Les têtes couronnées et chefs coutumiers appellent Yayi et la classe
politique à la retenue
Depuis le lundi 04 mai 2015, le Bénin traverse une situation sociopolitique
qui frise une scène de guerre. Ceci fait suite à une présumée arrestation du
député Candide Azannaï. Dès lors de la violence avait pris d’assaut les rues de
Cotonou et d’Abomey-Calavi, des actes de vandalisme, toutes choses qui
conduisent facilement aux affrontements sans fin et à la guerre civile. Pendant
près de trois jours déjà cette situation perdure et laisse la communauté
internationale pantoise. Dans la foulée, plusieurs politiques ont appelé au
calme. Votre journal est allé à la rencontre des têtes couronnées et chefs
coutumiers pour recueillir leurs opinions sur ces émeutes observées ces
derniers jours dans le pays.
Sa Majesté Vognon Adidékon, roi d’Assanté : tout d’abord je
pense qu’on doit remercier le Dieu qui a donné la vie à chacun de nous et qui
nous accorde la grâce de voir chaque jour. C’est grâce à lui que le bain de
sang ne nous a pas encore éclaboussés. Nous rendons également grâce aux Mânes
de nos ancêtres qui ne sont pas du reste dans cette divine grâce que le Bénin
reçoit actuellement. Ceci dit la première chose qui conduit ce pays dans cette
situation est la non considération de nos valeurs par les politiques. On ne
veut rien faire pour préserver la paix, plus de rituels (Toploplo), c’est-à-dire
purification du pays, comme le faisaient nos ancêtres, plus de sacrifices aux divinités.
Mêmes nous qui avons initié le Tofâ, on ne nous considère pas, car ce que
révèle le Fâ depuis des années, c’est nous-mêmes qui prenons les sacrifices et
rituels en charge, aucun acteur politique ne s’intéresse à cela. C’est
déplorable, les signes de la croix et autres tohu-bohu sans cesse dans nos
ruelles, ne pourront rien contre tout ceci. Il faut revenir en arrière, pour
puiser à la source de notre tradition. Somme toute, nous allons prier et
implorer la bonne grâce de tous les rois du Danxomè, d’Assanté, à Abomey, en
passant par Allada, Porto-Novo, Agonlin et autres, ils enverront tous leurs
bénédictions pour que le Bénin demeure dans la paix. Pour les élections à
venir, nous Boconon allons consulter et faire des rituels afin que cette atmosphère
précaire n’embrase pas le pays, mais rien n’arrivera au nom des Mânes de nos
ancêtres.
Oba Orisha Yorouba, roi d’Adjarra : vous savez, nous têtes couronnées
devront tout d’abord prendre tout ce qui se passe avec réserve. Il ne faut pas
que ce pays s’embrase, que les fils d’une même Nation s’affrontent. Se serait
triste si notre pays qui est cité en exemple dans le monde tombe si bas. Il faut
demander au président de la république qu’il doit savoir raison garder et faire
preuve de sang froid, car il est le père de la nation. Si ce pays s’embrase, où
iront les nôtres, au Togo, au Burkina-Faso, en Côte d’Ivoire, etc. ils sont
ceux là, à la rechercher d’une denrée très rare que nous nous avons ici, la
paix. Ce pays qui appartient à nos ancêtres les rois, ne doit subir aucune
violence. Nous demandons donc au peuple béninois d’être serein, que les jeunes
se calment et que les acteurs politiques de la mouvance comme de l’opposition
aillent à la table de la négociation, mais la vraie négociation entre les
enfants du Bénin, afin que cette situation ne dégénère. Car on sait seulement
quand ça commence, mais jamais quand ça fini. Plaise à Dieu et aux Mânes de nos
ancêtres que le sang d’aucun béninois, ne coule .
Rabbi Armand Avocan, Pasteur, Spiritualiste, Kabbaliste : mon
pays le Bénin, pays de Houégbadja, Béhanzin, Akaba, Toffa, etc. pays des
spiritualistes, boconons, vodounons, pasteurs, prêtes, herboristes etc. pays
des cadres dotés du savoir faire, du savoir être et de l’intelligence, pays des
militaires et corps assimilés patriotes
et républicains, ne saurait basculer dans la violence et la guerre. Il faudra qu’on
aille à la table de la négociation et s’il y a lieu que nous nous pardonnons les
uns les autres. Nous sommes un modèle pour l'Afrique et le monde. A partir des
pardons les lumières divines seront toujours sur ce pays. Soyez tous bénis et
que les Anges de lumière nous assistent.
Paix dans les cœurs
Sa Majesté Agbodandé III, roi de Toffo : moi je suis
foncièrement contre cette vilaine émeute alimentée depuis peu par les hommes
politiques. Il faut que les deux camps en face se calment, il faut de la
maîtrise de soit du côté du président de la république et également du côté de l’opposant
Candide Azannaï. Aussi faudrait-il que la population béninoise, connue pour son
esprit de discernement fasse preuve de maturité face à cette situation et se
calme. Il ne faut pas que ce que nous avons observé et déplorer au Burundi, au
Rwanda, en Angola, etc. nous arrive ici. Rappelons que Yayi est le père de la
Nation, donc président des béninois, et si l’un de ses fils déconne, il ne doit
pas répondre de cette manière, car la manière est très déplorable. Prenez notre
exemple de têtes couronnées et regarder tout ce que les gens racontent sur
nous, mais est-ce qu’on a réagi une seule fois ? Yayi Boni en tant que
président de la république, doit savoir raison gardée. Dans cette situation, il
en voulait à Candide Azannaï seul, voilà que tout le peuple se soulève, juste
parce que la période est très mal choisie, car les populations étaient sous le
choc des résultats. Il faut surtout savoir que les béninois sont frustrés, car
il y a un certains nombres de choses que ce peuple de paix n’aime pas et que
Yayi Boni dit et fait allègrement. Rappelez-vous de ses propos du 1er
Août 2012, je cite ‘’Je vais amener mes gens du Nord qui vont frapper les gens
du Sud’’, c’est des propos que le béninois n’aime pas. Ici il faut aussi dire
que ce n’est pas à cause de Candide Azannaï que le peuple manifeste, mais les
gens sont entrain de manifester contre les manières de faire du président de la
république. Si c’était la tête de Candide Azannaï seul je crois bien que les
gens seraient restés chez eux. En tout cas, rien n’arrivera à ce peuple de paix
et à ce pays dont la paix légendaire est recherchée dans le monde, plaise à
Dieu et aux Mânes de nos ancêtres.
Propos recueillis et transcris par Patrick Hervé YOBODE