Encore un artiste de talent qui s’en va dans le dénuement total
C’en est définitivement fini pour
Oket Baya. L’artiste de la musique béninoise dotée d’un talent hors du commun s’en
est allée. Elle a rendu l’âme le mercredi 25 juin 2014 à la clinique O’Cles
sise au quartier Vodjè à Cotonou des suites d’une crise. Des sources proches de
son médecin traitant, elle souffrait d’au moins 4 maladies cruelles qui ont
fini par avoir raison d’elle. Sauf qu’après cette énième mort dans le rang des
artistes, il y a toujours que personne n’ose parler pour dire la vérité.
La regrettée Oket Baya |
De son vrai
nom, Catherine Tokpo, Oket Baya est allée rejoindre ces ancêtres dans l’au-delà.
Une mort subite et tragique a eu raison d’elle dans l’après midi de ce mercredi
25 juin 2014 à la clinique O’Cles. Encore un artiste qui passe de vie à trépas
et qui vient alourdir la liste de ces hommes et femmes de culture, ces
philosophes et donneurs de leçons à la société qui depuis janvier 2013, sont
mort dans une pauvreté qui ne dit pas son nom. Selon son médecin
soignant, docteur Daniel Tchibozo, Oket Baya souffrait de 4 maladies, dont la Drépanocytose, de l’Hépatite,
de l’insuffisance rénale et de l’anémie. Une association de 4 pathologies qui
ne lui a pas fait de cadeaux. Une mort qui parait bien surprenante car aux
dires de certains de ses pairs, elle allait bien et avait même donné une
superbe prestation le 21 juin à l’occasion de la fête de la musique. Sa famille,
ses amis artistes dépités et bouleversés, confient ne pas comprendre le sort et
cette mort qui venait de les frapper en plein cœur. Surtout, qu’Oket Baya
s’apprêtait même à lancer le 27 juillet prochain, son nouvel album avant
que la mort vienne l’arracher à l’affection des siens, dans l’après-midi du
mercredi passé. Il faut dire que
l’artiste est née le 23 mai 1963 à Bembèrèkè dans le septentrion. Mère de deux
filles, Oket Baya a aujourd’hui à son compteur, plusieurs
albums. Elle s’était révélée au public grâce à la Salsa dont elle était une folle passionnée.
La comédie des attristés
(A quoi sert réellement le milliard culturel ?)
De janvier 2013 à ce mois de juin
2014, combien ne sont-ils pas ces artistes qui sont morts et qu’on a
volontairement laissé périr face à des maux qui au 21ème siècle se combattent
et qui sont vaincus ? Nous dirons-t-ils que ces par manque de moyens ?
Ou que c’est parce qu’ils ne reconnaissent pas ceux-là en tant qu’acteurs
culturels au Bénin ? En effet, plusieurs questions brûlent les lèvres
lorsque de loin on assiste impuissant à ces décès perlés des artistes béninois.
Faut-il forcément attendre le gouvernement pour décider d’une évacuation
sanitaire d’un artiste souffrant et aux portes de la mort ? A quoi sert
réellement le milliard culturel ? Si on ne peut pas le distribuer aux
initiatives culturelles qui se tiennent ici, qu’on le mette alors à disposition
et en temps réel pour des soins de qualité aux artistes lorsqu’ils tombent sous
le coup de vilaines maladies. Alokè, Riss Cool, André de Berry Quénum, etc. etc.
sont passés par là. Trop c’est trop. De combien avait besoin cette pauvre dame
(Oket Baya) pour des soins de qualité, qui pouvaient lui permettre de vivre
encore pendant des années et de contribuer à l’essor de la musique et de la
culture béninoises. Seulement deux (02) millions de nos francs. Après leur
accident de circulation (la dizaine d’artistes) à hauteur de Gbada le 7 janvier 2012, il avait été
décelé à son niveau une tumeur et du sang qui coulait dans son cerveau. Ne sachant
plus à quel saint se vouer, elle avait audacieusement pris la décision de se
rendre de force chez le père de la Nation au Palais de la Marina. Mais comme
une vermine elle aura été chassée, maltraitée et traitée de tous les noms, dans
les instants qui ont suivis son acte courageux par ses pairs artistes, qui à sa
mort viennent nous jouer la comédie des attristés. Ça fait pitié.
Les cadres godillots du ministère de la culture ont encore du boulot
Ils viendront chanter dans quelques jours, le requiem d’Oket
Baya, à travers de fastidieuses cérémonies d’hommage et de décoration à titre posthume.
Voilà tout ce qu’ils savent faire, les cadres sans cervelles du ministère de la
culture de mon pays. Sur plus de la dizaine d’artistes décédés de janvier 2013
à ce jour, ils en sont pour beaucoup. Au lieu de prendre des décisions idoines
dans les délais et pendant qu’il est encore temps, ils préfèrent laisser le
pire arriver pour commencer par afficher des têtes d’affliger. Ceux-ci ne
visant que leurs intérêts égoïstes et non avoués préfèrent se partager le butin
qu’est le milliard culturel, avec des miettes aux artistes et aux promoteurs
culturels, les vrais bénéficiaires de ce fonds. Il n’y qu’au Bénin qu’on peut
se prêter à ce sale jeu dans l’impunité totale et sans être inquiété. Nous y
reviendrons car il est temps de taper du poing sur la table, ceci pour dire tout
haut, ce que tout le monde sais, mais pense tout bas.
A
Richmir Totah, Jean-Pierre Hountin Kiki et autres
Jean-Pierre Hountin Kiki, Pdt ANCCTB |
On ne le dira jamais assez. Les
présidents d’associations d’artistes, le président de la Fédération des
associations d’artistes (Faaben), Richmir Totah, le président de l’ANCCTB,
Jean-Pierre Hountin Kiki, notamment et les autres, se doivent de se concerter. Il
ne sert à rien de venir se lamenter devant micros, caméras et enregistreurs, à
la mort d’un artiste. C’est affligeant de les voir jouer à ce spectacle
désolant et d’une autre époque. Les choses ont considérablement évolué sous d’autres
cieux. Les autres viennent prendre de l’exemple sur le Bénin dans tous les
secteurs et nous dépassent quelques années plus tard. Allez aussi prendre de l’exemple
de ce qui se fait de mieux dans le monde artistique dans la sous région, en
Afrique entière et dans d’autres pays du monde et venez l’appliquer ici. Il faut
que vous jouiez votre rôle de présidents. Pourquoi ne pas oser aller vers cette
mutuelle entre artistes et acteurs culturels, qui pouvait en cas de besoin
aider à sauver des vies et des talents que perde le Bénin ? Etes-vous
tombés dans le panneau du mort né de Ramu ? Il urge que vous vous
concertiez et que vous trouver des solutions à l’interne pour ne plus attendre
ces manges mil de l’économie nationale, ces affamés de vautours qui n’ont
aucune retenue et aucune décence face aux liasses de billets de banque craquants.
Vous devez savoir que cela n’arrive pas qu’aux autres.
Quelques
réactions prises sur le vif quelques minutes après l’annonce de la nouvelle
Richmir Totah
« Son décès m’a vraiment surpris »
« Oket
n’était pas alitée au point de mourir comme ça. Depuis quelque mois, elle a
commencé par mener ses activités, elle s’adonnait à sa carrière et avait des
projets. Oket venait tout le temps à la Faaben pour suivre les cours de solfège
avec un groupe de femmes. On ne peut pas dire que ce sont les séquelles de
l’accident qu’elle a eu au même moment que les autres artistes en 2012 qui l’a
conduit vers cette mort tragique. Oket était même sur scène, la semaine
dernière lors des manifestations commémoratives de la fête de musique le 21
juin dernier. C’est triste qu’elle soit partie comme ça parce que c’est une
dame qui se bat réellement. Le ministère de la Culture lui a apporté son aide
et je pense que ce décès n’est pas lié à cet accident de circulation. C’est
triste qu’elle soit partie comme ça ».
Castella
Ayilo : « Elle était déjà décédée avant que je ne me rende sur les
lieux »
« Nous
faisons partie de la même amicale. Oket et moi. Elle ne se sentait pas bien.
Oket s’est rendue dans une clinique dans la matinée du mercredi dernier pour se
faire soigner parce qu’elle ne se sentait pas bien. La présidente de notre
amicale m’a appelé pour que je puisse aller voir ce qui se passait réellement.
Elle voulait avoir une idée de son état de santé et les conditions dans lesquelles
elle était soignée. Mais avant que je ne me rende sur les lieux, elle était
déjà décédée puisque l’ambulance se retournait déjà. C’était dans l’après-midi
de ce mercredi. Que la terre lui soit légère ».
Amlot
Nelly : « J’ai peur pour ma vie »
« Vous
venez de m’apprendre la nouvelle de son décès. Qu’est-ce qui s’est encore
passé ? Oket paraissait en forme puisqu’elle avait commencé à faire des
prestations. Je suis très attristée par son décès. On a eu cet accident
ensemble. Mais par rapport à moi, elle se sortait déjà. Je ne sais pas ce qui
lui est encore arrivé. Moi je suis encore là par la grâce de Dieu et je
continue de solliciter l’aide du ministère pour mon évacuation sanitaire parce
que j’ai peur pour ma vie. Que l’âme de ma consœur repose
en paix. »
Patrick Hervé YOBODE
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