturel Artisttik
Africa d’Agla à Cotonou.
« Bénin : Quelle
identité musicale pour conquérir le monde ? ». Pour décortiquer
ce thème, les organisateurs des Rencontres Mensuelles de la Culture ont invité
pour son 6è numéro, des professionnels de la musique béninoise. Serge
Ologoudou, Manager du groupe féminin Tériba, Prosper Akuègnon Gogoyi,
Producteur, Distributeur et Directeur de Guru Records. Le troisième invité
James Vodounnon, Musicien et Porte-parole de Gangbé Brass Band n’a pu
répondre à l’invitation, a annoncé au début le modérateur Ulysse Elliot
Djodji, Rédacteur en chef Atlantic Fm.
Serge Ologoudou en répondant à la
question du jour a présenté le circuit qui peut permettre à un artiste
d’exporter sa musique. Selon lui, les marchés ne sont pas les mêmes à
l’international. Il faut donc respecter les exigences de chaque marché en acceptant
de faire d’abord le vrai sacrifice. « Ce sacrifice qui se fait sur une
durée donnée implique par exemple les cachets modestes, les conditions
d’accueil modestes, audience réduite etc. » a précisé Serge Ologoudou.
Quelques acteurs culturels au cours des échanges |
Pour Prosper Akuègnon Gogoyi, il
n’y a pas une formule magique pour gagner l’international, il suffit juste de
respecter d’abord des normes. Il a cité quatre dispositions : le côté
technique (mixage du son, respect des normes internationales de l’écoute, et
autres) ; le staff technique (Manager, agent de booking, graphiste,
journaliste et communicateur) ; la structuration des différents corps de
métiers qui gravitent autour de l’artiste et le soutien du public local. La
quatrième disposition qui s’oriente vers le soutien du public local est selon
ses dires la plus précieuse.
« Si la musique malienne a
pu conquérir l’Afrique de 2000 à 2010, c’est à cause du soutien de la diaspora
malienne africaine. » Il faut donc aiguiser la fibre patriotique du
consommateur béninois qui doit désormais se voir dans une posture d’ambassadeur
de sa culture. Une position que Serge Ologoudou ne partage pas. Selon lui, il
faut aller prospecter, se faire connaître ailleurs pour espérer s’imposer en se
basant sur une réelle organisation.
Identité musicale, marché international : Que faire
réellement ?
Pour Serge Ologoudou, tout type
de musique béninoise qui s’inspire du patrimoine culturel peut se vendre à
l’international. Il faut créer sa musique à partir d’une coloration locale et
l’imposer. « Il suffit juste d’aérer la musique béninoise assez riche et
condensée pour l’adapter à l’international. » ajoute-t-il. Pour Prosper
Akuègnon Gogoyi, c’est le marché international qui impose le type de musique.
Selon ses dires, le marché international dans sa diversité, impose et exige des
choix. Si le musicien respecte ses exigences, il peut facilement s’imposer. «
Les exigences du marché international comptent forcément dans l’écoulement du
produit musical», dit-il.
En dehors de ces deux positions
nettement tranchées mais complémentaires, d’autres propositions ont été faites
pour permettre à la musique béninoise de s’exporter. « Il faut une
harmonisation des rythmes. Il faut que des producteurs arrivent à imposer des
rythmes à 10 ou 15 artistes par département pour que la musique béninoise
s’harmonise puisque tout le monde veut avoir son rythme pour se faire appeler
Roi ou Reine de telle ou de telle musique » a laissé entendre Fifi
Fender, Musicien et Arrangeur.
Pour Méchac Adjaho, il faut
d’abord répondre à la question : de quoi retourne l’exportation de la
musique en termes de demande, de rendements, de cachets et de visibilité. Il
faut selon le flûtiste, connaître les différents marchés qui existent à
l’international et savoir ce qu’il faut pour satisfaire leur soif. « Angélique
Kidjo n’est pas la seule référence en matière d’identité musicale béninoise.
Elle a fait surtout de la Pop colorée pour s’adapter aux choix du marché
international. Il y a d’autres artistes qui font de la vraie musique béninoise
et qui n’ont pas le rayonnement d’Angélique Kidjo seulement parce que leur
musique n’est pas en accord avec ce que ce marché demande ».
Enfin, de l’intervention
d’Ousmane Alédji, dramaturge et responsable du Centre Artisttik Africa, il
revient de comprendre donc que la musique béninoise se porte bien et s’épanouit
mieux que par le passé. Elle est même plus féconde qu’il y a dix ans. Le seul
problème qui se pose dans la politique d’exportation est relative au
réseautage. « Il y a une question de rapport de force parce que le
réseautage est la norme actuellement. C’est le qui connais-tu qui marche. Il
n’y a que de marchés que d’hommes. » a précisé Ousmane Alédji. Il rejette
en bloc la logique de la musique identitaire qui peut être un enfermement et un
piège pour la diversité de la culture car mentionne-t-il : « Les
modes passent, c’est la qualité et l’exigence qui durent et qui restent »
La musique béninoise peut
s’exporter facilement donc en s’appuyant sur la qualité du produit et le réseautage.
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