mercredi 23 octobre 2019

Entretien avec Kismath Baguiri la Réalisatrice du film ‘’Suru''

«Ce qu'on souhaiterait, c’est de pouvoir faire une tournée nationale avec le film…»

Originaire de Parakou dans le département du Borgou au Nord du Bénin et benjamine d'une fratrie de 3 enfants, Kismath Baguiri, artiste et  réalisatrice est une étoile montante et une perle rare pour la cinématographie béninoise. Née le 30 avril 1994, elle a déjà à son actif plusieurs films. Expérimentée et rigoureuse dans le travail, Kismath se donne en entière dans le métier de sa passion. Celle qui avec son jeune âge a déjà un beau palmarès filmique, venait de signé ‘’Suru’’ son nouveau film très apprécié du public. Après l'avant première, nous l'avons rencontré et elle nous parle de ce film, de son rêve de porter le contenu du message aux autres populations du Bénin à travers une tournée nationale et de ses projets d’avenir notamment la 3ème édition de Ciné 229 Awards, la grande cérémonie qui récompense les efforts des jeunes talents béninois du cinéma. 

Kismath nos lecteurs brûlent d'envies de vous connaître

Kismath Baguiri je suis réalisatrice. J'ai fait un Master en Réalisation Cinéma et Télévision à l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel (ISMA). 

Dans l’univers de la réalisation vous êtes une étoile pour le Bénin, comment va selon vous,  le 7ème art béninois ?

Le 7ème art au Bénin ne va pas bien. Je dis qu’il pourrait aller mieux si le secteur était mieux organisé, si nous avons un système qui permet à ceux qui s’investissent ou qui ont choisi d’être dans ce secteur de vivre de leur art. Il pourrait aller mieux si nos salles ouvrent, si nous avons derrière un circuit de distribution, etc. Le cinéma béninois souffre de beaucoup de maux, comme celui de ne pas avoir son code de la cinématographie encore voté. Mais nous croyons que les choses sont entrain d’être faites tout doucement, que les lignes bougent et que ça ira mieux d'ici quelques années. 

S'il vous était demandé de parler de votre parcours dans le monde du Cinéma, que diriez-vous ?

Tout a commencé depuis que j’étais à l’université avec mon premier film de licence ‘’Health War'', qui parlait de la lutte des agents de la santé. Ensuite j'ai travaillé sur plusieurs projets de mes collègues avant d'aller faire quelques mois à RTI en Côte d’Ivoire où j'ai coréalisé et écrit des scénarios pour la télévision ivoirienne. 
Kismath Baguiri

Après cela j'ai sorti un autre court métrage ‘’Game Over'' qui a été tourné aux États-Unis et la seconde saison de ‘’Ting-Tang’’ qui a connu un bon succès local et mon tout dernier film en date est ‘’Suru’’, qui traite de la violence faite aux femmes et en particulier aux domestiques.

Je suis toujours entrain de construire ma petite carrière, de faire mon petit bonhomme de chemin. Il y a d'autres productions que j'ai partagé avec des collègues. On m'a engagé pour être soit assistante Réa, soit réalisatrice, etc. Voilà ce que je peux dire concernant ma jeune et petite carrière. 

Que faut-il faire selon vous pour que rayonne le Cinéma béninois ?

Ben là, il faut faire beaucoup de choses hein ! Il y a beaucoup de choses et je pense que les aînés ont commencé et que la jeune génération aussi est entrain de suivre. 

Quelque chose est entrain d’être faite et c’est comme je le disais plus haut, les maux dont souffre le cinéma béninois. Il faut que le code finisse par être voté, il faut que le système soit réglementé et qu'aucun maillon de la chaine ne souffre. C’est-à-dire au niveau de la production, de l’artistique , la réalisation, ensuite la distribution. Et si nous arrivons à établir ce système là, tout ira mieux. 

Vous venez de signe un film de haute facture ''Suru'' que dénoncez-vous à travers ce film ?

Dans ‘’Suru’’ je dénonce la violence faite aux femmes et surtout les domestiques dont les employeurs, les patronnes se plaignent souvent. Il y a tellement de violences, mais la plupart du temps personne n'en parle. C’est un constat que j'ai fait. Il y a trop de violences, des traitements inhumains dont les gens ne parlent pas forcément tout le temps. Alors que ces domestiques sont des personnes humaines, elles ont le droit à de bons traitements, à un minimum de traitements raisonnable quand-même. 

Justement, j'ai voulu montrer que ces mauvais traitements sur les domestiques pourraient avoir des conséquences au niveau des employeurs, parce qu’il ne faut pas oublier que c’est à ces domestiques que nous confions, nos enfants, nos maisons, etc. donc la moindre des choses, c'est de les traiter convenablement je pense. Voilà  ce que je dénonce dans ‘’Suru’’. 

D’où est-ce que l'idée vous est-elle venue de mettre en mouvement ces faits sociaux ?

La plupart du temps, mes films ou mes scénarios se font sur un constat. C'est ce que nous côtoyons tous les jours, c’est ce que nous voyons qu'on envie de raconter, c'est la réalité. Et en tant que réalisateur, c'est ce que nous voyons que nous mettons en scène et c’est ça que nous montrons aux téléspectateurs. 

Est-ce un court, long métrage ou un documentaire et que peut-on retenir définitivement de ce film ?

‘’Suru’’, c'est un court métrage fiction. Et qu’est-ce qu'on peut retenir en définitive du film . Ben déjà que tout se paie ici bas et que la patience est un chemin d'or. La belle preuve le film s’intitule ‘’Suru’’ et en langue locale Bariba, Dendi, Fon et plusieurs autres langues du Bénin, veut dire la même chose, ‘’la patience''. Ce n’est pas facile d’être patient dans cette vie, c’est vrai, mais quand on y arrive, on fini par récolter les fruits de notre patience et tout ce que nous semons ici bas on le récolte toujours. 

Racontez-nous les conditions de tournage du film ?

C'est un film tourné en auto production. Je l’ai produit par moi-même avec l'appui de mes amis, de mes collègues, de la famille. On s'est mis ensemble pour faire ce film, il n'y a pas eu d’apport extérieur. Sinon que le tournage s'est bien déroulé dans une belle ambiance. Tout le monde faisait son travail comme il le fallait. On était en équipe réduite mais chacun s’affairait à sa tâche et c'est ce qui a donné le résultat que vous avez à travers le film. En gros, tout s’est bien passé et on souhaite que le film ait un bon succès. 

Comment ce film sera diffusé, vous-y avez pensé ?

Pour la diffusion, on a fait un avant première qui a connu beaucoup de succès. Ce qu'on souhaiterait, c’est de pouvoir faire une tournée nationale avec le film afin que les autres populations du Bénin voit le film et que notre message puisse toucher une grande partie de la population. Donc c'est sur ça on travaille puisque faire une tournée demande des moyens. Donc nous sommes entrain de faire du mieux que nous pouvons afin d’atteindre cet objectif. 

Vos projets à court, moyen et long terme ?

On a toujours des projets hein. On a des films de coproduction. Je suis là et on va voir ce que l’avenir nous réserve. Mais je viens de finir un film, je vais laisser ce film faire son petit bonhomme de chemin et nous préparer pour d'autres fronts. 

Là maintenant on attend la prochaine édition Ciné 229 Awards que j’organise avec mon Association ‘’Terre d’Ébène''. Donc le plus imminent c’est la 3ème édition de Ciné 229 Awards qui est d’ailleurs la cérémonie de récompense des jeunes talents béninois du cinéma. 

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE

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