mardi 20 mai 2014

Fulgurante expansion de la musique urbaine en Afrique


 Quelle place pour la musique et les artistes béninois

La musique béninoise traverse une période de léthargie qui ne dit pas son nom. Chaque jour que Dieu fait les annales de la musique et de la culture enregistre un nouvel artiste de la musique. Mais malgré cet état de chose, il est un constat amer que de savoir qu’aucun des artistes ne sont à la hauteur de ce qui se fait sous d’autres cieux. Depuis le décès prématuré du seul concept vraiment béninois, le Soyoyo, plusieurs artistes ont tenté de trouver des astuces pour tenir dans le temps. Ainsi a-t-on enregistré le Zékédé, le Soyoyo Zékédé, le Zékponmankpon et pour finir le Noudjihou. Chose bizarre aucun de ces concepts n’a pris et aucun n’a jamais pu réellement concurrencer le Cooligatché togolais du duo Barabas et Master Just ou le Azonto du Ghana et du Nigéria. Mis à part la musique traditionnelle et celle moderne d’inspiration traditionnelle, on n’a du mal, mais alors très mal à situer le Bénin dans un concept musical. A quoi serait due une telle absence qui se fait sentir sur le continent ? Quelles en seraient les causes et les conséquences ? Nous essayerons de voir les freins qui empêchent la musique de tout un pays de réellement décoller.  
Osons réveiller le chat qui dort

Contexte actuel du showbiz béninois

Ils sont pleins, chacun se défend vaille que vaille, peut-être contre vents et marrées, pour se faire un nom. Le secteur musical béninois lui-même est en vogue ces derniers temps. Il connait une ébullition fantastique, mais paradoxalement n’accroche vraiment personne. Ils sont Willy Mignon, Assido, Olouwa Kèmy, Pélagie la Vibreuse, Tata Sèna Noble, H-Ley, Dègnon qui aurait changé de nom, Lady G, Liss Mouss, Liz Yèhoué, Princesse Cica, Princesse Métok, le groupe Adjato, GG Lapino, Abiss Bidossessi, le groupe All Baxx, etc. mais curieusement aucun d’eux ne fait le poids. Face à des jeunes, mais des ogres comme Davido, Flavour, Chidinma, P-Square, du Nigeria, le duo Barabas et Master Just, Tiffany et Fuse ODG du Togo, les créateurs même du Azonto que sont les ghanéens avec entre autres : Sarkodie, Castro, Elinee, Gasmilla, Stay Jay, Buk Bak, Tribal Magz. D’ailleurs que pourront-ils réellement faire face à la furie des ces jeunes qui exportent la musique de leurs pays, avec ce qu’ils nous servent ici comme produits finis. Rien n’est finalement bon et il convient d’indexer les artistes béninois, les arrangeurs, les ingénieurs de son, bref toutes la chaine de production phonographique. Bien que très fournie, l’univers musical du Bénin peine encore à convaincre et beaucoup ne s’attardent même pas sur la musique d’un pays à potentiel culturel énorme. Au Bénin, on voit de tout et on entend de tout, sauf que personne ne convainc personne et qu’aucun produit n’émeut personne. Résultat, la musique béninoise souffre d’un manque total de visibilité sur le continent.

Le manque de solidarité qui tue la musique béninoise

La musique béninoise souffre incontestablement aujourd’hui d’un manque de solidarité et de vision de ses acteurs. A cela s’ajoute, la non créativité due à la paresse, la nonchalance, l’esprit de division, la suffisance qui les empêche d’écouter les autres, la grosse tête et la non acceptation des reproches et critiques. On se dit déjà tout savoir, si on peut aller dans un studio au coin de la rue et vociférer dans un microphone. Les artistes béninois ne sont pas du tout solidaire et ne se complètent pas. Ils aiment beaucoup plus le m’as-tu vu qui coûte sa place sur le Continent  à la musique béninoise. En Côte d’ivoire, lorsque Doug Saga lance le concept Coupé Décalé, tous les artistes et Disc Joker ivoiriens l’ont pris d’assaut. Partout c’était la Côte d’Ivoire. Pendant plusieurs années, cette solidarité entre les fils d’un même pays, aura permis aux pays des Eléphants artistes d’être sur le toit du monde. C’est tout le contraire au Bénin. Nous avons vu Robinson Sipa et sa bande créé le Soyoyo, la jalousie et la méchanceté de voir le nom de l’autre comme une étiquette collée à ce concept a fait que personne n’a suivi le mouvement. La suite on là connait, des concepts ont vu le jour par-ci et par-là. Du Zékédé, en passant le Soyoyo Zékédé, au Zékponmankpon, jusqu’au Noudjihou, personne n’a voulu suivre personne, ou le concept  de l’autre. On veut être soit même géniteur d’un concept. De concept en concept alors la musique béninoise tient la queue de la queue des pays qui musicalement émergent sur le Continent.

Le Noudjihou, un espoir très tôt déçu

 A l’origine de ce concept, un groupe baptisé ‘’Alli’’ ou le chemin. Au départ ils étaient pratiquement bleus et loin des réalités du monde du showbiz. Mais très tôt la grosse tête s’invite dans leur union et l’un d’eux claqua la porte. Willy Mignon comme c’est lui seul qui restait a très tôt pris les choses en main. Il trouva d’abord une dénomination au nouveau concept et c’est parti. Vue ce que c’était, les autres artistes ont commencé par s’y adhérer. Petitement celui qui se dit concepteur, géniteur devient l’arrangeur du Noudjihou. Pour bien exécuter le concept, il faut passer par lui pour l’arrangement. De fil en aiguille, il ira à l’école de son grand frère Freddy Assogba en Côte d’Ivoire. Cherchant à mieux faire, il a vendu le Noudjihou au ivoiriens sans s’en rendre compte. Le concept a été dénaturé. A écouter du Noudjihou aujourd’hui on croirait être entrain d’écouter du Coupé Décalé ou simplement un concept ivoirien.

Le manque à gagner

Somme toute, c’est le Bénin et sa musique qui perdent assez sur le plan continental et mondial. Les produits musicaux de ses artistes n’étant pas représentatifs, ne répondant pas aux normes internationales en la matière et n’étant pas vendables, personne ne les sollicite sur les grands festivals. En 2012, n’eu été Sèssimè avec sa musique moderne d’inspiration traditionnelle et les frères Guèdèhounguè, le Bénin serait passé inaperçu au Kora Award. Si on avait pris le risque d’envoyer parmi ceux cités plus haut, se serait une honte totale, car nous voyons mal comment ils pourront tenir de la furie Azonto. Plusieurs festivals dotés de prix se déroulent toujours en Afrique et dans le monde, mais on ne voit jamais le Bénin.  A ce rythme, c’est l’identité culturelle et musicale du Bénin, parlant bien sûr de sa musique moderne qui serait rayée des annales. Vivement il est temps que les autorités tapent du poing sur la table pour arrêter la saignée.


Patrick Hervé YOBODE







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