«…après ‘’Veux-tu’’ qui a fait 15 ans déjà, je propose ‘’La Vie est Belle’’»
La vieille marmite lorsqu’elle sert à
cuisiner, le plat concocté par l’expérimenté en cuisine est très succulent, un
pur délice sur nos papilles gustatives. La musique répond à cette alchimie, si
elle provient d’une icône, si c’est un vieux de la vieille, une légende vivante
qui en est le géniteur. On le connaît de
part le monde entier, il est un ogre de la musique, il est un monument, une
icône incommensurable et infalsifiable avec un style propre à lui. Membre de
l’orchestre Tout Puissant Poly Rythmo, Vincent Ahéhéhinnou que les plus jeunes appellent affectueusement Doyen
ou Président, vient nourrir nos âmes et nos esprits par de bonnes sonorités
musicales. Il revient au devant de la scène musicale 15 ans après ‘’Veux-tu’’,
son dernier album qui continue d’ailleurs de cartonner. Nous étions chez cette
icône immortelle de la musique béninoise pour nous enquérir de son actualité
musicale et c’est à cette occasion qu’il nous a parlé de son nouvel opus. Tonton
Vincent comme l’appellent d’autres et dont une fausse rumeur avait répandu sa
mort ; a procédé à la sortie officielle de son énième livre sonore baptisé
‘’La Vie est Belle’’ via les médias. Lisez plutôt les détails dans cet
entretien.
Légende vivante de la musique au Bénin,
vous n’êtes plus à présenter, mais êtes appelé à reprendre cet exercice pour
nos lecteurs.
Vincent
Ahéhéhinnou, je suis artiste auteur, compositeur et chanteur, membre de l’orchestre
Poly Rythmo.
Parlez-nous de votre actualité
musicale ?
Je viens
de mettre sur le marché du disque vers fin mai, un nouvel album après
‘’Veux-tu’’ qui a fait 15 ans déjà. Je me suis dis qu’il était temps de
proposer encore quelque chose. Donc je présente un album de 12 titres dont le
lancement était prévu pour le dimanche 12 avril 2020, jour de la Pâques à la
Place Québec à partir de 19 heures en concert live. Mais le Coronavirus et les
mesures barrières édictées par le gouvernement n’ont pas favorisé ce concert
live. Voilà à quoi se résume mon actualité aujourd’hui.
Quelles sont les conditions dans lesquelles
vous avez concocté ce nouveau livre sonore ?
Dans
des conditions très très cool hein. Depuis 15 ans je réfléchissais, je composais
et je recomposais, car une chanson qui n'est pas sortie pour le public reste
toujours une chanson à travailler. Tant que ce n'est pas sorti, on trouve
toujours des choses à remettre. Donc, j'ai travaillé comme ça durant tout ce
temps et je propose cet opus là.
Peut-on savoir le titre que portera cet
album ?
Bon
j'y pense encore hein, mais l’inspiration ne m'est pas encore arrivée. Sinon,
je ne sais pas, je me dis même que je vais laisser l’album sans titre. Mais finalement,
je l’ai baptisé ‘’La Vie est Belle’’.
Alors ça fait déjà combien d’albums dans
votre carrière solo ?
On
ne peut pas compter parce que de notre temps, un album c’était un 45 tour de 2
chansons, de 4 chansons ; c’était ça un album. Mais aujourd’hui, il en
faut 10, 15 voire 16 pour faire un album. Donc voyez-vous les contextes sont
différents.
A quoi le public béninois, le public
africain et du monde doivent-ils s’attendre de cet album, puisque vous êtes
connu à travers le monde ?
Bon
quelques histoires vécues que j'ai essayé de caricaturer et dont trois me
tiennent à cœur et que je vais leur expliquer avant de leur
chanter ça. Il y a le thème que j'ai développé sur une chanson que j'ai appelé
‘’Foolish’’. Foolish, c'est un vaut rien et personne ne veut être un vaut rien
dans la société. Mais il y a alors un fléau qui gangrène notre société depuis
des lustres que nous voyons tous passer sans y réfléchir. Ce fléau, c'est
lequel ? C'est de voir des enfants, des jeunes sans métiers, sans aucune
formation engrosser des filles et devenir père. C'est très compliqué. Si avant un
certain âge vous n'avez pas le minimum et que vous commencez par faire des
enfants, il vous sera difficile d'avoir ce minimum, sauf si vous avez des tours
de magie.
Ce
que je dis c'est profond, car former une famille ça se prépare ; ça ne
s’improvise pas. On ne se lève pas pour dire je vais avoir un enfant. Et quand
je parle d'un fléau depuis des lustres, ça se passe et les familles disent «Vitchéwè»,
c'est mon enfant, «Édji ô nan hin», s'il enfante, je m’occupe du bébé. Mais ce
qui entoure la venue de cet enfant est-ce que tu sais ? Ton fils qui a
créé ça, il n'a rien. Il faut qu’il apprenne à faire quelque chose. A partir de
ce moment, s'il sort pour aller chercher de l’argent, il ne cherchera plus de
l’argent pour lui seul, mais pour lui, pour sa femme et pour son enfant. Quand
est-ce qu’il aura le temps d’économiser pour réaliser ? J'ai chanté une
chanson sur ce thème là et si ça peut apporter un plus à notre jeunesse, moi je
crois que j’aurais contribué à quelques choses.
Il y
a que j'ai vécu quelque chose en tant que musicien-chanteur. Il est facile de trouver
des jeunes filles tombées amoureuses de nous. J'ai cherché pourquoi et j'ai
réalisé que ce n'est pas en fait de nous que les enfants tombent amoureuses,
elles tombent amoureuses de nos thèmes, de nos mélodies, de notre voix ;
ce n'est pas nous et il faut que nous fassions attention à ne pas tomber dans
ce piège, en croyant que c'est nous les stars, non. Ce sont nos œuvres que les
enfants aiment. Moi j'ai vécu un cas personnel, sinon deux, mais j'ai pris le
cas d'une seule que j'ai chanté. J'étais à la maison un jour et un monsieur est
venu me voir. Il a demandé à entrer et je l'ai fait entrer et là il me dit monsieur
j'ai problème avec vous. J'ai dit ah ! J'ai fait quelque chose ? Et
il me dit non, ma fille vous aime. Je dis votre fille m'aime, mais je ne
connais pas votre fille. Le monsieur me dit oui vous ne la connaissez pas, mais
je suis venu avec elle, elle est dans la voiture. Je vais la faire rentrer et
je vais partir, mais promettez-moi que vous n'allez pas la toucher parce
qu'elle n'a que 15 ans. Je dis mais comment je vais toucher une fille de 15
ans, je vous donne ma parole et j’ai tenu parole. Quand la fille a eu ses 18
ans, parce que je lui avais expliqué que lorsqu'on fait l'amour avant 18 ans on
est passible de peines de prison ; elle a fait comme je lui ai expliqué,
mais lorsqu’elle a eu ses 18 ans, elle est revenue à la rescousse, mais je n'ai
toujours pas cédé parce que j’ai donné une parole.
La
troisième histoire, c'est concernant une amie qui s'est levée un jour pour me
dire Vincent je vais à la messe, je dis mais tu n'as pas besoin de me le dire,
je sais que tu vas à la messe. Elle me dit, non mais je vais à la messe à
Ouèssè, j'ai dit à Ouèssè, quel Ouèssè ? le même me dit-elle et elle est
partie pour revenir tard la nuit. Deux semaines plus tard, elle dit qu'elle va
encore à la messe ailleurs, je dis mais ça devient une blague là. J'ai essayé
de chanter ça aussi. C'est donc ces histoires là que nous allons partager sur
cet opus.
En terme de musicalité, est-ce le même
rythme ou vous avez varié ?
Non,
non, j'ai fait de la Salsa et voilà aussi une histoire que j'ai vécu avec une
autre fille qui allée acheter des perles à Tokpa. Pour elle, les perles sont
intimes, ne peut voir ses perles que son mari ou sa famille. Mais elle a acheté
les perles et pendant qu'elle rentrait, elle s'est arrêtée pour manger quelques
choses et deux jeunes garçons sont allés ouvrir ses effets pour regarder ses
perles. Là elle s'est énervée, parce qu’elle a dit vous ne devez pas voir, vous
venez de me faire commettre l’adultère. Cette histoire vécue, je l'ai rendue à
travers la Salsa. J'ai fait plusieurs rythmes hein, j'ai fait un peu de tout.
Pourquoi avoir attendu si longtemps après
‘’Veux-tu’’ pour gratifier le public d'un autre chef-d’œuvre ?
Non,
vous êtes habitués à ce que font les jeunes. Un album, ça ne se sort pas tous
les ans. J'ai vu des gens sortir des singles tous les ans ou tous les six mois
on sort des singles. Bon moi, l'idée que j'ai du single, c’est qu’il vient
annoncer un album. Maintenant, ici on sort un single, on sort un second, un
troisième, non un album vit ; on laisse le temps à un album de vivre, de
respirer et c'est ce que j'ai fait à ‘’Veux-tu’’. L’album a fait 15 ans mais
vous prenez les chansons aujourd’hui, elles sont encore d’actualité. Je n'ai
pas besoin de faire tous les clips qui sont sur l’album, donc voilà un peu moi
ma façon de réfléchir.
Propos recueillis par Patrick Hervé YOBODE
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