dimanche 29 juin 2014

Décès de l'artiste Oket Baya

Encore un artiste de talent qui s’en va dans le dénuement total


C’en  est définitivement fini pour Oket Baya. L’artiste de la musique béninoise dotée d’un talent hors du commun s’en est allée. Elle a rendu l’âme le mercredi 25 juin 2014 à la clinique O’Cles sise au quartier Vodjè à Cotonou des suites d’une crise. Des sources proches de son médecin traitant, elle souffrait d’au moins 4 maladies cruelles qui ont fini par avoir raison d’elle. Sauf qu’après cette énième mort dans le rang des artistes, il y a toujours que personne n’ose parler pour dire la vérité.
La regrettée Oket Baya

De son vrai nom, Catherine Tokpo, Oket Baya est allée rejoindre ces ancêtres dans l’au-delà. Une mort subite et tragique a eu raison d’elle dans l’après midi de ce mercredi 25 juin 2014 à la clinique O’Cles. Encore un artiste qui passe de vie à trépas et qui vient alourdir la liste de ces hommes et femmes de culture, ces philosophes et donneurs de leçons à la société qui depuis janvier 2013, sont mort dans une pauvreté qui ne dit pas son nom. Selon son médecin soignant, docteur Daniel Tchibozo, Oket Baya souffrait de 4 maladies, dont la Drépanocytose, de l’Hépatite, de l’insuffisance rénale et de l’anémie. Une association de 4 pathologies qui ne lui a pas fait de cadeaux. Une mort qui parait bien surprenante car aux dires de certains de ses pairs, elle allait bien et avait même donné une superbe prestation le 21 juin à l’occasion de la fête de la musique. Sa famille, ses amis artistes dépités et bouleversés, confient ne pas comprendre le sort et cette mort qui venait de les frapper en plein cœur. Surtout, qu’Oket Baya s’apprêtait même  à lancer le 27 juillet prochain, son nouvel album avant que la mort vienne l’arracher à l’affection des siens, dans l’après-midi du mercredi passé.  Il faut dire que l’artiste est née le 23 mai 1963 à Bembèrèkè dans le septentrion. Mère de deux filles,   Oket Baya  a aujourd’hui à son compteur, plusieurs albums. Elle s’était révélée au public grâce à la  Salsa dont elle était une folle passionnée.

La comédie des attristés
(A quoi sert réellement le milliard culturel ?)
De janvier 2013 à ce mois de juin 2014, combien ne sont-ils pas ces artistes qui sont morts et qu’on a volontairement laissé périr face à des maux qui au 21ème siècle se combattent et qui sont vaincus ? Nous dirons-t-ils que ces par manque de moyens ? Ou que c’est parce qu’ils ne reconnaissent pas ceux-là en tant qu’acteurs culturels au Bénin ? En effet, plusieurs questions brûlent les lèvres lorsque de loin on assiste impuissant à ces décès perlés des artistes béninois. Faut-il forcément attendre le gouvernement pour décider d’une évacuation sanitaire d’un artiste souffrant et aux portes de la mort ? A quoi sert réellement le milliard culturel ? Si on ne peut pas le distribuer aux initiatives culturelles qui se tiennent ici, qu’on le mette alors à disposition et en temps réel pour des soins de qualité aux artistes lorsqu’ils tombent sous le coup de vilaines maladies. Alokè, Riss Cool, André de Berry Quénum, etc. etc. sont passés par là. Trop c’est trop. De combien avait besoin cette pauvre dame (Oket Baya) pour des soins de qualité, qui pouvaient lui permettre de vivre encore pendant des années et de contribuer à l’essor de la musique et de la culture béninoises. Seulement deux (02) millions de nos francs. Après leur accident de circulation (la dizaine d’artistes) à hauteur de Gbada le 7 janvier 2012, il avait été décelé à son niveau une tumeur et du sang qui coulait dans son cerveau. Ne sachant plus à quel saint se vouer, elle avait audacieusement pris la décision de se rendre de force chez le père de la Nation au Palais de la Marina. Mais comme une vermine elle aura été chassée, maltraitée et traitée de tous les noms, dans les instants qui ont suivis son acte courageux par ses pairs artistes, qui à sa mort viennent nous jouer la comédie des attristés.  Ça fait pitié.
Les cadres godillots du ministère de la culture ont encore du boulot
 
Richmir Totah Pdt Faaben et Blaise Tchétchao Dfac
Ils viendront chanter dans quelques jours, le requiem d’Oket Baya, à travers de fastidieuses cérémonies d’hommage et de décoration à titre posthume. Voilà tout ce qu’ils savent faire, les cadres sans cervelles du ministère de la culture de mon pays. Sur plus de la dizaine d’artistes décédés de janvier 2013 à ce jour, ils en sont pour beaucoup. Au lieu de prendre des décisions idoines dans les délais et pendant qu’il est encore temps, ils préfèrent laisser le pire arriver pour commencer par afficher des têtes d’affliger. Ceux-ci ne visant que leurs intérêts égoïstes et non avoués préfèrent se partager le butin qu’est le milliard culturel, avec des miettes aux artistes et aux promoteurs culturels, les vrais bénéficiaires de ce fonds. Il n’y qu’au Bénin qu’on peut se prêter à ce sale jeu dans l’impunité totale et sans être inquiété. Nous y reviendrons car il est temps de taper du poing sur la table, ceci pour dire tout haut, ce que tout le monde sais, mais pense tout bas.

A Richmir Totah, Jean-Pierre Hountin Kiki et autres

Jean-Pierre Hountin Kiki, Pdt ANCCTB

On ne le dira jamais assez. Les présidents d’associations d’artistes, le président de la Fédération des associations d’artistes (Faaben), Richmir Totah, le président de l’ANCCTB, Jean-Pierre Hountin Kiki, notamment et les autres, se doivent de se concerter. Il ne sert à rien de venir se lamenter devant micros, caméras et enregistreurs, à la mort d’un artiste. C’est affligeant de les voir jouer à ce spectacle désolant et d’une autre époque. Les choses ont considérablement évolué sous d’autres cieux. Les autres viennent prendre de l’exemple sur le Bénin dans tous les secteurs et nous dépassent quelques années plus tard. Allez aussi prendre de l’exemple de ce qui se fait de mieux dans le monde artistique dans la sous région, en Afrique entière et dans d’autres pays du monde et venez l’appliquer ici. Il faut que vous jouiez votre rôle de présidents. Pourquoi ne pas oser aller vers cette mutuelle entre artistes et acteurs culturels, qui pouvait en cas de besoin aider à sauver des vies et des talents que perde le Bénin ? Etes-vous tombés dans le panneau du mort né de Ramu ? Il urge que vous vous concertiez et que vous trouver des solutions à l’interne pour ne plus attendre ces manges mil de l’économie nationale, ces affamés de vautours qui n’ont aucune retenue et aucune décence face aux liasses de billets de banque craquants. Vous devez savoir que cela n’arrive pas qu’aux autres.

Quelques réactions prises sur le vif quelques minutes après l’annonce de la nouvelle  

Richmir Totah « Son décès m’a vraiment surpris »
« Oket n’était pas alitée au point de mourir comme ça. Depuis quelque mois, elle a commencé par mener ses activités, elle s’adonnait à sa carrière et avait des projets. Oket venait tout le temps à la Faaben pour suivre les cours de solfège avec un groupe de femmes. On ne peut pas dire que ce sont les séquelles de l’accident qu’elle a eu au même moment que les autres artistes en 2012 qui l’a conduit vers cette mort tragique. Oket était même sur scène, la semaine dernière lors des manifestations commémoratives de la fête de musique le 21 juin dernier. C’est triste qu’elle soit partie comme ça parce que c’est une dame qui se bat réellement. Le ministère de la Culture lui a apporté son aide et je pense que ce décès n’est pas lié à cet accident de circulation. C’est triste qu’elle soit partie comme ça ».

Castella Ayilo : « Elle était déjà décédée avant que je ne me rende sur les lieux »
« Nous faisons partie de la même amicale. Oket et moi. Elle ne se sentait pas bien. Oket s’est rendue dans une clinique dans la matinée du mercredi dernier pour se faire soigner parce qu’elle ne se sentait pas bien. La présidente de notre amicale m’a appelé pour que je puisse aller voir ce qui se passait réellement. Elle voulait avoir une idée de son état de santé et les conditions dans lesquelles elle était soignée. Mais avant que je ne me rende sur les lieux, elle était déjà décédée puisque l’ambulance se retournait déjà. C’était dans l’après-midi de ce mercredi. Que la terre lui soit légère ».

Amlot Nelly : « J’ai peur pour ma vie  »
« Vous venez de m’apprendre la nouvelle de son décès. Qu’est-ce qui s’est encore passé ? Oket paraissait en forme puisqu’elle avait commencé à faire des prestations. Je suis très attristée par son décès. On a eu cet accident ensemble. Mais par rapport à moi, elle se sortait déjà. Je ne sais pas ce qui lui est encore arrivé. Moi je suis encore là par la grâce de Dieu et je continue de solliciter l’aide du ministère pour mon évacuation sanitaire parce que j’ai peur pour ma vie. Que l’âme de ma consœur repose en paix. »

Patrick Hervé YOBODE



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