jeudi 20 mars 2014

Entretien avec Papa Raspho

‘’Ce qui manque au Bénin, c’est de vrais promoteurs qui puissent assurer réellement la promotion des artistes’’

Artiste comédien, cinéaste, il est aussi musicien. C’est d’ailleurs, sa passion pour la musique qui lui ouvrait les portes des autres secteurs de la culture. Raphaël Koffi Wotto, un vieux de la vieille qui a chanté les beaux jours de la révolution avec son orchestre ‘’Los Héros’’ est également membre fondateur de la troupe théâtrale ‘’Les Très Fâchés du Bénin’’. Après son retour du pays des Eléphants, nous l’avons rencontré, il nous parle de lui, de son 1er album solo et donne son avis sur les réformes dans le secteur culturel. Lisez plutôt.

Papa Raspho

Présentez-vous aux lecteurs du journal l’Informateur ?

Je m’appelle Raphaël Koffi Wotto à l’état civil. Mon nom d’artiste est Papa Raspho, mais au temps de la révolution, les gens m’ont connu sont le nom d’artiste de Raspho.

Alors votre histoire avec la musique, elle date depuis quand ?

D’abord c’est une longue histoire. J’adore la musique et tout petit j’ai commencé par fréquenter les lieux de spectacles et beaucoup d’orchestres, en l’occurrence les Supers Stars de Ouidah. J’ai été d’abord attiré vers la chanson, après la flute et plusieurs autres instruments. Très jeune pour ne pas dire enfant, j’ai quitté  le Bénin pour le Burkina Faso où les choses prendront réellement corps. C’est donc là-bas que j’ai poursuivi les études et en même temps cette ardente passion pour la musique. Avec mon groupe scolaire, j’ai commencé par monter sur scène. J’ai vécu pleinement mes amours pour la musique au Burkina Faso. De retour au bercail, j’ai avec quelques amis créé l’Orchestre ‘’Los Héros’’. Avec cet orchestre, nous avons beaucoup chanté sur la révolution et pour la gloire du régime marxiste léniniste. C’est donc chemin faisant que j’ai fait la rencontre de Sabas Loko alias Ben Sabas.

Donc entre Ben Sabas et vous, c’est une vieille histoire ?

Oui nous sommes ensemble il y a très longtemps. C’est de cette rencontre qu’est né, le Cercle artistique et culturel ‘’Les Très Fâchés du Bénin’’, dont j’étais le responsable de section musique, lui responsable de la section théâtre et Victorin Azondoté Dr Wazo le responsable de la section danse. A trois donc on avait fait bouger le Bénin et l’Afrique, car on a eu à faire avec plusieurs artistes de renommée internationale, comme Aurlus Mabélé, Kanda Bongo Man, Joe Balard, etc. ils sont trop nombreux. Nous avons donné le meilleur de nous même pour la culture béninoise. Mais à un moment donné, l’aventure aura raison encore une fois de moi. Avant mon retour, le Cercle artistique et culturel ‘’Les Très Fâchés du Bénin’’ était presqu’en lambeau. J’ai essayé tant bien que mal de colmater les brèches, on n’a repris du poil de la bête, mais à cause du manque de volonté et de la boulimie de certains vils individus, qui aiment créer la division, la troupe a fini par connaitre son déclin.  Suite à cela et gagné par le découragement, j’ai rejoint Ben Sabas en Côte d’Ivoire et avec son concours, il m’a produit mon premier album solo intitulé ‘’Consécration’’.

Pourquoi ‘’Consécration’’ ?

C’est juste pour dire que cet album est le fruit de 40 ans d’expériences emmagasinées.  Et lorsqu’on écoute cet opus on sent réellement que c’est un vieux de la vieille qui l’a concocté.

De combien de titres se compose cet album et quels sont les genres musicaux qu’on y retrouve ?

C’est un opus de 6 titres fait d’une variété musicale saisissante, car Papa Raspho est d’abord et avant tout un artiste d’orchestre. Sur l’album vous y retrouverez de la salsa, de la rumba, du zouk et du coupé décalé, parce que fait en Côte d’Ivoire et qu’il faillait s’adapter au contexte.

De votre position d’artiste quel regard portez-vous sur la musique béninoise ?

Si je dis que rien ne va c’est me piétiner moi-même.  Il y a des jeunes pleins de talents qui aiment la chose et qui ont beaucoup de volonté de bien et mieux faire. Le problème c’est qu’au Bénin, il fait énormément défaut de promoteurs dans ce secteur. Par exemple moi depuis mon retour d’Abidjan, personne ne joue mes sons si ce n’est l’Ortb radio et Télé et LC2. Ce qui fait que je suis plus connu en Côte d’Ivoire que chez moi au Bénin.

En tant qu’un doyen dans le domaine, s’il vous était donné de prodiguer des conseils aux jeunes, que leur diriez-vous ?

Le retour à la source, car actuellement pour être vendable et consommé dans le monde, il faut que la musique que tu fais soit sur le marché européen et autres. Sauf que ces derniers ont tellement écouté leurs propres musiques qu’ils en ont marre. Ils veulent écouter du nouveau, une musique empreinte d’originalités et d’autres réalités. Raison pour laquelle ils se sont tournés vers l’Afrique. C’est d’ailleurs pour ça que moi-même j’ai opéré un retour vers la source et mon prochain single que les mélomanes découvriront est de la pure musique tradi-moderne.

Votre avis sur les réformes entamées par le ministère de la culture dans le secteur culturel ?

Vraiment j’apprécie trop l’initiative et le courage de notre ministre de la culture, car il est temps. Jusqu’à présent les artistes béninois ne vivent pas de leur art. Ceux qui y arrivent à y voir de près c’est simplement de la merde. J’apprécie ces réformes et je demande au ministre de faire davantage.

Un mot pour conclure cet entretien ?

Oui, je remercie toute la presse béninoise pour les efforts qu’elle déploie pour la promotion de la culture. Je profite pour faire un clin d’œil aux mélomanes du Bénin.


Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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