Revivons ensemble le film des grands faits culturels de l’année qui s’achève
L’actualité culturelle béninoise de 2014, a été jalonnée par des
moments de joie, de déception, de regret, de promesse et de lueur d’espoir,
dans le rang des acteurs culturels. De bonnes et donc de mauvaises nouvelles
ont secoué la culture et ses acteurs au cours de cette année qui s’achève. Du 10
janvier au Fonds d’aide à la culture, du Tofâ à la réhabilitation des salles de
cinéma, de l’organisation et de la tenue du Festival international du Théâtre
du Bénin (Fitheb) aux autres festivals privés, de la mort de quelques artistes
encore à la construction annoncée du Théâtre national, bref les faits ont
retenu l’attention de l’opinion en 2014. Nous revenons ici sur les plus
marquants, juste pour la postérité.
Une bonne nouvelle accueillie avec ferveur
Commençons ce retour dans le
passé culturel du Bénin en 2014, par une bonne nouvelle. L’avènement de Boni
Yayi, à la Marina aura été pour les artistes béninois toutes catégories
confondues, des moments d’attention de la part de l’actuel locataire de notre
Présidence. C’est sous lui que le Fonds d’aide à la culture (Fac) a été
rehaussé jusqu’à un (01) milliard de nos francs. Il venait cette année de
frapper encore très fort avec le sens managérial et le dynamisme de Jean-Michel
Hervé Babalola Abimbola, un grand coup. En effet, le conseil des Ministres en
date du 02 Octobre 2014 avait rendu public un communiqué, qui avait fait tressaillir
de joie les acteurs culturels. Il s’agit de l’augmentation très sensible du
Fonds d’aide à la Culture (Fac), qui passe d’un milliard à trois (03) milliards
de nos francs. L’annonce de cette bonne nouvelle à été fait, en marge du méga
concert de clôture des vacances, le 11 Octobre 2014 dans la Cité des Kobourou. A
l’annonce de la nouvelle donc, plusieurs acteurs culturels, ont réagi. Ils ont
tous aimé le geste et ont remercié la dextérité de Jean-Michel Abimbola, le
ministre de la culture, qui s’était investi personnellement pour que le milliard
culturel soit triplé. Toute fois, ils exigent que ce fonds soit bien utilisé
pour le bonheur de tous les acteurs culturels, mais aussi et surtout pour enfin
l’émergence de la richissime culture béninoise.
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Jean-Michel
Hervé Babalola Abimbola, ministre de la culture |
La fête du 10 janvier et l’absence déplorée de Boni Yayi
Une fois encore en 2014, les
dignitaires de notre tradition, les garants de la religion endogène, têtes
couronnées, Hounnongan, Vodounnon, adeptes du Vodoun et toutes les divinités s’étaient
donné rendez-vous à Abomey-Calavi le 10 janvier 2014. Moments de réjouissances
et de célébration de notre vraie identité culturelle et de l’héritage légué par
nos ancêtres. Si l’absence du Chef de l’Etat aux côtés des garants de la
tradition a été diversement appréciée depuis 2007, celle de 2014, aura été la
goute d’eau qui faisait déborder le vase. Personne ne voulait admettre ce
mépris de Boni Yayi pour notre tradition. Les commentaires allaient bon train
avec les grincements de dents, dans le rang des dignitaires religieux endogènes.
Chaque fois depuis 2007, donc le gouvernement trouve toujours un argument pour
justifier l’absence de Boni Yayi. C’est en cela que le discours livré par
Patrice Hounsou-Guèdè, maire de la commune qui accueillait les festivités a été
salué avec enthousiasme. Ce dernier a invité toute la classe politique et les
décideurs de cette nation, à un retour à la source. Un retour vers nos valeurs
endogènes, qui serait le gage d’un développement accéléré du Bénin. En tout
cas, les dignitaires, têtes couronnées, adeptes et autres, attendent de voir,
si Boni Yayi franchira le Rubicon en s’absentant encore le 10 janvier 2015.
Wait and See.
Et puis l’autre événement qui ne dit rien aux autorités
politico-administratives
Il est des événements majeurs
pour le Bénin au jour d’aujourd’hui, mais banalisé par la classe politique et
surtout les gouvernements successifs de Boni Yayi. Depuis un peu moins de dix
(10) ans, David Koffi Aza, professeur du Fâ est revenu sur une pratique ancestrale.
Le ‘’Tofâ kinkan’’, la consultation du Fâ pour savoir de l’avenir du pays et de
ces citoyens dans la nouvelle année. La 7ème édition qui se tenait
en décembre 2013, avait prédit un horizon assez sombre, fait de morts subites,
d’accidents, de mésententes, de la division, une atmosphère de paix éphémère,
etc. N’étant jamais écoutés par Boni Yayi et ses gouvernements, David Koffi Aza et les siens ont pu faire ce
qu’ils peuvent des sacrifices qu’imposait les signes révélés. Résultat, des
morts subites à la chaîne comme c’était déjà le cas en 2013, des tiraillements
entre hommes politiques, des mésententes, de la chasse aux sorcières, qui somme
toute ont conduit le Bénin dans un gouffre qui ne dit pas son nom. N’empêche, l’Authentique
et universel ordre de la reine mère en collaboration avec l’association des
Fagbassa et Bokonon du Bénin ainsi que l’association BéninTofâ, ont procédé à
la consultation du Fâ pour le compte de 2015. La science et la sagesse
ancestrale, révèle ‘’Troukpin Woli’’, un signe qui ne présage guère d’un
horizon de stabilité pour le Bénin. Toujours, des morts, mais cette fois-ci
dans le rang des autorités, des femmes qui trompent leur mari et des filles qui
se livrent à l’avortement. La prudence et la patience sont recommandées au
sommet de l’Etat et dans les couples. Beaucoup de femmes accoucheront par
césarienne et les tiraillements entre hommes politiques, se poursuivront. Le Fâ
recommande aussi de réfléchir avant tout investissement. Il faudra alors faire
les rituels « Vossissa » pour conjurer le mauvais sort. Attendons de
voir si nos autorités prendront conscience en mettant de côté leur mimétisme inconcevable.
La construction du Théâtre National, l’autre bonne nouvelle
Quelques semaines après l’annonce
du fonds d’aide à la culture qui passe à trois (03) milliards de francs CFA, le
ministère de la culture a mis une autre bonne nouvelle pour faire rêver les
acteurs culturels. Il s’agit ici, de la construction du Théâtre National, tant
attendu par les acteurs culturels. Dans un environnement où la culture est en pleine
expansion, et où les acteurs se multiplient avec des talents inouïs, il manque
cruellement de lieux d’expressions artistiques, pouvant permettre à ces
derniers de créer et de diffuser leurs œuvres. L’Institut français, l’Espace
Mayton, Arttistik Africa et autres construits sur initiative de quelques
acteurs culturels chevronnés, ne suffisaient plus, pour contenir la pléthore d’artistes
que compte le Bénin. C’est donc tout naturellement l’annonce de la nouvelle de
la construction du Théâtre National, aura reçu un écho très favorable au sein
des acteurs culturels. D’une capacité de dix (10.000) mille places, avec des
salles annexes pour les répétitions, les formations, les projections, une salle
multimédia, etc. ce Théâtre National sera construit sur la route des pêches. Le
dimanche 14 décembre donc, le ministère de la culture avait commandité une
équipe d’experts de DCI Consults, pour écouter les acteurs culturels, prendre
leurs propositions par rapport à la construction d’un tel joyau. Ça aussi, c’est
à mettre à l’actif de Jean-Michel Hervé Babalola Abimbola, ministre de la
culture. Il ne faut pas occulter, dans la même dynamique, la réhabilitation des
salles de cinéma, entrepris par Jean-Michel Hervé Babalola Abimbola et son
équipe, toujours pour doter les acteurs culturels d’espaces et de lieux d’expressions.
Et puis le Fitheb, le Label et Cotonou Couleurs Jazz
La 12ème édition du
plus grand festival de théâtre d’Afrique aussi avait droit de citer en 2014 et
du 06 au 14 décembre. Annoncé pour être grandiose, le festival international de
théâtre du Bénin 2014, qui s’est tenu après plusieurs retournements de
situations, n’a pas fait grand écho dans la population. Avec la vision du
directeur intérimaire, Ousmane Alédji de faire de ce grand événement culturel
un Label pour le Bénin, même s’il a tenu le pari, le Label reste à désirer. D’abord
pour cause d’Ebola, le festival a connu beaucoup de désistement de compagnies,
les reports successifs, le budget amoindri, etc. Ici, c’est la communication
qui aura obscurci l’image de ce que nous qualifions du plus grand festival de
théâtre d’Afrique. Les autres rient de nous, car on veut donner une dimension
au Fitheb, mais on n’a pas les moyens de notre politique et de surcroit, la
communication de l’édition de 2014 a été confiée, à des gens qui ont montré leur limite,
dans la gestion de leurs confrères journalistes, chargés de relayer l’information.
L’autre chose, c’est la tenue, presque dans la même période, du désormais plus
grand festival de Jazz du Continent. Cotonou Couleurs Jazz, qui prenait son
envol le 11 décembre, a ravi la vedette au Fitheb, juste parce qu’ici, les
organisateurs ont mis un accent particulier sur la communication. Du coup, les
béninois, toutes classes sociales confondues, n’ont pas hésité à envahir
Sikècodji qui abritait la 3ème édition de Cotonou Couleurs Jazz. Somme
toute, Ousmane Alédji aura eu le mérite d’organiser un Fitheb qui dépasse
largement la cagnotte réservée à la 12ème édition.
En pèle mêlé à présent CONAVAB Inter, Bénin Révélation Stars, Cafrim,
Africa Fête.
2014, aura connu les festivals
annuels habituels. Depuis janvier de l’année qui s’achève, Patrice Ahouloumè et
Tony Yambodè, respectivement promoteur de la Coupe nationale du vainqueur des
artistes du Bénin (CONAVAB Inter) et de Bénin Révélation Stars (BRS) ouvraient
le bal des inscriptions sur ces rendez-vous de taille de l’agenda culturel du
pays. De juin à septembre donc la 17ème édition de CONAVAB Inter a
tenue les béninois en haleine. Presque dans la même période, de l’autre côté de
Zogbadjè derrière le Campus d’Abomey-Calavi, l’Espace Mayton Promo, grouillait
de monde chaque samedi soir, depuis Août à Octobre, avec des prestations en
live et en acoustique, qui révélaient les talents de demain, tout ceci couronné
de l’hommage aux artistes béninois confirmés, de leur vivant. Il faudra aussi
compter en 2014, avec la Coupe d’Afrique de Musique (Cafrim) de Mathieu
Vitoffodji, compétition remportée par la togolaise Moon Love au Hall des Arts à
Cotonou. Le Consultant en musique, directeur du Bureau Export de la Musique
Africaine (BEMA), promoteur du festival Africa Fête Itinérant, Eric Gbèha,
tenait aussi son événement. L’étape de Cotonou aura rassemblé de grands noms de
la musique du Continent et des talents émergents, pour des concerts inédits.
Toute chose qui a mis Cotonou sous les projecteurs pendants toute la durée du
festival. Nous n’allons pas omettre, les exploits de notre Ballet National,
emmené par Marcel Zounnon, qui aura en 2014, émerveillé les peuples européens. La
constitution du Théâtre National avec des acteurs reconnus pour leur talent, mais
aussi, le Happy Chinese New Year, qui de janvier à mars 2014, se déroulait sous
la direction de Baï Guangming, directeur du Centre culturel chinois du Bénin. Voilà
en condensé, le Bénin culturel en 2014. D’autres événements non moins
importants se sont déroulés et ont contribué à la visibilité de la culture
béninoise.
Réalisation Patrick Hervé YOBODE