dimanche 24 février 2013

Interview de Joseph Vodounon Djodo de l’Agence Bénin Presse


‘’Dans un environnement fortement concurrentiel, il faut avoir des soucis de rentabilité et de compétitivité  et il urge de transformer  l’ABP en agence multimédia’’


Créée depuis 1961, l’Agence Bénin Presse a fait son temps, elle a traversé toutes les péripéties et continue d’exister malgré tout. Une Agence Bénin Presse qui a accompagné le Bénin dans tous les grands défis, mais qui si rien n’est fait se doit de disparaitre. Et pour qu’elle tienne sa place de grossiste de l’information, il urge de trouver des solutions pour la transformer en un office capable de se faire des ressources. C’est donc ce qui a poussé Joseph Vodounon Djodo, journaliste agencier à la réflexion. Fonctionnaire ayant passé plus de 15 ans déjà dans les arcanes de l’Agence Bénin Presse et ayant très tôt occupé des postes de responsabilité, il a donc pensé à partager ses expériences et réflexions avec ses confrères jnournalistes, ses collègues de l’ABP et les décideurs béninois par rapport à  la redynamisation, la relance et la mutation de l’Agence Bénin Presse, en une agence multimédia. Les fruits des ses nombreuses années de travail et de ses réflexions pour une ABP encore plus rayonnante sont contenus dans son ouvrage intitulé ‘’Regard sur l’Agence Bénin Presse de Demain’’. Un Essai de 107 pages subdivisé en trois  grandes parties de trois chapitres chacune. C’est donc en prélude au lancement de ce chef-d’œuvre intellectuel que la rédaction de votre canard est allée à sa rencontre et voici la quintessence de l’interview qu’il nous a donnée.

Vous êtes à l’Agence Bénin Presse depuis une quinzaine d’années, alors de toutes vos expériences il est sorti un ouvrage, de quel ouvrage s’agit-il ?

Je suis à l’ABP il y a 15 ans. Donc très tôt j’ai eu la chance d’occuper le poste de Rédacteur en Chef,  ceci m’a permis de coordonner toutes les activités professionnelles de tous les bureaux régionaux et de comprendre les problèmes de fonctionnement, les problèmes de positionnement et des défis qui s’opposent à l’ABP. De tout ceci, je me suis dis qu’il fallait que je partage cette expérience avec mes collègues les plus jeunes, que je partage cette expérience avec les décideurs du Bénin, parce que nous sommes une agence nationale et comme vous le savez une agence c’est un attribut de souveraineté. Donc il fallait que je sorte cet ouvrage là pour dire ce que l’agence peut faire dans le système national d’information. Pour dire qu’une agence, nous en avons encore besoin dans notre paysage parce qu’en tant que grossiste de l’information, si l’agence se porte bien, c’est sûr que les autres médias aussi se porteront bien. Donc j’ai écrit un ouvrage qui est un Essai, que j’ai intitulé ‘’Regard sur l’Agence Bénin Presse de Demain’’, où je parle de ma vision du développement de l’ABP et je dis de ce que la crise qui a sévit et qui a faillit l’emportée dans les années 2000, pour qu’on l’évite, il faut qu’on puisse relever certains défis. Il s’agit des défis technologiques surtout, des défis éditoriaux et même des défis humains. Et pour que l’agence survive à tout ça, il faut qu’elle soit muée, qu’elle soit transformée en une agence multimédia.

Transformer l’ABP aujourd’hui en une agence multimédia, qu’est-ce que vous mettez là dedans ?

D’abord je voudrais préciser que l’agence de presse aujourd’hui, pas qu’au Bénin seul, à travers toute l’Afrique, les agences de presse ne peuvent plus fonctionner comme les agences classiques où on ne produit que des dépêches, ça là c’est dépassé. C’est vrai que nous n’allons pas abandonner tout à fait les dépêches, mais il faut qu’on suive le rythme du développement, il faut qu’on suive le rythme des nouvelles technologies, parce que la révolution de l’informatique et l’internet ont bouleversé les modes de production dans les organes de presse. Donc rester agence classique ne produisant que des dépêches, c’est la voie naturelle pour mourir, pour disparaitre. Alors l’agence de presse multimédia suppose que nous devons relever des défis technologiques pour produire le son et l’image. C’est-à-dire qu’en plus des dépêches, faire des documentaires, produire des sons, de l’image, des photos, de l’infographie dynamique pour répondre aux besoins du marché de l’information.

‘’Regard sur l’Agence Bénin Presse de Demain’’, qu’elles sont les grandes lignes de cet essai ?

Dans cet essai, nous sommes partis donc de l’agence d’hier, en passant par celle d’aujourd’hui pour parler de l’agence de demain.  L’Agence Bénin Presse a été créée en 1961, les gens l’oubli souvent, mais elle a même été le parent du premier quotidien national.  Elle a fait du chemin et dans la période post indépendance, l’agence a joué un grand rôle, même jusqu’à la révolution elle était très visible et a accompagné le pays dans tous les grands défis que ce soit politiques, économiques, culturels.  Mais avec le changement et le développement des nouvelles technologies, l’agence a un peu sombré. Nous avons donc rappelé ce passé glorieux. Nous avons aussi parlé de la crise, les raisons, les causes, nous les analysons. Dans une seconde partie, nous avons surtout parlé de comment nous en sommes arrivés à changer de statut juridique, parce que l’agence a été une direction technique du ministère de la communication. Imaginez-vous qu’une agence de presse soit une direction technique, cela veut dire que même pour aller en reportage le cabinet doit être au courant et il faut avoir l’autorisation du cabinet. C’est ce qui avait justifié le changement de cadre juridique et l’agence est devenue un office à caractère social, culturel et scientifique. En tant qu’agence, il y a des soucis de rentabilité, mais il faut qu’on prenne toutes les dispositions pour que l’agence soit capable de faire face à ces nouveaux défis. L’ORTB et l’ONIP eux ils ont des branches d’activité qui génèrent des fonds et qui leur permettent d’exister, mais l’ABP, il faut qu’on évalue le patrimoine et qu’on sache qu’elles activités nous pouvons faire parce que seules les dépêches ne peuvent jamais générer des fonds pour que nous puissions exister. C’est donc pour cela qu’il y a nécessité de la transformer en agence multimédia. Dans une troisième partie, je parle des défis technologiques à relever, parce que pour passer à une agence multimédia, il faut qu’on ait les technologies appropriées, adaptées. Je parle donc de la nécessité pour nous de gérer l’agence comme une entreprise. Même si nous sommes un attribut de souveraineté, à partir du moment où nous sommes un office, nous devons aussi avoir des soucis de rentabilité et de compétitivité, parce que nous sommes dans un environnement fortement concurrentiel. Je voie aussi qu’il faut améliorer ou bien changer le partenariat que nous avons avec les agences de presse étrangères. Il faudra aussi que l’ABP mise sur l’information de proximité et pour ce faire, il faut que nous fassions le maillage total de notre territoire étendre notre réseau de collecte de l’information pour donner aux béninois les informations qui les intéressent. Donc voilà les questions que j’aborde et le livre est subdivisé en trois parties et chaque partie comprenant trois chapitres.

Alors pour transformer l’Agence Bénin Presse en une agence compétitive capable de relever les défis des nouvelles technologies, qu’attendez-vous dans le comportement des décideurs, de la direction de l’agence jusqu’au personnel, quelle sera leur partition à jouer ?

C’est vrai que dans l’essai, j’ai abordé ces questions. D’abord pour ce qui concerne les acteurs, ceux qui animent l’agence, nous devons nous considérer aujourd’hui pas comme de simples fonctionnaires, mais d’abord nous sommes des journalistes. Et de ce point de vue, nous devons comprendre qu’aujourd’hui notre unité de production est une unité très sensible et qu’il y a des défis à relever. Les nouvelles orientations par rapport à la mutation en agence multimédia on devrait l’expliquer à tout le personnel, tous ceux qui travaillent à l’agence. Nous devons dépasser l’agence version 1960. Pour cela il faut expliquer, mais également les préparer, il faut les ressources humaines soient formées de façon à comprendre et à relever les nouveaux défis. Les ressources humaines doivent être capables de participer aux processus de la création de nouveaux produits pour intéresser les médias. Vis-à-vis des décideurs,  ils doivent changer leur approche, leur vision de l’agence qui consiste à penser que l’agence n’a qu’une influence marginale. Si les autorités investissent et accompagnent le plan de restructuration et de réhabilitation, je vous assure que l’agence est un vecteur de développement. L’agence était présente dans les voyages officiels du chef de l’Etat, mais aujourd’hui elle ne participe ni aux audiences au Palais, encore moins aux voyages, c’est un manque à gagner pour le gouvernement. Si un agencier accompagne Boni Yayi dans son voyage et fait ses papiers, je ne dit pas qu’on abandonne la télé, la radio et l’ONIP, mais l’agence va donner plus d’écho parce qu’en étant en partenariat avec les autres organes, ils vont relayer l’information. Chaque maillon de la chaîne, chaque acteur doit avoir sa partition à jouer. IL faut qu’on considère l’Agence Bénin Presse et qu’on travaille à sa réhabilitation.

Pourquoi ‘’Regard sur l’Agence Bénin Presse de Demain’’, combien de pages compte l’essai et pourquoi avoir choisi Jérôme Carlos pour préfacé l’ouvrage ?

J’ai été confronté à une multitude de titres, parce qu’il faut un ouvrage, mais il faut aussi accrocher. Mais l’ouvrage n’est pas fait dans une but commercial, c’est un but purement de service.  Service pour accompagner un outil d’information que je pense très utile pour notre pays. Même si ce qui est passé est passé, et qu’il penser à l’avenir, il faut aussi considérer le passé et le présent pour préparer le futur. L’agence que nous aurons demain c’est aujourd’hui qu’on doit la préparer. Donc voilà brièvement  concernant le titrage. L’essai est fait en 107 pages subdivisées en trois grandes parties. Pour le dernier volet de votre question, vous savez dans la vie chacun à ses repères. Quand moi je suis venu dans le journalisme, j’ai voulu ressembler à Jérôme Carlos. J’ai vu en ses écrits, la marque de ce que mes professeurs à l’école voulaient qu’on soit. D’abord, c’est un professionnel avéré, c’est quelqu’un qui maitrise ses sujets, au-delà de ses chroniques, c’est un homme de culture. C’est quelqu’un qui peut aborder beaucoup de domaine avec aisance. Donc lui soumettre un tel Essai, c’est une preuve de reconnaissance de ce qu’il représente dans le pays. Mais j’ai fait postfacer le livre par François K. Awoudo, journaliste consultant et qui lui est de ma génération. Donc un préfacier de l’autre génération et un postfacier de notre génération pour faire l’équilibre.

Est-ce qu’il y a une date déjà retenue pour le lancement de l’ouvrage ?

Je viens de l’apprendre à mes dépens, le parcours qui mène à l’édition est difficile et très pénible. Il faut être quelqu’un de très passionné et je félicite  ceux qui sont passés par là avant moi. Mon livre s’adresse surtout aux journalistes et aux décideurs, à moins que des gens de culture s’y intéressent par curiosité. Pour le lancement du livre, je l’envisage probablement pour la semaine prochaine.

Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE



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