vendredi 16 novembre 2012

Biennale Regard du Bénin




 Abomey, royaume de l'art contemporain


Purification de Barthélémy Toguo.
Du 8 novembre 2012 au 13 janvier 2013 se tient la seconde édition de la biennale "Regard Bénin". Partiellement décentralisée à Abomey, le public investit les palais royaux de la ville et découvre des oeuvres de Barthélémy Toguo, Freddy Tsimba et Dominique Zinkpé, en écho au thème de l'événement : "Inventer le monde : l’artiste citoyen".

"Dustbin", de Barthélémy Toguo
Abomey bouillonne : à partir du 23 novembre, et jusqu’au 13 mars 2013, une longue cérémonie va faire vibrer l’ancienne capitale royale du Bénin. « À travers différents rituels et différentes animations, le roi va sortir toute son armada de puissance financière et spirituelle », explique l’historien Gabin Djimassé. C’est donc dans l’effervescence de ces préparatifs que les organisateurs de la seconde Biennale Regard Bénin (jusqu’au 13 janvier 2013) ont choisi de présenter plusieurs expositions consacrées à l’art contemporain africain. À tout seigneur tout honneur, c’est dans le cadre somptueux des palais royaux d’Abomey qu’ont pu s’exprimer le Camerounais Barthélémy Toguo, le Congolais Freddy Tsimba et le Béninois Dominique Zinkpé, par ailleurs directeur exécutif de la Biennale. Répondant au thème de l’événement (Inventer le monde : l’artiste citoyen), Barthélémy Toguo exposait différentes facettes de son talent avec trois installations et d’immenses aquarelles. Ses poubelles d’extérieur (voir photo ci-dessous), composées à l’aide d’un patchwork de drapeaux africains, fleuraient bon la provocation dont il est coutumier. « Cette œuvre a été censurée en Amérique du Sud, a-t-il affirmé. Pourtant, personne ne viendra me contredire si je soutiens que l’Afrique est considérée comme la poubelle de l’Occident ! »

Dans les salles en partie rénovées par ses soins, sa très longue aquarelle rouge et noire (« Purification », en photo ci-dessus) revenait avec intensité – on pourrait même parler d’expressionisme – sur les souffrances humaines au cours des siècles…


En matière de souffrances, le Congolais Freddy Tsimba osait aussi, avec sa « Maison machettes », une œuvre particulièrement (trop ?) expressive. Entièrement construite avec des machettes (voir photo ci-dessous), une petite case renvoyait ses reflets de métal aiguisé aux murs ocre du Palais.
"Maison Machettes", Freddy Tsimba
La pensée s’en allait immédiatement vers l’un des pires épisodes de l’histoire africaine, le génocide rwandais. « C’est étrange, les gens n’osent pas rentrer dans cette case alors que c’est exactement ce que je souhaite ! » confiait Tsimba. Qui aurait l’idée de s’abriter derrière des murs tranchants comme des rasoirs ? Et pourtant, l’image était belle que celle de ces symboles de l’horreur transformés en protection contre les intempéries, en foyer familial...

Plus calme, le Béninois Dominique Zinkpé exposait ses traditionnelles sculptures composées de dizaines de statuettes (de jumeaux) collées les unes aux autres. Mais il n’avait pas que ça à montrer : originaire d’Abomey, il est en train d’y construire un important lieu de résidence et d’exposition pour artistes, baptisé Unik. À terme, un grand jardin offrira ses ombres à des ateliers d’artistes, une buvette, un lieu d’exposition, une scène… Cette dernière a d’ailleurs déjà accueilli une performance pyrotechnique de Barthélémy Toguo : des hommes armés de bâtons ont brutalement surgi du néant et se sont mis à taper brutalement sur un cercueil, avant de l’arroser d’essence et d’y mettre le feu… (« The last death »).
Hommage à Cyprien Toukoudagba

Proposer une décentralisation de la Biennale à Abomey sans rendre hommage à l’un des artistes pionniers du pays aurait été un crime de lèse-majesté impardonnable. Les organisateurs ont su éviter la faute en célébrant l’œuvre de Cyprien Toukoudagba, récemment décédé. D’une part, son fils Damien Toukoudagba exposait des propres œuvres au lieu Unik de Dominique Zinkpé, et d’autre part, le Musée d’art contemporain d’Abomey présentait une sélection de toiles récentes du maître. Elyse Toukoudagba, sa fille, déclarait avec émotion aux visiteurs : « Vous voir, c’est comme voir mon père vivre. »
Source:Jeuneafrique.com

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