mardi 24 mai 2016

Rencontres mensuelles de la culture, acte 6

Pour une musique béninoise exportable                 

Un public modeste mais de qualité a fait le déplacement pour animer l’acte 6 des Rencontres Mensuelles de la Culture consacré aux solutions pour une meilleure représentativité de la musique béninoise sur le plan international. C’était le samedi 14 mai 2016 au centre culturel Artisttik Africa d’Agla à Cotonou.

« Bénin : Quelle identité musicale pour conquérir le monde ? ». Pour décortiquer ce thème, les organisateurs des Rencontres Mensuelles de la Culture ont invité pour son 6è numéro, des professionnels de la musique béninoise. Serge Ologoudou, Manager du groupe féminin Tériba, Prosper Akuègnon Gogoyi, Producteur, Distributeur et Directeur de Guru Records. Le troisième invité James Vodounnon, Musicien et Porte-parole  de Gangbé Brass Band n’a pu répondre à l’invitation, a annoncé au début le modérateur Ulysse Elliot Djodji, Rédacteur en chef Atlantic Fm.

Serge Ologoudou en répondant à la question du jour a présenté le circuit qui peut permettre à un artiste d’exporter sa musique. Selon lui, les marchés ne sont pas les mêmes à l’international. Il faut donc respecter les exigences de chaque marché en acceptant de faire d’abord le vrai sacrifice. « Ce sacrifice qui se fait sur une durée donnée implique par exemple les cachets modestes, les conditions d’accueil modestes, audience réduite etc. » a précisé Serge Ologoudou.
Quelques acteurs culturels au cours des échanges

Pour Prosper Akuègnon Gogoyi, il n’y a pas une formule magique pour gagner l’international, il suffit juste de respecter d’abord des normes. Il a cité quatre dispositions : le côté technique (mixage du son, respect des normes internationales de l’écoute, et autres) ; le staff technique (Manager, agent de booking, graphiste, journaliste et communicateur) ; la structuration des différents corps de métiers qui gravitent autour de l’artiste et le soutien du public local. La quatrième disposition qui s’oriente vers le soutien du public local est selon ses dires la plus précieuse.

« Si la musique malienne a pu conquérir l’Afrique de 2000 à 2010, c’est à cause du soutien de la diaspora malienne africaine. » Il faut donc aiguiser la fibre patriotique du consommateur béninois qui doit désormais se voir dans une posture d’ambassadeur de sa culture. Une position que Serge Ologoudou ne partage pas. Selon lui, il faut aller prospecter, se faire connaître ailleurs pour espérer s’imposer en se basant sur une réelle organisation.

Identité musicale, marché international : Que faire réellement ?

Pour Serge Ologoudou, tout type de musique béninoise qui s’inspire du patrimoine culturel peut se vendre à l’international. Il faut créer sa musique à partir d’une coloration locale et l’imposer. « Il suffit juste d’aérer la musique béninoise assez riche et condensée pour l’adapter à l’international. » ajoute-t-il. Pour Prosper Akuègnon Gogoyi, c’est le marché international qui impose le type de musique. Selon ses dires, le marché international dans sa diversité, impose et exige des choix. Si le musicien respecte ses exigences, il peut facilement s’imposer. « Les exigences du marché international comptent forcément dans l’écoulement du produit musical», dit-il.

En dehors de ces deux positions nettement tranchées mais complémentaires, d’autres propositions ont été faites pour permettre à la musique béninoise de s’exporter. « Il faut une harmonisation des rythmes. Il faut que des producteurs arrivent à imposer des rythmes à 10 ou 15 artistes par département pour que la musique béninoise s’harmonise puisque tout le monde veut avoir son rythme pour se faire appeler Roi ou Reine de telle ou de telle musique »  a laissé entendre Fifi Fender, Musicien et Arrangeur.

Pour Méchac Adjaho, il faut d’abord répondre à la question : de quoi retourne l’exportation de la musique en termes de demande, de rendements, de cachets et de visibilité. Il faut selon le flûtiste, connaître les différents marchés qui existent à l’international et savoir ce qu’il faut pour satisfaire leur soif. « Angélique Kidjo n’est pas la seule référence en matière d’identité musicale béninoise. Elle a fait surtout de la Pop colorée pour s’adapter aux choix du marché international. Il y a d’autres artistes qui font de la vraie musique béninoise et qui n’ont pas le rayonnement d’Angélique Kidjo seulement parce que leur musique n’est pas en accord avec ce que ce marché demande ».

Enfin, de l’intervention d’Ousmane Alédji, dramaturge et responsable du Centre Artisttik Africa, il revient de comprendre donc que la musique béninoise se porte bien et s’épanouit mieux que par le passé. Elle est même plus féconde qu’il y a dix ans. Le seul problème qui se pose dans la politique d’exportation est relative au réseautage. « Il y a une question de rapport de force parce que le réseautage est la norme actuellement. C’est le qui connais-tu qui marche. Il n’y a que de marchés que d’hommes. » a précisé Ousmane Alédji. Il rejette en bloc la logique de la musique identitaire qui peut être un enfermement et un piège pour la diversité de la culture car mentionne-t-il : « Les modes passent, c’est la qualité et l’exigence qui durent et qui restent »

La musique béninoise peut s’exporter facilement donc en s’appuyant sur la qualité du produit et le réseautage.


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