‘’Le festival Hanlissa se tiendra les 24 et 25 Août à Bohicon et à Cotonou, mais il n’y a toujours pas de soutien’’
L’émission la plus suivie ces dernières années au Bénin est
incontestablement celle qu’a initié avec beaucoup de réflexions, Aubin
Akpohounkè. Dénommée Hanlissa, l’émission draine du monde devant les écrans de
la télévision Canal 3 Bénin. Depuis l’année dernière, l’animateur de cette
émission a bien voulu lui donner une autre dimension. Désormais après
l’expérience combien réussie de la première édition, l’émission Hanlissa
devient le festival Hanlissa et se déroulera chaque année. Pour le compte de
2013, ce festival est prévu pour ce tenir, le 24 Août à Bohicon et le 25 du
même mois à Cotonou. Seulement, les moyens font défaut et les sponsors et
mécènes ne répondent pas encore à l’appel de ce digne fils de notre patrie.
Nous sommes allés à sa rencontre et avec une envie mélangée à de la colère, il
s’est prêté à nos questions. Lisez plutôt.
Bonjour Aubin Akpohounkè, comment est-ce que vous vous portez ?
Bonjour, ça va bien chez moi et
je l’espère chez vous aussi.
Alors est-ce que, par rapport à ce qu’on a vu l’année dernière, le
festival Hanlissa se tiendra en 2013?
Ecoutez, le festival Hanlissa
doit se tenir, parce que c’est une initiative que les béninois ont adoptée et
il ne faudrait pas que je manque au rendez-vous de son organisation. Je suis
entrain de me préparer pour une fois encore leur montrer que nos artistes de la
musique traditionnelle sont capables et qu’ils sont toujours forts pour tenir ce
pays par les messages qu’ils ont l’habitude de véhiculer dans leurs chansons.
Donc le festival Hanlissa se tient cette année et il n’y a rien qui puisse
bloquer sa réalisation en 2013.
Peut-on alors avoir une idée de la date arrêtée pour sa tenue ?
Le festival est prévu pour se
dérouler à Cotonou, le 25 Août prochain, mais avant à Bohicon le 24 du même
mois. Mais c’est bien sûr à compter avec les partenaires et sponsors. S’ils
nous accompagnent ont pourra alors organiser le festival dans ces deux villes.
Dans le cas échéant on sera verra obliger de ne réaliser que l’édition à
Cotonou. Mais une chose est sure, c’est que le public découvrira un parterre
impressionnant d’artistes, de la musique traditionnelle, comme c’était déjà le
cas lors de la 1ère édition. Un plateau de richesse culturelle
béninoise, rien que des artistes béninois, de la musique traditionnelle
béninoise et quand ça va commencer à 10 heures, ce ne serait que très tard dans
la nuit que le festival prendra fin. Cette année, tout est entrain d’être bien
organisé pour que les ratées observées au cours de l’édition de 2012, ne
s’observent plus. Donc le public ne sera
pas déçu et je suis sûr qu’ils vont davantage aimer l’émission Hanlissa à
travers le festival Hanlissa.
On apprend qu’au lieu d’une journée comme c’était le cas en 2012, le
festival s’étendra cette année sur une semaine, est-ce une réalité ?
Ça ne peut pas s’étendre sur une
semaine, parce que vous devez savoir que jusqu’à présent, il n’y a pas encore
de sponsors. Pour le moment nous volons
de nos propres ailes. Une fois encore se pose donc l’épineuse question de
soutien à la promotion de ce qui est de chez nous. Notre culture, ne dit pas
grand-chose à certaine personnes qui ont les moyens et qui peuvent, accompagner
les promoteurs pour beaucoup plus de visibilité à l’identité culturelle du
Bénin, sauf que très peu de personnes y mettent les mains à la poche quand il
s’agit de la culture. Ils préfèrent mettre de gros moyens à la disposition des
organisations et événements politiques. On avait bien voulu étendre le festival
sur une semaine, mais parce que les moyens ni sont pas, nous ne pourrons pas
prendre ce risque, ne pas pouvoir réussir et le regretter après.
A la 1ère édition, on a vu de grands noms de la musique
béninoise, tels Hoonon Houlovo, Gbèmanwonmèdé etc. qui sont ceux qui seront sur
cette deuxième édition ?
Gbèmanwonmèdé revient cette
année, parce que l’année dernière son état de santé ne lui avait pas permis de prester.
Alokpon, Gansou Nestor alias Gbégnon, Papa Ayikpétodji de Ouidah, Ezin Gangnon,
Kalamoulaye et si les moyens nous le permettent, un vieux de la musique
traditionnelle du septentrion, qui a beaucoup fait, Félix Didolanvi alias le Pêcheur, Jean Nouveauté,
en tout cas il y en aura de trop, pour le plaisir de ceux qui adorent
l’émission et le festival Hanlissa. Et les béninois ne seront pas ennuyés une
seule minute, car c’est vraiment des hommes pétris de connaissances et matière
de musique traditionnelle qu’ils découvriront. Donc au total, une vingtaine
d’artistes de la musique traditionnelle, que nous avons l’habitude d’entendre
et d’écouter.
Alors selon vous Aubin Akpohounkè, culturel imprégné des réalités du
milieu culturel, qu’est-ce qui peut justifier le manque criard de volonté de soutenir
les initiatives de promotion de la musique traditionnelle ?
Est-ce que moi je peux le dire
exactement. Je ne peux pas le dire, parce que ce sont ceux là qui n’aiment pas
soutenir ces genres d’initiatives qui pourront nous le dire réellement ce qui
motive leur comportement vis-à-vis de leur propre culture. Mais je vais dire et
ce n’est pas que je les insulte, mais il y a certaines personnes qui sont des
acculturées. Sinon, il faut voir et on connait des noms hein, comme un certain
Tchèkpo, qui va appeler des artistes ivoiriens afin que ces derniers lui
réalisent des sons, alors que chez lui son propre frère est artiste, il ne le
soutien pas, il ne lui demande pas de chanter pour lui et c’est les ivoiriens
il va appeler. Voyez –vous-même, donc de là moi je peux dire que ces genres de
personnes sont des acculturées. Il est vrai que chacun à sa passion à lui, mais
quand même il faut que nous soutenons ce qui vient de chez nous, ce qui est
pour nous. Si vous ne soutenez pas vos frères, c’est les autres qui le feront à
votre place ? Les ivoiriens ont déjà appelé combien d’artistes béninois
pour qu’ils aillent chanter pour
eux ? Il faut réfléchir à ces
choses là. Regarder par exemple Ernest Adjovi, le Monsieur des Kora là, il va
nous appeler Akon pour qu’il vienne chanter ici, le Pape vient et on appelle
Papa Wemba, parce que c’est le Pape qui arrive, il faut forcément beaucoup de
papes. C’est vraiment bizarre et moi je ne parviens pas m’expliquer ce manque
criard de volonté de soutenir la culture et ce qui est vraiment de chez nous.
Je ne sais pas si ces personnes pensent qu’en soutenant leurs frères ils
viendront à leur niveau, c’est quand même incompréhensible. Il faut qu’ils reviennent à la réalité, d’ailleurs les
chansons que les ivoiriens réalisent pour Lino Diffusion là, il croit que c’est
des chansons ces idioties là ? Alors que ses frères d’ici n’ont même pas
besoin de grands moyens pour lui faire de très belles chansons. Donc je crois
que c’’est de l’acculturation. Moi je suis béninois et je mourrai béninois, et
je vais toujours œuvrer pour la promotion de la culture béninoise.
Alors vue le manque de soutien pour l’initiative, ne voyez-vous pas
qu’il faut désormais l’organiser en biennale ?
Vous n’êtes pas sans savoir que
je travaille avec les vieux de la musique béninoise. Donc si je mets le
festival en biennale, qui connait le destin de l’autre. Car ceux à qui tu veux
faire la promotion, ceux là que tu veux montrer sont déjà vieux et ils ne sont
ni des pierres pour ne pas mourir. Alors lorsqu’on a encore la force de la
faire il faut le faire. Comme je suis
encore là, je le ferai toujours même si les moyens sont maigres, mais s’il y a
des gens qui veulent m’aider, ils sont encore les bienvenus.
Un dernier mot à l’endroit de ceux qui vous ont accompagné lors de la 1ère
édition ?
Je vais d’abord les remercier et
leur dire de toujours rester à mes côtés. Moi je ne vais les décevoir, tant
qu’ils seront là pour la culture. C’est vrai qu’il y a certaines personnes qui
prennent leurs sous pour ne rien faire, mais chez moi ça ne sera jamais pareil.
Car moi je voudrais noter mon passage à la culture, alors qu’ils aient
confiance et qu’ils continuent de me soutenir.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
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