A la découverte du nouveau Baba Zangbèdè, chrétien fervent mais accroché à sa tradition
(« On ne peut pas enterrer nos traditions, car notre culture c’est notre identité… », dixit Dah Kanlinmandjigbéto)
Il est connu pour sa foi inébranlable
à la parole de Dieu et ses multiples actions en faveur de l’église
attestent ce fait. Homme de cœur qui intervient à tous les niveaux en ce qui
concerne l’enracinement de l’Evangile du Christ. Digne fils des Zangbèdè Quenum très consciencieux et ne négligeant
surtout pas la tradition de ses ancêtres, il est toujours au village à la
moindre occasion et impliqué dans toutes les grandes cérémonies familiales. C’est
cet homme, qui a été choisi par l’Oracle pour conduire les destinées de la
grande famille Zangbèdè Quenum. Au
départ, un peu désarçonné par la volonté des mânes de ses ancêtres, il est
revenu à de bons sentiments, acceptant prendre les rênes de la famille et
assumer en apportant sa touche, afin que l’histoire retienne qu’il est celui
qui aura modernisé la collectivité Quenum Zangbèdè. Ce chef de famille, jeune,
dynamique, réformateur et au nom évocateur Dah Kanlinmandjigbéto, Gérant de
Espoir Construction Sarl, a de nobles idées pour que la famille Zangbèdè Quenum soit l’une des plus éclairées et au
sein de laquelle l’amour de Dieu prime sur tous les autres ressentiments.
Valeurs d’Ici se propose de vous faire découvrir celui qui le samedi 20 mai
2017, entrait dans le cercle restreint des chefs de collectivité au Bénin.
La succession qui devenait une nécessité
Comme dans toute bonne famille,
au décès du chef, il faut nécessairement procéder à son remplacement en
intronisant un nouveau qui aurait été choisi par le Fâ. Chez les Zangbèdè Quenum, le chef de la collectivité était allé
rejoindre ses ancêtres dans l’au-delà. Plusieurs mois après sa mort, il
faillait pourvoir à sa succession. La famille même à un moment donné a commencé
par réclamer que le trône familial ne reste pas vacant. C’est dans cette
optique que tous les fils ont été appelés pour que la personne indiquée soit
trouvée, à l’issue d’un processus qui devrait se dérouler dans la légalité et
la transparence totales.
Le choix de l’Oracle
Une famille sans un donneur
d’ordre n’a pas de sens. Donc à la mort du chef de famille Zangbèdè Quenum, il faut lui trouver un successeur. Ayant
décidé de se choisir un chef, toute la collectivité a fait le vœu que tout se
déroule dans la transparence et dans la légalité. Il a été décidé de consulter
le Fâ. Toutes les personnes susceptibles d’occuper cette place ont été
appelées. Dans l’anonymat, les noms de chacun des fils ont été glissés dans des
enveloppes de façon respective. Chaque enveloppe portant donc le nom d’un
prétendant, l’Oracle fut consulté et le choix d’une enveloppe a été fait. A
l’issue de ce choix, toutes les autres enveloppes ont été détruites. C’est
alors que la seule enveloppe choisie révéla le nom de Gustave Espoir Quenum, un
digne fils reconnu comme tel dans la famille.
Baba Zangbèdè Quenum |
Comment le catholique fervent a accueilli cette nouvelle ?
Un peu choqué à la tombée de la
nouvelle parce que n’étant pas du tout imprégné de la tradition, ne maîtrisant
rien dans ce domaine, le voilà appelé a dirigé une grande famille. Seulement,
il est un amoureux de la culture, il aime son pays le Bénin et il aime la
tradition sauf qu’il n’était pas un pratiquant. Pour lui être traditionnel ou
encré dans la tradition ne veut pas dire qu’on ne connait pas Dieu. C’est Dieu
qui est au-devant de tout et bons nombres de personnes sont chefs de familles
et pratiquent leur foi. Pour exemple, il cite, le cas du fondateur du renouveau
charismatique catholique, Jean Pliya, qui était beaucoup plus avancé que lui
dans la foi et qui était chef de famille chez lui à Abomey. Raison de plus que
lui qui est très loin de Jean Pliya accepte cette responsabilité. Selon Dah
Kanlinmandjigbéto, il n’y a aucune barrière entre Dieu et la tradition et Dieu
est au-devant de tout et nous avons notre culture et notre tradition.
Une intronisation hors du commun
Faite en deux étapes, cette
intronisation a connu son épilogue le samedi 20 mai 2017. Dans un premier temps
Dah Kanlinmandjigbéto a été intronisé Baba Tao, en souvenir du premier occupant
du domaine qui abrite la collectivité et c’est quelques semaines plus tard
qu’il a subi les rituels de Baba Zangbèdè Quenum en prenant le nom fort de Dah
Kanlinmandjigbéto. Les choses se passent ainsi, parce Baba Tao lui n’ayant pas
eu de progénitures, il a été décidé depuis lors que le chef de la collectivité Zangbèdè
Quenum doit prendre d’abord son nom,
ceci afin que sa mémoire ne se perde. Dans le même temps, son épouse a subi
toutes les cérémonies recommandées et devient la Tata de la famille (la maman
de la famille), pour aider Dah Kanlinmandjigbéto à bien jouer le rôle qui est
le sien.
Baba Zangbèdè Quenum et sa Tata |
Comment pense-t-il concilier foi chrétienne et Tradition pour réussir
sa mission
Il a une vision très claire en ce
qui concerne sa foi et ses nouvelles responsabilités. Pour lui lorsque dans une
famille, on vous choisit pour diriger, vous ne fuyiez pas, mais vous acceptez
pour apporter votre touche. Vous venez pour moderniser, pour éclairer la
famille, pour donner une image sainte à cette famille. Maintenant si vous ne
vous rapprochez pas, c’est que vous ne voulez donc pas développer votre
famille. Pour preuve, les premiers missionnaires ont dû faire recours aux
vodounsi (adeptes et dignitaires Vodoun), pour construire la basilique de
Ouidah. Même les deux papes lorsqu’ils ont foulé le sol du Bénin, ils ont tenu
des réunions avec les chefs des religions endogènes. Donc je ne vois pas une
barrière entre la religion traditionnelle et la religion chrétienne. Mais
seulement selon votre foi, vous faites de votre mieux pour que l’éclat de votre
foi, l’éclat de l’amour de Dieu rejaillissent sur votre famille. Et c’est
quelque chose qui se fait progressivement. Il ne faut pas se lever du jour au
lendemain et prétendre changer les anciens comportements. C’est dangereux.
Mais surtout on ne peut pas
enterrer nos traditions, parce que notre culture c’est notre identité et si on
tourne dos à notre culture ça voudra dire qu’on a tout perdu.
Ses conseils pour les béninois qui fuient ces responsabilités
familiales et ancestrales
Je sais que bons nombres de personnes
fuient ces responsabilités lorsqu’elles sont désignées pour diriger une
famille. Mais je les conseillerais que quand nous avons des comportements sains
et qu’on nous appelle à diriger notre famille, si les choses sont faites dans
les règles de l’art, les mânes de nos ancêtres sont derrière nous. Et comme je
l’ai dit tantôt, vous arrivez là pour apporter votre touche particulière. Vous
modernisez et vous apportez un développement à la famille. Donc cela est un
devoir et si vous fuyiez, c’est que vous vous reprochez des choses ou que vous
reprochez quelque chose à la famille. Sinon vous arrivez pour changer cette
famille. On ne doit pas fuir sa culture, sa tradition et donc son identité.
Réalisation Patrick Hervé YOBODE
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