jeudi 25 mai 2017

Valeurs d’Ici chez les Zangbèdè Quenum

A la découverte du nouveau Baba Zangbèdè, chrétien fervent mais accroché à sa tradition

 (« On ne peut pas enterrer nos traditions, car notre culture c’est notre identité… », dixit Dah Kanlinmandjigbéto)

Il est connu pour sa foi inébranlable  à la parole de Dieu et ses multiples actions en faveur de l’église attestent ce fait. Homme de cœur qui intervient à tous les niveaux en ce qui concerne l’enracinement de l’Evangile du Christ. Digne fils des Zangbèdè Quenum très consciencieux et ne négligeant surtout pas la tradition de ses ancêtres, il est toujours au village à la moindre occasion et impliqué dans toutes les grandes cérémonies familiales. C’est cet homme, qui a été choisi par l’Oracle pour conduire les destinées de la grande famille Zangbèdè Quenum. Au départ, un peu désarçonné par la volonté des mânes de ses ancêtres, il est revenu à de bons sentiments, acceptant prendre les rênes de la famille et assumer en apportant sa touche, afin que l’histoire retienne qu’il est celui qui aura modernisé la collectivité Quenum Zangbèdè. Ce chef de famille, jeune, dynamique, réformateur et au nom évocateur Dah Kanlinmandjigbéto, Gérant de Espoir Construction Sarl, a de nobles idées pour que la famille Zangbèdè Quenum soit l’une des plus éclairées et au sein de laquelle l’amour de Dieu prime sur tous les autres ressentiments. Valeurs d’Ici se propose de vous faire découvrir celui qui le samedi 20 mai 2017, entrait dans le cercle restreint des chefs de collectivité au Bénin.

La succession qui devenait une nécessité

Comme dans toute bonne famille, au décès du chef, il faut nécessairement procéder à son remplacement en intronisant un nouveau qui aurait été choisi par le Fâ. Chez les Zangbèdè  Quenum, le chef de la collectivité était allé rejoindre ses ancêtres dans l’au-delà. Plusieurs mois après sa mort, il faillait pourvoir à sa succession. La famille même à un moment donné a commencé par réclamer que le trône familial ne reste pas vacant. C’est dans cette optique que tous les fils ont été appelés pour que la personne indiquée soit trouvée, à l’issue d’un processus qui devrait se dérouler dans la légalité et la transparence totales.

Le choix de l’Oracle

Une famille sans un donneur d’ordre n’a pas de sens. Donc à la mort du chef de famille Zangbèdè  Quenum, il faut lui trouver un successeur. Ayant décidé de se choisir un chef, toute la collectivité a fait le vœu que tout se déroule dans la transparence et dans la légalité. Il a été décidé de consulter le Fâ. Toutes les personnes susceptibles d’occuper cette place ont été appelées. Dans l’anonymat, les noms de chacun des fils ont été glissés dans des enveloppes de façon respective. Chaque enveloppe portant donc le nom d’un prétendant, l’Oracle fut consulté et le choix d’une enveloppe a été fait. A l’issue de ce choix, toutes les autres enveloppes ont été détruites. C’est alors que la seule enveloppe choisie révéla le nom de Gustave Espoir Quenum, un digne fils reconnu comme tel dans la famille.
Baba Zangbèdè Quenum

Comment le catholique fervent a accueilli cette nouvelle ?

Un peu choqué à la tombée de la nouvelle parce que n’étant pas du tout imprégné de la tradition, ne maîtrisant rien dans ce domaine, le voilà appelé a dirigé une grande famille. Seulement, il est un amoureux de la culture, il aime son pays le Bénin et il aime la tradition sauf qu’il n’était pas un pratiquant. Pour lui être traditionnel ou encré dans la tradition ne veut pas dire qu’on ne connait pas Dieu. C’est Dieu qui est au-devant de tout et bons nombres de personnes sont chefs de familles et pratiquent leur foi. Pour exemple, il cite, le cas du fondateur du renouveau charismatique catholique, Jean Pliya, qui était beaucoup plus avancé que lui dans la foi et qui était chef de famille chez lui à Abomey. Raison de plus que lui qui est très loin de Jean Pliya accepte cette responsabilité. Selon Dah Kanlinmandjigbéto, il n’y a aucune barrière entre Dieu et la tradition et Dieu est au-devant de tout et nous avons notre culture et notre tradition.

Une intronisation hors du commun

Faite en deux étapes, cette intronisation a connu son épilogue le samedi 20 mai 2017. Dans un premier temps Dah Kanlinmandjigbéto a été intronisé Baba Tao, en souvenir du premier occupant du domaine qui abrite la collectivité et c’est quelques semaines plus tard qu’il a subi les rituels de Baba Zangbèdè Quenum en prenant le nom fort de Dah Kanlinmandjigbéto. Les choses se passent ainsi, parce Baba Tao lui n’ayant pas eu de progénitures, il a été décidé depuis lors que le chef de la collectivité Zangbèdè  Quenum doit prendre d’abord son nom, ceci afin que sa mémoire ne se perde. Dans le même temps, son épouse a subi toutes les cérémonies recommandées et devient la Tata de la famille (la maman de la famille), pour aider Dah Kanlinmandjigbéto à bien jouer le rôle qui est le sien.
Baba Zangbèdè Quenum et sa Tata

Comment pense-t-il concilier foi chrétienne et Tradition pour réussir sa mission

Il a une vision très claire en ce qui concerne sa foi et ses nouvelles responsabilités. Pour lui lorsque dans une famille, on vous choisit pour diriger, vous ne fuyiez pas, mais vous acceptez pour apporter votre touche. Vous venez pour moderniser, pour éclairer la famille, pour donner une image sainte à cette famille. Maintenant si vous ne vous rapprochez pas, c’est que vous ne voulez donc pas développer votre famille. Pour preuve, les premiers missionnaires ont dû faire recours aux vodounsi (adeptes et dignitaires Vodoun), pour construire la basilique de Ouidah. Même les deux papes lorsqu’ils ont foulé le sol du Bénin, ils ont tenu des réunions avec les chefs des religions endogènes. Donc je ne vois pas une barrière entre la religion traditionnelle et la religion chrétienne. Mais seulement selon votre foi, vous faites de votre mieux pour que l’éclat de votre foi, l’éclat de l’amour de Dieu rejaillissent sur votre famille. Et c’est quelque chose qui se fait progressivement. Il ne faut pas se lever du jour au lendemain et prétendre changer les anciens comportements. C’est dangereux.

Mais surtout on ne peut pas enterrer nos traditions, parce que notre culture c’est notre identité et si on tourne dos à notre culture ça voudra dire qu’on a tout perdu.

Ses conseils pour les béninois qui fuient ces responsabilités familiales et ancestrales

Je sais que bons nombres de personnes fuient ces responsabilités lorsqu’elles sont désignées pour diriger une famille. Mais je les conseillerais que quand nous avons des comportements sains et qu’on nous appelle à diriger notre famille, si les choses sont faites dans les règles de l’art, les mânes de nos ancêtres sont derrière nous. Et comme je l’ai dit tantôt, vous arrivez là pour apporter votre touche particulière. Vous modernisez et vous apportez un développement à la famille. Donc cela est un devoir et si vous fuyiez, c’est que vous vous reprochez des choses ou que vous reprochez quelque chose à la famille. Sinon vous arrivez pour changer cette famille. On ne doit pas fuir sa culture, sa tradition et donc son identité.


Réalisation Patrick Hervé YOBODE    

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