mardi 5 septembre 2017

Valeurs d’Ici

 Hounnon Amandi renforce Vodoun Gambada et d’autres 

(Une cérémonie de Péta Trotro grandeur nature qui a embrasé Vodjè et Xwlacodji)

Les 21, 22, 23 et 24 juillet 2017, les adeptes du Vodoun Ekambada communément appelé Gambada étaient en fête. C’était la grande cérémonie annuelle dite de Péta Trotro, qui consiste à renforcer les divinités en leur immolant boucs, chèvres, bœufs et poulets afin qu’elles reprennent des forces pour mieux veiller sur les populations. Votre Rubrique adorée Valeurs d’Ici qui était en vacances était au Couvent de Hounnon Amandi, pour vous faire le retour d’une cérémonie qui aura retenu l’attention de plusieurs quartiers de Cotonou pendant 4 jours. Le point ici et maintenant.


Il est de coutume que chaque année, les dignitaires du monde endogène redonnent forces et puissances à leurs Divinités. Appelée Péta Trotro, cette cérémonie souvent très onéreuse, n’est pas l’apanage de qui veut mais de qui peut réellement. A une seule cérémonie de Péta Trotro, il faut acheter plus d’une vingtaine de boucs, chèvres, plus d’une quarantaine de poules et coqs, sans oublier la dizaine de bœufs. A tout cela s’ajoute, d’autres dépenses connexes, puisqu’il faut que le Hounnon ou le Hounnongan qui est à l’honneur nourrisse des milliers de bouches pendant toute la durée de la cérémonie, qu’il donne le déplacement à ses collègues qui viennent de loin, qu’il les héberge, etc. Voilà quelques raisons pour lesquelles, n’importe qui ne se lève pas pour prétendre au Péta Trotro.


Hounnon Amandi

C’est donc à cet exercice très couteux en dépense, mais très rentable en bénédictions et en grâces, que Hounnon Amandi à l’état civil, Philippe Sèdjro s’était livré du 21 au 24 juillet 2017, à son Couvent sis au quartier Vodjè Kpota à Cotonou.

La cérémonie proprement dite
Après l’annonce et le choix de la date, le plus dur commence pour celui qui est appelé à redonner forces et puissances à ses Vodoun. Il faut choisir un pagne pour la circonstance comme ce qu’a fait Hounnon Amandi, déterminer le ou les Vodoun à renforcer. Acheter les victimes expiatoires suscitées et envoyer à l’avance le déplacement de son mentor dans le domaine et de ses collègues Hounnongan ou Hounnon doivent faire le déplacement, ceci s’appelle dans le jargon ‘’le Djadido’’. S’en suivront tous les préparatifs jusqu’au jour du démarrage.

Le premier jour est souvent celui qui permet au dignitaire à l’honneur d’accueillir ses collègues, les dignitaires d’autres divinités, les adeptes, ses patients qui viennent de loin, les touristes puisqu’il y en a souvent et les curieux qui veulent découvrir pour savoir. Il faut loger, qui doit être logé, accueillir les délégations à l’Africaine et passer à la veillé traditionnelle. Toute la nuit du vendredi 21 juillet donc chez Hounnon Amandi, c’est des allés et venus, des danses, des chants, des rires aux éclats, des conclaves dans la cour, mais les choses sérieuses se déroulent dans les couvents sous la direction des hauts dignitaires. Quelques victimes expiatoires ont été immolées, cette cérémonie est appelée le ‘’Zogbé’’.

Le samedi 22 juillet, place à été prise au Sato, la grande place aménagée pour la circonstance qui devrait recevoir, le public, les touristes, les curieux, les dignitaires et bien sûr les adeptes. Une fois surplace, plusieurs jeunes dames, des jeunes filles avaient le pagne noué autour de la poitrine, avec dans la plus part des cas des pantalons ¾ en bas. Les jeunes hommes eux avaient le torse nu et seulement leurs pantalons ¾ étaient tout ce qu’ils avaient comme habits. Chants et danses avec une vivacité sans pareille alimentaient les foules. Brusquement, on aperçoit un adepte qui détale à grande enjambée, pris de transe continue, mais qui sera maîtrisé par de grands gaillards retenus et commis à cette tâche. Au fur et à mesure que montaient les chansons de fureur et qui réveillent la divinité Ekambada, des adeptes, femmes comme hommes détalent tout comme le premier. Conduits au Couvent, ils reviennent bien endimanchés comme s’habillent les adeptes de ce Vodoun. Très organisés, par deux ou par trois, ils exécutèrent la vigoureuse danse du Vodoun Gambada. Le dimanche 23 juillet, après les cérémonies de la matinée où le reste des victimes expiatoires ont été immolées, place a été laissée à la fête autour de la danse de la divinité Ekambada, avec une grande réception que donnait chaque soir Hounnon Amandi.

La journée du lundi 24 marquait la fin de l’édition 2017 du Péta Trotro chez Hounnon Amandi. L’homme a préféré aller honorer la mémoire de son défunt père au couvent de ce dernier situé au quartier Xwlacodji à Cotonou. La place choisie pour la circonstance était trop exigüe pour contenir la horde de gens qui étaient venue pour le spectacle. Une cérémonie de Péta Trotro qui a pris dans une ambiance très conviviale et sans anicroches.

Patrick Hervé YOBODE

Quelques réactions 

Hounnongan A. Dansou Gazozo : je suis ici avec une forte délégation du Syndicat National des Médecins Intellectuels, Traditionnels et Assimilés du Bénin Sy.MITraAB. Nous avons assisté à une belle cérémonie annuelle de renforcement des divinités ici chez Hounnon Amandi. C’est très bien organisé et ceci participe de la promotion, de la vulgarisation et de la sauvegarde de nos valeurs ancestrales. Je le remercie pour ses efforts, son dévouement parce qu’il n’est pas facile d’organiser cette cérémonie là.

Hounnongan Santovi Gbékpo : Je suis la relève de mon feu père,
Hounnongan Santovi à Xwlacodji Je suis la seule femme dans cette jungle de dignitaires en ce qui concerne le Vodoun Ekambada, il n’y a pas deux ici au Bénin. Chaque année depuis plus de 17 ans j’organise cette cérémonie de Péta Trotro et je félicite Hounnon Amandi pour son engagement, sa détermination et son amour pour la chose. Les divinités l’élèveront, Dieu le bénira afin qu’il ne lâche jamais et qu’il tienne toujours cette cérémonie jusqu’à son dernier souffle.

Hounnongan Akpo Amangnibo de Pahou Dénou : celui pour qui nous sommes là est un adepte de mon frère Akpo Gbélézo Célestin, c’est lui qui a érigé le Vodoun Ekambada à Hounnon Amandi. Donc c’est une obligation pour moi d’être ici. D’ailleurs partout où les divinités m’appelle je réponds. Nous organisons la cérémonie de Péta Trotro en mémoire de la foi inébranlable d’Abraham à qui Dieu avait dit de prendre Isaac son fils unique et de l’immoler en victime expiatoire pour lui. Mais au moment d’égorger l’enfant, Dieu l’appela et lui indique un bouc tout blanc, qu’il devait immoler désormais en lieu et place de l’enfant. En renforçant les divinités, nous immolons les boucs, les bœufs, les poulets et autres pour nous rachetés de nos fautes, de la mort subite, des mauvais regards, des accidents, etc. Donc cette édition de la cérémonie annuelle organisée par Amandi est une vraie réussite et je l’encourage à toujours mieux faire. 
Hounnon Amandi drapé dans le pagne de la cérémonie

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