Bokonon Vognon fait appel au Fâ pour conjurer le mauvais sort
Il s’appelle Bokonon Vognon Danhouègnon. Grand dignitaire, Prêtre du Fâ et
garant de la tradition, il a réuni tous les artistes et ses pairs autour d’une
cause sérieuse. C’était le mercredi dernier tôt dans la matinée chez lui à
Tankpè. L’objectif pour lui était de les convier à réfléchir par rapport à la
situation dramatique, qui secoue le monde artistique béninois. Consulter le Fâ
pour savoir la cause réelle du décès à la chaîne des artistes béninois, savoir
les rituels à faire pour exorciser le mal de façon définitive. Devant les
artistes venus en nombre restreint, le Fâ a révélé des faits graves, avant
d’annoncer que ces derniers ne sont pas au bout de leurs peines.
Depuis le mois de décembre 2012 à
ce mois de juin 2013, une vingtaine d’artistes béninois sont passés de vie à
trépas. Parmi eux une dizaine reconnue sur le plan national, sous régional,
continental et international. Cette situation plus qu’alarmante et inquiétante
a commencé par créer la psychose dans le rang des artistes. C’est justement
pour élucider la cause de ces morts subites que le Prêtre du Fâ Bokonon Vognon
Danhouègnon, a fait appel à la crème des Prêtres du Fâ du Bénin et aux artistes.
Sans le soutien de personne, ce dignitaire, garant de la tradition et de la religion
endogène a pris l’initiative de fouiller, de faire appel à ‘’Minto Lonfin’’, le
Fâ qui est l’essence de la création de l’homme et qui voit dans le noir, les
mânes de nos ancêtres, ce qui pourrait en si peu de temps décimer les artistes
béninois. D’entrée, ce sont les chants
liturgiques qui pendant plus d’une demie heure ont chanté les louanges des
divinités. Place sera faite après aux choses sérieuses, lorsque les Prêtres du Fâ
dans leurs tenues d’apparat font leur entrée majestueuse. Les Bokonon Vognon,
Zounton, Doudji, Dogbo Gbèdégbé, Tètrètè, Etchizin, Dah Paul Agodozin, le
Vénérable Professeur David Koffi-Aza etc. pouvaient alors lancer la
consultation. Trois signes dont aucun ne présage d’un avenir meilleur pour les
artistes béninois. Le Fâ révèle au fait
le Tchê Aklan, le Tchê Mèdji et Abla Yèkou.
En somme au niveau des artistes, le vers est dans de fruit. Et le danger
plane en permanence sur leurs têtes comme l’épée de Damocles, tout simplement
parce qu’ils ne s’aiment pas. Ils aiment s’entre déchirer, ils se haïssent
entre eux, ils ne se disent pas la vérité et ne font que se mentir. Le clou de la révélation a été les promesses
faites aux divinités par leurs ainés artistes, pour la plus part dans
l’au-delà, promesses auxquelles ils
n’ont pas tenues. Ils s’empêchent
d’évoluer, ils sont interdits de circuler la nuit etc. Bref les artistes sont la cause de leur
propre malheur. Une fois les soubassements du problème connus, Bokonon Vognon
et ses pairs ont procédé aux rituels sacrificiels pour conjurer le mauvais
sort. Des poulets, des pintades, des moutons et autres ont été immolés histoire
d’apaiser les divinités. Les dignitaires du Fâ ont fait ce qui est de leur pouvoir,
il revient aux artistes de prendre en compte les observations issues de la
révélation pour savoir comment se comporter afin de ne pas s’attirer la foudre.
Car il convient de rappeler ici que le Fâ n’a pas omis de dire que tout réside
dans leurs comportements s’ils
voudraient être épargnés de toutes morts subites.
Les trois signes du Fâ |
Bokonon Vognon entourés de ses pairs |
Les trois signes en bref
D’abord il convient de rappeler
que le Fâ n’a pas été positif.
Le Tchê Aklan ou Tcha-Kan : C’est le tout premier signe que
révèle le Fâ. Il peut se résumer en ces mots. Des artistes qui ont eu certains
mérites se sont vus ravir ces mérites là contre leur gré. Ces derniers ruminant
leur colère sous le coup de l’intimidation, sont allés à la justice de
l’invisible. Cette justice implacable et infaillible a agi et cela se retourne
contre les artistes. Il y a également
une dislocation profonde dans ce milieu. Il y a une implosion qui se prépare et
qui sous peu va s’exploser. Les artistes béninois, sont dans l’échec et
l’éternel recommencement, juste parce que l’environnement artistique est jonché
de déboires et les femmes artistes qui sont là pour tirer les ficelles. Ils ont
leur destin dans leurs mains.
Le Tchê Mèdji : A ce niveau le Fâ s’est plus claire en disant,
que quoi qu’on veille faire il y aura encore des pleures. Il met l’accent à ce niveau sur les femmes
mais aussi les sorciers qui tirent les ficelles. Il précise que l’effritement
des choses dans ce domaine ne connaitra pas sa fin demain. Il invite à la
sincérité et souligne que plusieurs divinités sont à la bases du malheur qui
frappe les artistes et qu’il serrait difficile de les détecter tous. Sinon le
la divinité Sakpata qui apprait à chaque étape de la consultation.
Artistes et public concentrés sur les révélations de l'oracle |
Abla Yèkou : C’est à ce niveau que le Fâ résume tout. Il y
aura des humiliations en permanence. Puis ce qui est un peu dommage, les larmes
vont encore couler, le malheur frappera encore la maison artistique du Bénin.
Les conspirations, les coups bâts entre artistes ce que le Fâ appelle ‘’Sé
bla’’ obligent. En dehors des larmes qui vont encore couler, le Fâ révèle qu’il
y a trop de zones d’ombre dans le milieu artistique, qui méritent d’être
éclairées. A la dit le Fâ s’est fait rassurant que si tous les sacrifices sont
faits et que les artistes revoient leurs comportements et laisses de côtés
toute haine, le carnage peut être arrêté.
Quelques réactions des artistes et Prêtres Fâ
Sènan Joy : Je salue cette initiative du Bokonon Vognon et je
souhaiterais que les autres religions emboitent les pas des dignitaires du Fâ.
Je les remercie d’avoir pensé aux artistes, parce que ce qui se passe
aujourd’hui en notre sein, nous fait peur. On a ^peur, moi j’ai peur. Si je
n’avais pas un cœur pur et saint je ne serais plus parmi vous, car quelque
chose m’est arrivé le jour des obsèques de Clément Mèlomè que depuis plus de 4
décennies de carrière je n’ai jamais vu.
Il faut que les artistes cessent de pactiser avec les divinités, ils ne
sont pas venus ici parce qu’ils craignent d’être dénoncés par le Fâ. Je nous
invite à l’amour du prochain pour le meilleur du monde artistique.
Dah Paul Agodozin : Si tu es dans cette vie et qu’une chose
t’étonne, va consulter le Fâ la cause et après retourne chez le guérisseur
traditionnel. Nos frères artistes qui sont entrain de partir parlent tous de
Jésus. Mais souvent je leur demande de
me dire une seule chose que Jésus aurait créée mais ils sont incapables de me
répondre. Il faut aimer les plantes,
c’est Dieu qui les a créées. Dans mon cas je parle toujours de la sorcellerie
et ça depuis des années, on dit qu’on n’en parle pas, pourtant moi je le fait
et rien ne m’arrive, je ne tombe jamais malade. Pour vivre longtemps sur cette
terre, nous devons faire recours aux plantes. Aujourd’hui beaucoup de personnes
ont fuit famille et jettent même du discrédit sur leur famille, c’est ce qui
nous tue.
Houéssi : C’est une belle
initiative. Quand on jette un regard sur l’écran des télévisions on constate
que ce sont les jeunes artistes qui sont à l’honneur. Pourtant nous ne gagnons
pas grand-chose dans la musique et les artistes âgés sont là mais ce sont les
jeunes qui meurent. C’est déplorable. Et
donc nous remercions beaucoup le Bokonon Vognon pour l’initiative de consulter
le Fâ à l’intention des artistes sans l’aide de personne. En tout cas, il
revient à nous de nous corriger car la calomnie, la médisance, la jalousie et
la méchanceté que nous entretenons ne son pas de nature à nous mener à bon
port.
Bokonon Dogbo
Gbèdégbé : Nous
remercions Bokonon Vognon Danhouègnon pour cette bonne initiative. La mort
tragique des artistes, moi, m’énerve. J’ai été le parrain de Riss Cool pendant
longtemps. C’est donc la mort subite des artistes qui nous interpelle. Nous
avons réfléchi et nous sommes rendu compte que c’est le Fâ qu’il faut
consulter. Nous avons voulu sauver cette corporation de la mort, de la maladie.
Avec ces sacrifices le mal est conjuré, mais il faut maintenant que les
artistes changent de comportement.
Francis Edia : Nos hommages aux maîtres Fâ. Je suis tellement
ravie. C’est la confirmation que le Fâ est une réalité à laquelle on peut
valablement se confier. Tout ce qui vient d’être dit confirme une vérité que
nous savons déjà. Je demande à Dieu
Tout Puissant de leur donner la force nécessaire afin qu’ils fassent tout ce
qui est leur pouvoir pour que dans notre milieu la paix du cœur revienne. En notre sein, essayons de ne plus jalouser
l’autre, car nous avons reçu différents dons. Ces artistes qui se livrent à
tout ce qui a été dit se connaissent, c’est pourquoi ici ils ne sont pas venus
nombreux.
Bokonon Vognon Danhouègnon : Nous avons voulu que nos frères
artistes se portent en bien en santé, dans la paix et le bonheur. Tchê Aklan,
Tchê Mèdji et Abla Yèkou sont les signes révélés par le Fâ. Un présage
grave, mais les Bokonon ont fait les
sacrifices pour que les décès prématurés soient bannis. J’exhorte les artistes
à plus d’amour entre eux, l’amour du prochain. Ne pas oublier la tradition.
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