‘’Portez les perles en terre cuite c’est se donner une fierté. Les perles en terre cuite c’est l’élégance et c’est être digne fils du Bénin’’.
(Bientôt une présentation de ces perles aux dignitaires de nos valeurs endogènes)
Actrice de cinéma, danseuse-chorégraphe, créatrice de bijoux en perles
et costumes d’arts, Sandra Adjaho, vient de révolutionner le monde des perles
au Bénin. Pour cette passionnée qui a commencé par travailler les perles à l’âge
de 12 ans, l’heure de la consécration a sonné, grâce à son goût de recherches
en la matière. En effet, le mercredi
10 décembre dernier au Centre culturel chinois (Ccc), elle procédait à la présentation
d’une collection de perles en terre cuite, avec son Association ‘’La Maison des
Perles. Pour celle qui ne rêve que de promotion des perles "Made in
Benin", valoriser les perles en terre cuite, c’est revenir à ce qui ce
faisait jadis au Bénin, mais qui a disparu faute de relève et de promotion. Fabriquées
à base d’argile, cette forme de perles, qui révèle l’identité même du Bénin partout
dans le monde, revient grâce à Sandra Adjaho. D’ailleurs déclare-t-elle « Je
travaille les perles, mais c’est rien que les perles venues d’ailleurs que je
retrouve sur le marché. Et quand je voyage avec elles, elles ne me donnent pas
une identité béninoise. Du coup j’ai fait des recherches, sur les perles
utilisées autrefois au Bénin et c’est comme cela que j’ai découvert une vieille
dame à Ouidah, qui travaille actuellement les perles en terre cuite ». Nous
sommes allés à la rencontre de la fille cadette de Coffi Guillaume Adjaho,
grand acteur culturel qui a aussi marqué son époque et voici la teneur de ses
confessions sur sa passion pour les perles.
La maison des perles qu’est-ce que s’est ce concept ?
La maison des perles est une
association dont je suis la présidente et qui travaille pour la promotion, la
sauvegarde du patrimoine culturel. Donc comme moi je ne travaille que les
perles, j’ai toujours recherché quelles sont les perles qui sont authentiques,
qui sont recherchées et propres à nous béninois pour faire la fierté de notre
pays parce qu’on travaille souvent les perles qui viennent de l’extérieur et chaque fois quand tu les portes et voyage
à l’extérieur les gens disent oui, tu viens du Ghana, tu viens du Nigéria, et
là je me suis dis ça ne va pas. Parce qu’on ne remarque que le produit, on ne
voit pas la création. La création on trouve que c’est joli, mais on ne remarque
que le produit. Donc je me suis dit qu’il faut maintenant que je puisse créer une association pour
pouvoir rechercher les perles qui existaient chez nous et si possible les
créées. Donc c’est de là que j’ai découvert beaucoup de perles déjà. Beaucoup
de perles fruits, des perles animaux, des graines en perles et les perles en
terre cuite. Et de 2014-2015, on a décidé de faire la promotion des perles en
terre cuite parce que la recherche est bouclée déjà. On a pris le temps de
pouvoir apprendre comment cela se passe, de pouvoir savoir quelle est sa durée,
quelle est la qualité des perles qui découle de la terre cuite. Et maintenant
nous sommes totalement prêts pour
pouvoir faire la promotion de ces perles en terre cuite. L’association
la maison des perles à découvert les perles en terre cuite, grâce à une dame
qui vit à Ouidah et qui s’appelle Madame De-Souza Née Dagba qui travaille les
perles depuis 20 ans et que personne de connaissait. Donc lors d’un festival de
Quintessence de Jean Odoutan, j’ai été
logé chez la petite fille de cette dame. J’ai été hébergé là-bas et c’est là
que j’ai découvert la dame. C’était l’occasion pour moi de l’apprendre et de
pouvoir travailler ces perles en terre cuite. En fait, les perles en terre
cuite, c’est de l’argile travailler. Donc le produit de base c’est l’argile. Et
l’argile on le trouve un peu partout au Bénin. Dès l’achat de l’argile, il y a
plusieurs étapes par lesquelles on passe pour pouvoir avoir ses produits. Donc
l’argile déjà acheté, on le sèche au soleil pendant un jour
pour l’asséché puis après on passe au pétrissage. Si c’est une petite
quantité on le fait à la main et si c’est une grande quantité on le fait avec
les pieds. Après le pétrissage, on passe au modelage. C’est-a-dire on donne la
forme qu’il faut. On peut donner toutes les formes qu’il faut et qu’on veut à
l’argile et puis on passe au séchage qui dure trois semaines pour que l’eau soit
complètement partie et puis après on passe à la cuisson. Après la cuisson le
produit fini donne une couleur blanche. Si tu veux, tu peux le colorer aux
couleurs ou soit à la fumée ou à toutes sortes de colorants. Et maintenant le
travail de créatrice commence et là je donne toutes les formes que je veux en
créant des colliers, des objets de décoration, etc.
Cette passion pour les perles comment est-elle née ?
De très longtemps. Au fait j’ai
commencé par travailler les perles il y a très longtemps. Disons depuis l’âge
de 12 ans. On avait l’habitude de sortir et maman nous achetais des bijoux, des
gels et tout. Comme ça quand on va à toutes les manifestations, il y a des
personnes qui portent les mêmes choses moi ça ne me plaisait pas car j’aime faire
la différence. Et c’est cela qui m’a amené à commencer par travailler les
perles. Toutes les perles que je retrouvais chez ma mère, je prends, j’agence
et je porte pour sortir et là je suis sure que je suis seule à la porté et je
participais à des émissions de Inès Garoué quand elle était à LC2. Et voilà la
passion m’a saisie. Je créais pour moi et pour ma famille. Pour mes amis, pour
mes cousines. J’ai commencé par le commercialisé aussi grâce à ma mère parce
que quand elle allait au boulot, on la bloquait dans la cabine et lui enlevait
toutes ces perles. Ses collègues lui disaient si tu ne dis pas à ta fille de
vendre, tu va rentrer sans perles. En ce moment je travaillais déjà à la Soneb,
mais la vente des perles était très rentable et je gagnais beaucoup d’argent. Mais
je n’étais pas encore satisfaite parce que c’est vrai que c’est joli, c’est
beau mais ce n’est pas de chez nous. Moi j’aime bien ma culture et j’ai
toujours voulu valoriser ma culture.
Aujourd’hui comment tu te sens après cette découverte ?
Depuis que j’ai découvert cette
merveille, je ne vis que de ça. Au fait, c’est comme si je recherchais quelque
chose depuis très longtemps et que je venais de trouver. C’est maintenant à moi
de prendre le nouveau départ. Et je vous assure que la première création que
j’ai eu à faire de ces perles, quand je l’ai porté, j’ai eu vingt (20) commande sur le champ.
C’est qu’il y a des trucs d’originalité que des gens recherchent depuis très
longtemps. Et en plus j’ai eu la plus grande peur de ma vie parce que j’ai
rencontré cette dame il y a trois ans et je lui dis que je vais revenir. Et
quand je lui ai dis que je vais revenir, c’est parce que je voulais rapidement
changer mon association, l’objectif, la vision et tout. Donc le temps que je ne
puisse faire tout ceci, j’ai appris qu’elle a été malade et elle a failli mourir et est restée à
l’hôpital pendant un an et là j’ai pris la peur de ma vie et je me suis
rapidement fais formé et j’ai commencé la promotion le plutôt. C’est cela qui nous
a conduit au défilé du 10 décembre passé où j’ai présenté la première
collection des perles en terre cuite. S’était précipité mais les gens on
apprécié. Les autorités étaient présentes et franchement moi-même j’étais
vraiment fière. C’est un défilé d’information à la population et de
présentation des perles en terre cuite qui sont authentiques, original et qui
sont de chez nous. Parce que je vous avoue que quand je voulais faire ce défilé
je suis allée rencontrer le Directeur du Patrimoine Culturel, le Directeur du
Développement Touristique. J’ai rencontré tous ceux qui tournent dans ce
secteur mais ils ne connaissaient pas les perles en terre cuite. C’est triste. Les
gens qui doivent faire ce genre de recherche n’existent pas vraiment. Et c’est
nous qui sommes passionnés qui arrivent vraiment à le faire. La maison des
perles est entrain de faire d’énormes découvertes. Bientôt vous allez apprendre
des choses que vous n’avez jamais entendues, que vous ne savez même pas et
qu’on délaisse pour rien du tout. Nous sommes presque tous acculturés. Il faut qu’on
revienne à la source. La religion nous a abruti ça c’est vrai. Et on pense que
ce n’est que les vodounons, les rois qui portent des perles. C’est faux. Ils
sont encore les garants de notre tradition. C’est grâce à eux que nous avons
encore une identité culturelle. Donc on devrait leur rendre hommage. C’est les
seuls personnes qui sont entrain de valoriser notre culture. Eux-mêmes ils ne
le connaissent pas encore et c’est grâce à moi qu’ils vont le découvrir parce
qu’ils valorisent d’autres pays. Donc il y a tout cela qui me donne des soucis
et je me dis qu’il faut que ça change. Donc bientôt il y aura une grande
présentation pour les dignitaires. Présentation des bijoux en perles et s’ils
veulent on peut même personnaliser ça pour eux.
C’est quoi cette irritation qui te prend quand tu commences par
parler des valeurs endogènes ?
Ce qui m’irrite au fait, c’est
parce que moi j’ai voyagé un peu partout et ce que moi je vois à l’extérieur
c’est que c’est la culture qui développe un pays. Tant que le Bénin ne va pas
connaitre la place de la culture, le Bénin ne sera pas développé. Parce que les
autres pays comme la Chine se sont développés avec leur culture. Tu ne va
jamais voir un chinois porté des choses d’un autre pays. C’est impossible.
L’association a découvert des coquilles de petits escargots qui poussent dans l’eau. J’ai
acheté ça au marché et j’ai commencé par travailler ça et un jour j’en ai fait
assez et j’ai porté ça c’est alors que
j’ai rencontré une dame qui maitrise les différentes perles que portent les adeptes
du Vodoun qui me disait, êtes-vous une adepte vodoun ? je dis non
pourquoi ? Elle me répondit parce que ce que vous portez là c’est pour les
Tohossoussi (les adeptes du Vodoun Tohossou dieu des eaux). Je me suis
rapprochée des adeptes de cette divinité qui m’ont dit que ce n’est pas
cultuel. Pourquoi on cherche à tout sacraliser
en nous empêchant de valoriser notre culture. Valorisons les produits de chez
nous pour le bon développement de notre pays.
Ton mot de fin ?
Le dernier mot c’est que la
maison des perles a un nouveau né qui sont les perles en terre cuite. Il y
a toutes sortes de création à savoir les colliers, les bijoux, les styles de
stars et tout. Donc mieux vaut en profiter pour
se donner une fierté. Les perles en terre cuite c’est l’élégance et
c’est être digne fils du Bénin.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
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