lundi 18 novembre 2019

Critique de ‘’Un coin du ciel noir'' de Djingarey A. Maiga

Un hymne à la tolérance

Lauréat du prix de la critique cinématographique africaine, meilleur scénario, etc. dans le cadre de la 4ème  édition de Toukountchi Festival de Cinéma du Niger 2019, le 9ème long métrage du réalisateur nigérien Djingarey Abdoulaye Maiga intitulé ‘’Un coin du ciel noir''  traite du rejet dont sont l'objet les personnes atteintes d’albinisme et toutes les persécutions qu’elles subissent au sein de la société. 

‘’Un coin du ciel noir'' un film fiction long métrage de 90 minutes, sorti en 2018 et signé par le Réalisateur nigérien Djingarey Abdoulaye Maiga, traite d'un sujet hautement humaniste en dénonçant la barbarie et les discriminations dont sont victimes au sein de la société et ceci dans plusieurs pays d’Afrique, les personnes atteintes d’albinisme. Ce film s'ouvre sur la cours de la maison habitée par l’actrice Zeynabou Seydou qui interprète le personnage de Katy. Empêtrée dans la misère, avec un père retraité dont la pension peine à tomber, la famille était dans l’incapacité de payer la scolarité de Katy qui, bien que brillante au lycée malgré les préjugés dont-elle est victime, était contrainte d’abandonner les études. 

Fort heureusement, sa rencontre avec Beidari Yacouba, qui joue le rôle du personnage Tanko dans le film, changera son destin à plus d'un titre. Jeune Avocat qui vient de soutenir et qui fraîchement a prêté serment au Barreau du Tribunal et très accroché aux valeurs humaines, après un échange avec Katy en tombera amoureux. Il faut dire que dans plusieurs pays africains, ils sont encore un nombre incalculable de personnes à croire aux superstitions que propagent certains guérisseurs et qui font croire que les organes et ou membres des albinos, porteraient chances. Selon eux, certains rituels faits avec les organes et ou membres de personnes albinos, portent chances aux hommes politiques, aux pêcheurs, etc. Du coup, étant discriminées, rejetées et objets de toutes sortes de mauvaises intentions, les personnes albinos subissent des actes inacceptables. 

Le 9ème long métrage de Djingarey Abdoulaye Maiga, revient sur une question épineuse, mais oublier par les décideurs. Tanko, dans ‘’Un coin du ciel noir'', devra faire face aux critiques, les idées mal conçues et les préjugés de ses amis, de sa famille et de la société, s'il voudrait réaliser son rêve d'épouser Katy. Puisque si son père (Rachid Dramane) alias Balthazar accepte son choix sans discuter, ce n’est pas le cas de (Marie Naino) sa mère qui s’oppose, parce que craignant d'avoir des petits fils albinos. 

Très émouvant, ce film de Djingarey Abdoulaye Maiga, raconte ce vivent au quotidien les personnes atteintes d’albinisme. Surtout quand, devant les parents de Tanko, Katy énumère, la stigmatisation dont les albinos font l'objet, leurs peurs, leurs manières à eux de voir le monde et notamment leurs espoirs de se voir accepter dans la société, vous avez la chaire de poules. Contre les appréhensions de sa mère et les préjugés de ses amis, Tanko engagé dans la défense des personnes vulnérables et avec son amour pour Katy, restera fidèle à ses principes. 

Ce sujet, il faut le dire est tellement d’actualité que d'autres Réalisateurs l'ont abordé avant Djingarey Abdoulaye Maiga. Le film ‘’White Shadow'' du Réalisateur israélien Noaz Deshe, a dénoncé aussi le sort réservé aux personnes atteintes d’albinisme. 

En 2009, au Festival Panafricain de Cinéma et de Télévision de Ouagadougou (FESPACO), les Réalisateurs maliens Ladji Diakité et Adama Drabo, avaient mis en compétition ‘’Fantan Fanga'' le pouvoir du pauvre, qui revenait aussi sur les persécutions subies par les albinos dans certains pays africains. Il est à noter que selon l'ONG Under The Same Sun, 151 personnes atteintes d’albinisme auraient été attaquées en Tanzanie depuis 2006 avec plus de 74 tuées. Une source proche de l'ONU rapporte qu'un membre d’albinos se négocie autour de 600 dollars tandis qu'un corps entier peut coûter jusqu’à 75.000 dollars. 

Si le 9ème long métrage de Djingarey Abdoulaye Maiga répond à tous les critères recommandés au 7ème art, il est à reprocher des choses côté lumière, que peut-être nous pouvons attribuées aux moyens dérisoires qui ont servi à réaliser ce film. 

Somme toute, ‘’Un coin du ciel noir'', remporte sur la quatrième édition de Toukountchi festival de cinéma du Niger, le Prix de la Critique Paulin Soumanou Vieyra, de la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC), le Prix du meilleur scénario, le Prix de la meilleure interprétation masculine et le Prix de la meilleure musique. ‘’un coin du ciel noir'', démontre aussi que le vrai amour peut déplacer des montagne. 

Patrick Hervé YOBODE



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