jeudi 28 février 2019

Critique du film Oumou, un destin arraché de Gaoussou Tangara (Mali)

Rêve brisé

Le film s'ouvre sur un beau paysage du village de Chimandougou au Mali. Mais il retrace les souffrances et le tragique destin de milliers de fillettes livrées trop tôt au mariage forcé. Un mariage arrangé, qui assombrit le destin radieux auquel était promise la petite Oumou Coulibaly interprété par l’actrice Awa Siami Koné.
Car elle a eu un cursus scolaire brillant mais freiné par le chômage de son père dépourvu de moyens financiers pour lui payer des études aux lycées.

Chargé d'émotions et pleins de suspens, car l’actrice principale s’est opposée à ce forfait, Gaoussou Tangara relate le sort de jeunes maliennes, voire africaines qui sont données en mariage précoce et qui voient leurs rêves brisés.

Le réalisateur rassemble dans son film tous les maux dont est victime la jeune fille en Afrique : mariage forcé, viol, etc., un sujet pas nouveau dans le cinéma africain pour preuve Muna Moto du doyen camerounais Jean Pierre Dikongué-Pipa est campé sur cette thématique.

Ce court métrage de 30 minutes sensibilise sur le fléau du mariage précoce et qui fait la promotion et la défense des droits de l'enfant. Le mariage précoce est un phénomène récurent dans les pays en développement et touche près de 41.000 filles de moins de 18 ans mariées chaque jour sur le Continent, soit une fille toutes les 2 secondes, selon une enquête menée par, le Comité de Représentants des Enfants et Cœur et Conscience à Madagascar avec le soutien de l'Union Européenne.

La sexualité précoce des jeunes filles constitue un problème de santé publique dans les pays africains qui ne disposent pas de matériels sanitaires adéquats par rapport aux conséquences qui y découlent. Ces conséquences qui sont souvent dramatiques, comme c'est le cas de l’héroïne ici qui en voulant donner la vie perd la sienne. La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie dit l’adage et ce film de Gaoussou Tangara, qui remplit toutes les conditions exigées au 7ème art, mérite d’être vu afin de prendre conscience et définitivement une résolution contre ce fléau.

Oumou, un destin arraché, choc les sensibilités qu'on soit pour ou contre le mariage précoce et nous pousse à prendre un ferme engagement contre cette pratique qui perdure en Afrique.

Patrick Hervé YOBODE
(Bénin)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire