mardi 18 décembre 2018

Dans le cadre du Fayolart's International Festival, Gaston Éguédji se prononce sur le forum africain sur l’économie de l’art

<<L'Appel Culturel de Bohicon pour l’Afrique sera la bréviaire des pays du continent vers une réelle  économie dans le secteur culturel>>

Dans le cadre de la tenue de l'édition 2018 du Fayolart's International Festival, son Directeur Éric Orphée Gnikpo a prévu un forum africain sur l’économie de l'art dont le thème est : ‘’l’économie de l'art : économie créative face au marché local et international’’, que Co-président Gilbert Déou Malé, Directeur du Fonds des Arts et de la Culture, qui est d’ailleurs le bras armé du ministère de la Culture qui a financé ce grand rendez-vous ; et Gaston Éguédji, acteur culturel et Secrétaire Général de la Fédération Nationale de Théâtre (FENAT). 

Pour en savoir plus sur l’économie de l’art et l'industrie culturelle qui assure cette forme d’économie qui est très importante dans l'essor de tout pays, nous nous sommes rapprochés d'un homme averti en la matière. Quelqu’un qui a fait le tour des pays africains et du monde justement sur cette question. Gaston Éguédji revient ici sur l’importance des industries culturelles, l’économie de l’art et de ce que représente ce forum pour le Bénin et l'Afrique. Il n'a pas omis de dire que l’Appel Culturel de Bohicon pour l’Afrique sera la bréviaire qui permettra aux pays africains d’asseoir une économie de l'art compétitive et qui contribuerait davantage à l’économie nationale de chacun de ces pays. Lisez plutôt.

Gaston Éguédji, vous n'êtes plus à présenter, mais veuillez reprendre cet exercice pour nos lecteurs

Gaston Éguédji, Acteur culturel, Secrétaire Général de la Fédération Nationale de Théâtre (FENAT), Promoteur du Festival International de la Musique et du Théâtre pour Personnes Handicapées, Administrateur au Fonds des Arts et de la Culture.

Vous êtes un acteur culturel averti sur certains maux qui minent l'industrie culturelle et qui plombent son décollage, ici au Bénin et en Afrique. Selon vous que faut-il faire pour y remédier ?

Ces maux dont vous faites allusions sont bien graves ici au Bénin et en Afrique. Et pour répondre à cette question, je voudrais vous dire, qu'ailleurs la culture est au cœur de la dynamique du développement. C'est une filière qui ailleurs n'est pas négligée, mais ici chez nous, elle reste une filière négligée, non structurée. Et notre politique culturelle n'est pas bien définie, si bien que la dimension économique de la culture, n'a pas été mesurée à sa juste valeur. On pense que la culture ne contribue qu'à éclairer le public, qu'à faire rire et divertir. Du coup on a oublié son apport économique et cet apport économique n'a pas été d'une importance capitale. C'est cela qui entraine le déficit concernant l'activité et la performance de l'industrie culturelle ici au Bénin. 

Si nous jetons un coup d'œil pour voir ce que nous avons comme industrie culturelle dans notre pays, nous n'en trouvons pas. Hors il est très important que le secteur se dote de statistiques claires visant à prouver aux politiques, la contribution du secteur au développement national. Nous devrions donc nous battre pour instaurer notre industrie culturelle, parce que les quelques industries qui s'efforcent d'exister, leur gestion n'est pas ce qu'elle doit être. Il faut d'abord voir comment elles ont été créées. Soit elle est personnelle, soit elle est familiale ou encore une industrie d'amis et quand on ne s'entend pas tout ceci vole en éclat. Et c'est de ça que l'industrie culturelle, la vraie en tout cas souffre en Afrique en général. 
Gaston Éguédji

Pour donc redynamiser le secteur culturel, nous devons tout faire pour que l'industrie culturelle soit une réalité pour donner un coup de pousse à notre développement. Constatez avec moi que si nous prenons les résultats de l'économie culturelle en Afrique, surtout en Afrique Occidentale, le Bénin et le Togo n'ont pas été cités. 

Juste parce que si nous prenons le cas du Bénin, 2017 a été culturellement une année morte, parce que le fonds d'aide a été suspendu et les acteurs culturels n'ont pas tenu d'événements, il n'y a pas eu regain d'activités. Contrairement des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, etc. ont vu leurs côtes augmentés. 

Bon maintenant les activités ont repris au Bénin, mais pour une réelle économie culturelle, nous devons forcément aller vers de réelles industries culturelles. Parce que la culture ce n'est pas seulement le divertissement, monter sur un podium et s'éclater, mais il faut le plus value.

Justement le Fayolart's International Festival, propose un Forum sur l'économie de l'art, dont vous assurez la co-présidence avec Gilbert Déou Malé le Directeur du Fonds des Arts et de la Culture. Quel est votre avis sur le concept ?

Si j'ai accepté d'être le Co-Président pour ce forum, c'est pour que nous changions un peu nos mentalités. Pour que nous nous disions que l'économie culturelle, n'est pas seulement la création, la diffusion, etc. mais c'est tout un ensemble. Et tous, nous devons nous mettre dans la tête et savoir que la culture peut réellement beaucoup apporter au développement et à l'économie nationale d'un pays. Je pense alors sincèrement que les résolutions de ce forum changeront les mentalités. Ces résolutions seront un déclic à l'instauration de vraies industries culturelles au Bénin et en Afrique.

Ce forum a pour thème : ''L'Économie de l'art : économie créative face au marché local et international''. Que peuvent réellement en tirer le Bénin et les autres pays africains ?

Ce qui veut se passer au Bénin si j'ai bonne mémoire, s'était déjà déroulé dans bien de pays sur le continent. J'ai été membre de Arterial Bénin et j'ai été en Afrique du Sud pour discuter autour de l'économie culturelle créative. Je me rappelle qu'en Côte d'Ivoire on a même mis sur pieds un fonds pour booster le développement culturel. Mais on ne peut pas instaurer un fonds sans avoir des gens qui accompagnent. 

Et ce forum de Bohicon ne fera que renforcer les résolutions des autres assises africaines sur la question de l'économie culturelle. Ce forum permettra aux décideurs de savoir que la culture aussi apportent énormément au développement d'un pays. Donc à Bohicon, il y aura des communications et les résolutions du forum seront soumises aux décideurs qui j'espère en feront bon usage.

Depuis Bohicon et donc de votre pays, les résolutions de ce forum seront contenues dans un document baptisé : l'Appel Culturel de Bohicon pour l'Afrique (ACBA). Pensez-vous que les pays africains pourront se baser sur cet ACBA pour asseoir une véritable économie de l'industrie culturelle ?

Ce forum apportera beaucoup au Bénin. l'État central a pour devoir de promouvoir les acteurs culturels toutes catégories confondues, mais au delà de la richesse économique, les artistes sont aussi des gens porteurs de richesses symboliques qui façonnent l'imaginaire des peuples et la pensée individuelle. 

Donc si l'Appel Culturel de Bohicon pour l'Afrique n'est pas jeté dans les tiroirs, il peut beaucoup apporter, ça peut être ce déclic là, ça peut amener une effervescence culturelle, pour que chaque acteur se dise, je veux vivre de mon art. Il faut dire que ce sont ce genres de forum qui éclairent les décideurs et les amènent à soutenir la culture. 

Et c'est le cas du Bénin où le Fonds des Arts et de la Culture a été créé pour soutenir les acteurs culturels et il faut reconnaître que cela n'existe pas dans beaucoup de pays. Ce sont les grandes  manifestations culturelles comme par exemple, journée des arts plastiques, journée du théâtre, journée de la musique, journée de la mode, journée du tourisme, etc. qui participent de la visibilité du secteur culturel et de ses acteurs. C'est également ce genres de manifestations qui permettent aux touristes de venir visiter votre pays et c'est ainsi que le plus value est créé. Donc je souhaiterais que les résolutions du forum ne restent pas dans les tiroirs.

Sur ce forum des hommes avertis sur le sujet, des experts qui ont fait le tour du monde et qui ont une parfaite maîtrise du thème, comme Léonard Yakanou par exemple. Quelle est votre appréciation du choix de ces personnalités ?

Ceux qui viennent sur ce forum sont quand-même de grands noms en matière d'économie culturelle hein. Je connais beaucoup parmi eux et nous avons l'habitude de nous croiser sur plusieurs foras et colloques. 

J'en veux pour preuve, Léonard Yakanou, avec lequel nous avons participé à plusieurs sorties continentales et internationales sur la question de l'économie culturelle créative. Donc ce sont des experts qui maîtrisent leur sujet. Et comme le Bénin et le Togo sont des voisins, l'économie culturelle des deux pays se ressemblent pratiquement. Donc ce sont des experts avertis en la matière, je n'ai donc pas à m'inquiéter par rapport à leurs performances. Ils apporteront beaucoup à ce forum et ceux qui seront à ces assises suivront les explications qui seront données et les mettront en pratique.

Un mot de fin ?

Pour mot de fin j'aimerais revenir sur les entreprises culturelles dont la diversité s'explique par l'appartenance  à des secteurs artistiques et par l'origine de leurs créations. Une entreprise culturelle est une filiale de l'industrie culturelle, elle est une unité de production de commercialisation de biens portant la marque symbolique d'une culture. 

C'est un moteur d'échanges des biens, des services et des capitaux. Donc les industries culturelles contribuent au développement de l'économie nationale. Elles prennent une part active à la croissance économique nationale, elles apportent une valeur ajoutée comme je l'ai dit plus haut. Donc c'est un rôle très capital qu'elles jouent dans la valorisation des richesses et détermine l'intérêt économique dans la créativité artistique et culturelle.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE




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