mardi 25 juin 2013

Entretien avec le promoteur du festival Hanlissa


’Le festival Hanlissa se tiendra les 24 et 25 Août à Bohicon et à Cotonou, mais il n’y a toujours pas de soutien’’


L’émission la plus suivie ces dernières années au Bénin est incontestablement celle qu’a initié avec beaucoup de réflexions, Aubin Akpohounkè. Dénommée Hanlissa, l’émission draine du monde devant les écrans de la télévision Canal 3 Bénin. Depuis l’année dernière, l’animateur de cette émission a bien voulu lui donner une autre dimension. Désormais après l’expérience combien réussie de la première édition, l’émission Hanlissa devient le festival Hanlissa et se déroulera chaque année. Pour le compte de 2013, ce festival est prévu pour ce tenir, le 24 Août à Bohicon et le 25 du même mois à Cotonou. Seulement, les moyens font défaut et les sponsors et mécènes ne répondent pas encore à l’appel de ce digne fils de notre patrie. Nous sommes allés à sa rencontre et avec une envie mélangée à de la colère, il s’est prêté à nos questions. Lisez plutôt.

Bonjour Aubin Akpohounkè, comment est-ce que vous vous portez ?

Bonjour, ça va bien chez moi et je l’espère chez vous aussi.

Alors est-ce que, par rapport à ce qu’on a vu l’année dernière, le festival Hanlissa se tiendra  en 2013?

Ecoutez, le festival Hanlissa doit se tenir, parce que c’est une initiative que les béninois ont adoptée et il ne faudrait pas que je manque au rendez-vous de son organisation. Je suis entrain de me préparer pour une fois encore leur montrer que nos artistes de la musique traditionnelle sont capables et qu’ils sont toujours forts pour tenir ce pays par les messages qu’ils ont l’habitude de véhiculer dans leurs chansons. Donc le festival Hanlissa se tient cette année et il n’y a rien qui puisse bloquer sa réalisation en 2013.

Peut-on alors avoir une idée de la date arrêtée pour sa tenue ?

Le festival est prévu pour se dérouler à Cotonou, le 25 Août prochain, mais avant à Bohicon le 24 du même mois. Mais c’est bien sûr à compter avec les partenaires et sponsors. S’ils nous accompagnent ont pourra alors organiser le festival dans ces deux villes. Dans le cas échéant on sera verra obliger de ne réaliser que l’édition à Cotonou. Mais une chose est sure, c’est que le public découvrira un parterre impressionnant d’artistes, de la musique traditionnelle, comme c’était déjà le cas lors de la 1ère édition. Un plateau de richesse culturelle béninoise, rien que des artistes béninois, de la musique traditionnelle béninoise et quand ça va commencer à 10 heures, ce ne serait que très tard dans la nuit que le festival prendra fin. Cette année, tout est entrain d’être bien organisé pour que les ratées observées au cours de l’édition de 2012, ne s’observent plus.  Donc le public ne sera pas déçu et je suis sûr qu’ils vont davantage aimer l’émission Hanlissa à travers  le festival Hanlissa.

On apprend qu’au lieu d’une journée comme c’était le cas en 2012, le festival s’étendra cette année sur une semaine, est-ce une réalité ?

Ça ne peut pas s’étendre sur une semaine, parce que vous devez savoir que jusqu’à présent, il n’y a pas encore de sponsors.  Pour le moment nous volons de nos propres ailes. Une fois encore se pose donc l’épineuse question de soutien à la promotion de ce qui est de chez nous. Notre culture, ne dit pas grand-chose à certaine personnes qui ont les moyens et qui peuvent, accompagner les promoteurs pour beaucoup plus de visibilité à l’identité culturelle du Bénin, sauf que très peu de personnes y mettent les mains à la poche quand il s’agit de la culture. Ils préfèrent mettre de gros moyens à la disposition des organisations et événements politiques. On avait bien voulu étendre le festival sur une semaine, mais parce que les moyens ni sont pas, nous ne pourrons pas prendre ce risque, ne pas pouvoir réussir  et le regretter après.

A la 1ère édition, on a vu de grands noms de la musique béninoise, tels Hoonon Houlovo, Gbèmanwonmèdé etc. qui sont ceux qui seront sur cette deuxième édition ?

Gbèmanwonmèdé revient cette année, parce que l’année dernière son état de santé ne lui avait pas permis de prester. Alokpon, Gansou Nestor alias Gbégnon, Papa Ayikpétodji de Ouidah, Ezin Gangnon, Kalamoulaye et si les moyens nous le permettent, un vieux de la musique traditionnelle du septentrion, qui a beaucoup fait,  Félix Didolanvi alias le Pêcheur, Jean Nouveauté, en tout cas il y en aura de trop, pour le plaisir de ceux qui adorent l’émission et le festival Hanlissa. Et les béninois ne seront pas ennuyés une seule minute, car c’est vraiment des hommes pétris de connaissances et matière de musique traditionnelle qu’ils découvriront. Donc au total, une vingtaine d’artistes de la musique traditionnelle, que nous avons l’habitude d’entendre et d’écouter.

Alors selon vous Aubin Akpohounkè, culturel imprégné des réalités du milieu culturel, qu’est-ce qui peut justifier le manque criard de volonté de soutenir les initiatives de promotion de la musique traditionnelle ?

Est-ce que moi je peux le dire exactement. Je ne peux pas le dire, parce que ce sont ceux là qui n’aiment pas soutenir ces genres d’initiatives qui pourront nous le dire réellement ce qui motive leur comportement vis-à-vis de leur propre culture. Mais je vais dire et ce n’est pas que je les insulte, mais il y a certaines personnes qui sont des acculturées. Sinon, il faut voir et on connait des noms hein, comme un certain Tchèkpo, qui va appeler des artistes ivoiriens afin que ces derniers lui réalisent des sons, alors que chez lui son propre frère est artiste, il ne le soutien pas, il ne lui demande pas de chanter pour lui et c’est les ivoiriens il va appeler. Voyez –vous-même, donc de là moi je peux dire que ces genres de personnes sont des acculturées. Il est vrai que chacun à sa passion à lui, mais quand même il faut que nous soutenons ce qui vient de chez nous, ce qui est pour nous. Si vous ne soutenez pas vos frères, c’est les autres qui le feront à votre place ? Les ivoiriens ont déjà appelé combien d’artistes béninois pour  qu’ils aillent chanter pour eux ?  Il faut réfléchir à ces choses là. Regarder par exemple Ernest Adjovi, le Monsieur des Kora là, il va nous appeler Akon pour qu’il vienne chanter ici, le Pape vient et on appelle Papa Wemba, parce que c’est le Pape qui arrive, il faut forcément beaucoup de papes. C’est vraiment bizarre et moi je ne parviens pas m’expliquer ce manque criard de volonté de soutenir la culture et ce qui est vraiment de chez nous. Je ne sais pas si ces personnes pensent qu’en soutenant leurs frères ils viendront à leur niveau, c’est quand même incompréhensible. Il faut  qu’ils reviennent à la réalité, d’ailleurs les chansons que les ivoiriens réalisent pour Lino Diffusion là, il croit que c’est des chansons ces idioties là ? Alors que ses frères d’ici n’ont même pas besoin de grands moyens pour lui faire de très belles chansons. Donc je crois que c’’est de l’acculturation. Moi je suis béninois et je mourrai béninois, et je vais toujours œuvrer pour la promotion de la culture béninoise.

Alors vue le manque de soutien pour l’initiative, ne voyez-vous pas qu’il faut désormais l’organiser en biennale ?

Vous n’êtes pas sans savoir que je travaille avec les vieux de la musique béninoise. Donc si je mets le festival en biennale, qui connait le destin de l’autre. Car ceux à qui tu veux faire la promotion, ceux là que tu veux montrer sont déjà vieux et ils ne sont ni des pierres pour ne pas mourir. Alors lorsqu’on a encore la force de la faire il faut le faire.  Comme je suis encore là, je le ferai toujours même si les moyens sont maigres, mais s’il y a des gens qui veulent m’aider, ils sont encore les bienvenus.

Un dernier mot à l’endroit de ceux qui vous ont accompagné lors de la 1ère édition ?

Je vais d’abord les remercier et leur dire de toujours rester à mes côtés. Moi je ne vais les décevoir, tant qu’ils seront là pour la culture. C’est vrai qu’il y a certaines personnes qui prennent leurs sous pour ne rien faire, mais chez moi ça ne sera jamais pareil. Car moi je voudrais noter mon passage à la culture, alors qu’ils aient confiance et qu’ils continuent de me soutenir.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE


  



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